LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Editorial des Editions Sidwaya : « Bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président !

Publié le lundi 14 décembre 2009 à 02h46min

PARTAGER :                          

Ibrahiman SAKANDE, DG des Editions Sidwaya

Un appel solennel adressé à tout Burkinabè, où qu’il se trouve, afin qu’il garde fermement à l’esprit, que « la célébration du 11-Décembre constitue pour chacun de nous, un lieu de mémoire et l’expression de notre attachement aux valeurs fondatrices de la République. » C’est ainsi que s’ouvre le message du président du Faso à la nation.

Le 11-Décembre, en effet, ne devrait en principe pas être vécu comme une routine : un défilé, quelques décorations, une fête plus ou moins effacée, coincée entre la grande célébration de la Tabaski et les jours somptueux de Noël et du 1er janvier.

L’initiative qui a sauvé notre fête nationale d’une telle routine, est l’idée d’un « 11 -Décembre tournant. » Mais, mieux que cela, ce « lieu de mémoire » exige de chaque Burkinabè qu’il s’attache à son devoir de mémoire. Tous nos compatriotes ayant moins de 49 ans, et ils sont la majorité de notre population, sont nés après l’orage. Car la colonisation, ce fut un orage.

Il faut de temps en temps, se le rappeler pour que notre indépendance, retournée à sa source, revête toute son importance. De 1900 à 1960 environ, des ancêtres, des grands pères, des pères et des aînés ont souffert la croix et la bannière. Le Burkina profond est encore habité par des hommes et des femmes qui ont parcouru des kilomètres en portant d’énormes fagots de bois, des sacs de 100 kg de piment ou de beurre de karité, des animaux sauvages vivants ou des canaris d’eau chaude sur la tête. Et c’était pour les commodités et les plaisirs.

Plus que ces épreuves régionales, la mémoire des Africains que nous sommes, devrait retenir qu’en moins de 5 siècles, nous avons été pourchassés comme des rats-voleurs sur notre terre : une première fois, pour donner des esclaves au Nord, une deuxième fois, pour en céder à ceux venus de l’Ouest, une troisième fois, pour en faire de la chair à canon lors de la 1re guerre mondiale, une quatrième fois pour fournir des tirailleurs aux belligérants de la seconde guerre mondiale et une cinquième fois, pour alimenter les chantiers des travaux forcés.

Ce regard que nous portons sur notre passé d’épouvantes et celui avec lequel nous admirons ou fustigeons la mondialisation devraient être les mêmes. Quel arbre se mesurerait-il aux quatre vents du monde s’il n’avait poussé des racines qui s’enfoncent jusque vers le centre de la terre ? Le 11-Décembre, c’est aussi, nous rappelle Blaise Compaoré, le présent. Le dur et exaltant présent. « Je salue, dit le Président, le courage et l’abnégation dont ont fait preuve les différentes composantes de notre société et rends hommage à l’élan international de solidarité exprimé par les partenaires et amis du Burkina Faso, à l’endroit des sinistrés. »

Délivrés des affres d’un passé que nous ne devons jamais oublier, les Burkinabè se sont illustrés sur maints chantiers loin de leur patrie au point que dans l’international, certains nous surnomment : « Foro bânna » (…signifiant en bambara : « le champ est fini ») ; mais, ces champs que nous finissons si vite et si bien, ce sont, souvent, les champs d’autrui. Nous ne ramenons parfois chez nous que des épis de mil sans mil, ou des régimes de bananesss sans banane.

Malgré l’ingratitude de nos sols, les changements climatiques, la démographie galopante, les ravages de la pandémie du Sida et autres maladies, les difficultés que vit notre système éducatif, la délinquance juvénile, le chômage qui frappe notre jeunesse, les crises internationales de toutes sortes, nous devrions nous attacher à ces vertus nationales de « courage », « d’abnégation » et de « solidarité » indiquées par le président du Faso : elles forment nos seules vraies rampes de salut national.

Le sinistre du 1er septembre est venu confirmer que rien, en effet, ne vaut, pour un peuple, sa solidarité appuyée par ses amis, le courage et l’abnégation. Quand on compte, de façon très serrée, on trouve que ceux qui ont porté sur eux le développement de l’Europe ne sont pas des milliers, ils sont tout au plus quelques centaines. Mais, considérons un de ces héros du développement européen, Sir Isaac Newton par exemple.

Cet homme n’a pas gagné grand-chose pour lui-même. Il a surtout tourné toute la vie autour de ses télescopes pour l’Europe et l’humanité. Notre « instinct » n’est pas toujours semblable à celui de Newton. Quand nous cultivons un champ, composons une chanson, faisons une course pour quelqu’un, remplissons une fonction internationale, remportons une élection présidentielle, législative ou communale, souvent, c’est d’abord, ensuite et enfin pour nous-mêmes.

