LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Mouvance présidentielle : Le diktat du CDP, le recul de la démocratie

Publié le lundi 14 décembre 2009 à 02h45min

PARTAGER :                          

Simon Compaoré à la tête de la coordination de la mouvance présidentielle ; “Un non-événement”, ont soutenu de nombreux citoyens, notamment les internautes qui semblaient dire qu’on leur pompait l’air pour une information qui n’en valait pas la peine. Erreur. Fatale erreur car la désignation du courtmestre de Ouaga comme coordonnateur de la mouvance présidentielle est un indicateur de la nouvelle politique mise en place par le locataire de Kosyam ou par son entourage.

Le choix porté sur Simon Compaoré, ou sur tout autre bonze du parti, n’est pas fortuit. C’est plutôt le signe que pour le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), plus rien ne sera comme avant. Il ne sera plus possible de clamer son soutien au Ziniarus Zorro tout en indexant le parti majoritaire comme la formation politique qui empêche de démocratiser en rond.

Pendant les campagnes électorales, en effet, les mouvanciers livraient une bataille féroce au parti au pouvoir qui était le plus souvent la principale cible de leur attaque. Dans leurs propos, certains d’entre eux se montraient plus acerbes que l’opposition. Le parti du Rocco ayant suffisamment souffert le martyre est arrivé à la conclusion qu’il court à sa perte s’il laisse ses alliés lui lancer toutes ces piques. Estimant que trop c’en était vraiment trop, il a décidé de remettre ou tenter de remettre de l’ordre dans la maison. Que ce soit par l’intermédiaire de Simon ou de Roczilla lui-même, le message reste le même : qui aime Blaise doit aimer le CDP ou, du moins, ne doit pas le détester. C’est donc ce nouveau concept que le coordonnateur des partis de la mouvance présidentielle doit développer.

Il s’agit clairement de mettre la majorité présidentielle au pas. C’est en outre un avertissement sans frais pour tous ceux qui croient trouver un refuge dans la majorité présidentielle pour y boire du petit lait sans être comptables des erreurs du pouvoir. Les strapontins gouvernementaux seront distribués aux mouvanciers, en fonction de la soumission de leurs leaders au bon vouloir du CDP.

On peut comprendre aisément que la désignation de Simon Compaoré comme coordonnateur signifie qu’il y a des têtes qu’on ne verra jamais au sein de la majorité présidentielle. Ainsi, quel que soit le degré d’amour ou de passion que nourrirait un René Emile Kaboré pour le président Blaise Compaoré, il pourrait difficilement adhérer à une mouvance présidentielle dont la coordination est assurée par le maire de Ouagadougou avec lequel les relations sont plus que difficiles.

En un mot comme en mille, le CDP ne veut plus que la mouvance présidentielle serve de rampe de lancement de critiques contre son action auprès du chef de l’Etat. Est-ce parce que le parti au pouvoir doute de sa force de mobilisation ? Peu importe la réponse qu’on peut apporter à cette question. Car bien plus que des querelles internes, ce nouveau diktat du CDP suscite des interrogations sur la vivacité de notre démocratie car le tuk-guili semble de nouveau être de retour. Le CDP ne supporte plus la moindre contradiction et est en train de refuser toute critique d’où qu’elle vienne.

Cependant, cette mainmise du CDP sur l’Alliance de la majorité présidentielle est l’impérialisme de trop car, si le parti majoritaire en arrive à se confondre avec la mouvance, c’est que c’est un retour à la pensée unique autour du locataire de Kosyam. Et si effectivement le parti au pouvoir et la mouvance présidentielle sont devenus même pipe, même tabac, il est préférable que toutes ces formations s’autodissolvent dans le CDP pour que le compte soit soldé. Pour de bon. Naturellement, tout en tuant le peu de souffle qu’il reste à notre démocratie.

Adam Igor

Journal du Jeudi

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2009 à 12:05, par Sebastien Ouedraogo En réponse à : Mouvance présidentielle : Le diktat du CDP, le recul de la démocratie

    Analyse nulle.
    C’est juste une clarification de gens d’un même bord. Encore qu’aucun parti ne se crée pour vivre à l’ombre d’un autre. Rien n’oblige donc ces dits "partis" à accepter le "diktat" du CDP. Qu’ils se battent. Même à armes inégales. On finit toujours par triompher si on est dans le camp de la vérité et la justice.

    Et rien dans ces accords n’empêche l’opposition de faire son travail. Même si elle aussi semble pour l’instant inscrite aux abonnées absents. Elle pourrait elle aussi s’associer à sa "mouvance".

    Pourquoi faut-il toujours se lamenter dans ce pays et attendre des autres qu’ils fassent à notre place ce pourquoi nous prétendons nous battre ? De quelle démocratie parle t-on si on attend toujours que l’autre fasse le travail le plus difficile pour partager ensuite le bénéfice avec tous les autres ? C’est caractéristique de la mentalité que nous appelons pompeusement "solidarité africaine" et qui nous enterre dans la médiocrité : les plus actifs sont toujours ralentis par des fainéants qui s’accrochent à leurs basques, freinent leur élan et les font sombrer comme eux-mêmes.
    Cher journaliste, il y a une porte de sortie pour les "partis de la mouvance" qui veulent être autre chose des sous-sections du CDP...
    PS. Je n’appartiens à aucun parti. Je suis tout simplement BURKINABE !

  • Le 14 décembre 2009 à 16:02 En réponse à : Mouvance présidentielle : Le diktat du CDP, le recul de la démocratie

    Il est vraiment rare, si ce n’est en Afrique de voire des partis politiques soutenir la candidature et donc du projet de société (même il n’existe pas pour le cas burkinabè) d’un homme et prétendre ne pas soutenir le parti qui l’a mandaté. Certains leaders de ces partis mouvanciers prétendre même ne pas avoir un candidat capable de briguer la magistrature supprême et c’est ce pourquoi, ils doivent soutenir la candidature de Blaise. Il est vraiment honteux d’entendre de telles médiocrités, quand on n’est incapable, on ne crée pas de parti, ces partis incapables de sécreter des candidats n’ont donc pas leur raison d’être s’ils n’ont aucune idées, aucun projet, donc ne peuvent participer au débat politique.
    De telles idées justifient les hypothèses que ces partis politiques fantômes, ne sont pas pour la constructions du pays mais plutôt des laîche-bottes qui veulent tout simplement profiter du pays. Dans ce sens, je pense que le CDP aura raison de leur tenir des conditions d’être de la mouvance (donc on soutient le candidature du CDP, Blaise n’étant qu’un élément de ce parti) ou on n’est tout simplement de l’opposition ou alors le parti disparaît.
    On ne peut pas laisser des incapables pomper inutilement le budget de l’Etat. PS, je ne suis pas un politique, mais je suis farouchement opposé à ce système mouvancier. C’est ce système qui parasite notre jeune démocratie, ce sont ces mouvanciers qui sont utilisés pour les salles besognes du pouvoir. Ils ne sont que de véritables s’approfites qui n’ont aucune dignité. Ils sont du genre Tapsoba, le président de la CENI, des situationistes qui ne veulent que leurs intérêts.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance