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Vote des Burkinabè de l’extérieur : Et si le problème de budget n’était qu’un alibi ?!

Publié le lundi 14 décembre 2009 à 02h46min

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Estimé à près de 20 milliards de francs CFA, le projet de budget de l’élection présidentielle de novembre 2010 donne du tournis au gouvernement. Ne sachant apparemment pas à quel saint se vouer pour trouver ce pactole, le pasteur Testicus Zorro a voulu tirer la sonnette d’alarme avant que la machine électorale ne s’engouffre dans une impasse.

Son argument massue, le voici : « Le budget prévisionnel soumis par la CENI - Commission électorale nationale indépendante - au gouvernement pour l’organisation de l’élection présidentielle de 2010 s’élevait au départ à environ 20 milliards de francs CFA, ce qui représente une augmentation de près de 300% par rapport au budget du scrutin présidentiel de 2005 qui était de l’ordre de 7 milliards de franc CFA. A l’évidence, un tel budget n’était pas supportable par le budget de l’Etat gestion 2010, surtout au regard des effets induits des crises énergétique, financière et alimentaire, ainsi que des conséquences de la catastrophe naturelle subie par le pays en septembre 2009 ».

Que vise le Premier ministre en distillant une telle analyse devant le parterre de représentants des partis et formations politiques qu’il a rencontré, le 2 décembre dernier à Ouagadougou ?
Selon lui, « la mise en œuvre du vote des Burkinabè de l’étranger suivant les dispositions actuelles du Code électoral entraînera nécessairement une augmentation considérable du budget de l’organisation des prochains scrutins présidentiels ». Soit. Mais lorsqu’on jette un coup d’œil dans le projet de budget que propose la Ceni à cet effet, la portion réservée à cette rubrique ne représente qu’environ 1 milliard 200 millions de francs CFA, soit seulement 9,4% du budget global (voir tableau n° 2). Comme on peut le voir, ce n’est pas la prise en compte de nos compatriotes qui grève le budget électoral. En tout cas, ce n’est pas ça qui a salé la note de 7 à 20 milliards.

On veut bien comprendre qu’il y a eu de l’amateurisme et de la précipitation lors de la modification du Code électoral qui consacre le vote des Burkinabè de l’étranger. Le législateur n’a pas tenu compte des conditions pratiques de déroulement des scrutins dans les ambassades et les consulats ainsi que du nombre d’électeurs requis par bureau de vote. Il y a eu du mauvais boulot quelque part.
Et cela risque d’entacher la bonne mise en œuvre de l’adoption du vote des Burkinabè de l’extérieur, pourtant saluée comme « une avancée démocratique » certaine. Cela risque de capoter plus pour des raisons pratiques que budgétaires. Du moins, si l’on s’en tient aux poids des principales rubriques du budget proposé par la Ceni. La question budgétaire ne serait qu’un alibi. Ce qui pose problème au plan financier est à rechercher plutôt au niveau du « Recensement électoral et de l’informatisation des inscriptions ».

En effet, en adoptant la Carte nationale d’identité burkinabè (Cnib) comme seul document d’identification de l’électeur, le gouvernement s’engage du coup dans un nouveau cycle d’enrôlement des votants. Et cette opération ne manque pas de corser l’addition aussi bien au niveau de l’établissement de cette nouvelle pièce que de nouvelles cartes d’électeurs. La Ceni prévoit 8 milliards 500 millions pour la conduite de cette nouvelle identification qui devrait assurer une plus grande fiabilité du fichier électoral. C’est bien le coût de cette opération qui donne plutôt le vertige au pasteur Testicus Zorro. Il avait le choix entre la traditionnelle révision du fichier électoral qui coûte nettement moins. Faut-il croire qu’il s’est mis le doigt dans l’œil en optant pour l’élimination de « la multiplicité des pièces jadis utilisées, à savoir le jugement supplétif d’acte de naissance, la carte de famille, le livret de famille, le livret de pension civile ou militaire pour identifier l’électeur » ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’équation risque d’être difficile à résoudre. Car, le tout n’est pas d’accélérer l’opération des cartes nationales d’identité burkinabè. Encore faut-il que l’Office national d’identification (ONI) soit réellement en mesure de produire 15 000 cartes à Ouagadougou et 10 000 à Bobo-Dioulasso comme cela a été recommandé par le Premier ministre. Mieux, que l’ensemble des cartes produites soient effectivement remises aux demandeurs et que ceux-ci se présentent ensuite devant les agents recenseurs de la Ceni pour se faire enrôler et obtenir une nouvelle carte d’électeur.

Quand on sait que le recensement des électeurs ne durera que 21 jours, conformément à la loi, et que le nombre de personnes à recenser va augmenter du fait de la délivrance massive d’actes de naissance et de CNIB, on se demande bien si ce délai peut être réellement respecté. Auquel cas, il va falloir mettre les bouchées doubles, en augmentant par exemple le nombre d’agents recenseurs et donc le budget du recensement.
Les choses ne sont donc pas aussi simples qu’on peut l’imaginer. La marche vers un fichier électoral nickel nécessitera bien des sacrifices, pour ne pas dire des gymnastiques. « Il faut pouvoir allier fiabilité, rapidité, pérennité, maîtrise de la technologie et bien évidemment la faisabilité », comme l’a signifié le Premier ministre aux représentants des partis et formations politiques. Les différents protagonistes des prochaines élections ont-ils réellement les moyens de leur politique ?

Rien n’est moins sûr. En évoquant la contrainte financière, le gouvernement veut jouer la carte du réalisme. Mais les causes du triplement du budget électoral ne sauraient être recherchées uniquement dans le fait de l’association des Burkinabè de l’extérieur au processus électoral. A moins que cet alibi ne serve à justifier un report du scrutin électoral ou son couplage avec les municipales et/ou les législatives. Ce qui n’est pas techniquement et politiquement impossible. Mais attention au tour de passe-passe constitutionnel. Le diable est toujours dans la maison !
F. Quophy

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2009 à 16:26, par Mr Patriot En réponse à : Vote des Burkinabè de l’extérieur : Et si le problème de budget n’était qu’un alibi ?!

    Bonjour.
    Moi vrement je panse chaque citoyen a droit de vote et ca je le soutien cent pour cent.
    mais je panse que a leur actiel le Burkina n’a pas le niveau de le democratie pour fair cela.
    Au lieu de prendre ces milliards pour organise a des elictions que les citoyens ne connaisent meme pas la valeur, moi je panse que vaut meix d’investir dans l’education sante et dans les terins pour donne chaque burkinabe ca propre cour a lui meme. Et Si Blaise veux mourire au pouvoir il na ka mourire au pouvoir moi je demande seulemnt que il travail pour se pauvre peuple.
    moi je panse inteligence du President Compare n’est pas arive au niveau de prtique la democratie come il faut.
    Donc c’est n’est pas la pain de finance a des ellections que tout le mond savaent le viceur. Moi je panse que Mr compare doit travailer pr c peuple mentenent car si cest pouvoir que il veux, il a eu le pouvoir .
    Merci
    Issouf S

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