La dimension « abnégation » s’estompe à l’endroit où celle de l’appropriation grandit.Pour l’avenir, c’est la troisième partition du discours du chef de l’Etat, vigilance et endurance devront être de mise, car, « la construction de la démocratie et de l’Etat de droit est une œuvre de longue haleine qui exige de nous, un esprit d’ouverture et le respect de l’autre ».

On n’oubliera pas que « nos maîtres en droits de l’homme et démocratie », après des siècles d’exercice, n’ont pas fini avec les guerres tribales qu’ils appellent d’un autre nom pour se les rendre acceptables. En ces domaines névralgiques, ce que le Burkina a réalisé en 60 ans est digne d’éloges. Et même si personne ne nous jetait des fleurs pour cela, nous devrions savoir en être modestement fiers.

Dans l’immédiat et en attendant le 50e anniversaire de l’indépendance, le Président semble inviter ses concitoyens à des concertations spéciales en vue de renforcer le socle et la pratique de notre démocratie. Nul doute que, dans les semaines à venir, la classe politique prêtera une oreille très attentive à ces mots : « J’invite l’ensemble des citoyens à approfondir les réflexions sur les réformes politiques indispensables à l’enracinement, dans notre société, des valeurs de démocratie et de citoyenneté responsable. » S’agira-t-il de revisiter ensemble les institutions de l’Etat ?

Ou bien en créer de nouvelles ? Et si c’était une manière de prendre en considération les idées des refondateurs ? Sans doute, et au regard de la realpolitik burkinabè, pour en tous les cas, travailler à une meilleure participation de tous les burkinabè, d’en bas comme d’en haut, à une active participation à la vie de la cité, au processus démocratique, dans la stabilité et le consensus bien compris (…). Une forme de décentralisation du processus de démocratisation, pour le mettre de manière interactive, au service de tous, de manière philosophiquement adulte : la stabilité républicaine…

En attendant, « bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président du Faso. Car nous avons tendance souvent à attendre plus de vous que nous-mêmes à donner.

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 14 décembre 2009 à 08:37, par sniper de chicado En réponse à : Editorial des Editions Sidwaya : « Bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président !

    ce journaliste ne me m’inspire pas vraiment confiance.

  • Le 14 décembre 2009 à 09:17, par hola En réponse à : Editorial des Editions Sidwaya : « Bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président !

    Bonne maîtrise de la langue et des techniques rédactionennelles. Dommage que l’éditorialiste devienne de plus en plus un "Yes man". Vous n’avez pas à haliéner votre professionnalisme à cause de votre nommination au strapontin de DG. Ressaisissez-vous car les postes sont ephemères.

  • Le 14 décembre 2009 à 09:34, par albert En réponse à : Editorial des Editions Sidwaya : « Bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président !

    Ou est notre fierté, ou est notre honneur ?
    Tous les ans on nous pale de la fête de l’indépendance.
    De quelle indépendance parlez vous ?

    La France (ex colonisateur) nous donne a manger, finance tous nos projet de développement (construction des routes, des écoles, des hopitaux etc.)

    Sur le plan politique, nous copions 100% des institutions françaises (Sénat, cours des comptes, commission informatique et liberté etc.)

    Notre monnaie, le Franc CFA est imprimé par l’ancien colonisateur a Clermont Ferrand. Nous ne gérons même pas notre monnaie.

    Connaissez vous quelqu’un qui se dit indépendant et qui dépende autant de son ancien maître ?

    L’hypocrisie doit cesser, et nos pays se développeront uniquement lorsque nous rechercherons une véritable indépendance.

  • Le 14 décembre 2009 à 09:59 En réponse à : Editorial des Editions Sidwaya : « Bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président !

    bel édito me serais je écrié si cette page n’avait pas cette forte coloration dithyrampique à l’egard du chef de l’Etat !
    Sakande a t-il véritablement besoin de cela ? par la négative voudrais je tenter une réponse ! mais bon laissons le tracer la voie qui mène à ses ambitions !
    vas sy mon frère et courage ! et surtout ne confond pas la plume à la manche de la cuillière à soupe.

  • Le 14 décembre 2009 à 11:52 En réponse à : Editorial des Editions Sidwaya : « Bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président !

    Ne pouvez vous pas trouver une autre photo du DG pour eviter la monotonie (si vous tenez à le presenter) ? Pourquoi ne pas presenter les autres responsables de presse ?

  • Le 14 décembre 2009 à 17:07 En réponse à : Editorial des Editions Sidwaya : « Bonne fête » à vous aussi, Monsieur le Président !

    En toute sincérité cette photo m’irrite beaucoup. Dès que je vous la photo ça m’énerve... Il n’y pas une semaine j’ai su que c’est le DG de SIDWAYA. Pourquoi ne présentez vous pas les autres éditorialistes ? Et comme l’a dis quelqu’un il faut changer de photo à chaque fois.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Le Dioula : Langue et ethnie ?
Sénégal / Diomaye Faye président ! : La nouvelle espérance
Burkina : De la maîtrise des dépenses énergétiques des Etats
Burkina Faso : Combien y a-t-il de langues ?