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BEN IDRISS ZOUNGRANA (Journaliste-reporter-photographe) : "Nous devons aller à l’école des archives"

Publié le lundi 14 décembre 2009 à 02h46min

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Ben Idriss Zoungrana

Pendant la 3e édition du tournoi de football de l’UEMOA qui a eu lieu du 22 au 29 novembre 2009 à Cotonou, le journaliste-reporter-photographe burkinabè, Ben Idriss Zoungrana a organisé une exposition photos. Celle-ci s’est déroulée dans le hall de la tribune officielle du stade de l’Amitié de Cotonou avec environ 1500 images des 1re et 2e éditions du tournoi respectivement au Burkina et au Mali. En marge de la compétition, nous avons échangé avec Ben Idriss Zoungrana qu’on appelle affectueusement "Doyen" ou "Kolo Kolo" dans le milieu de la presse.

"Le Pays" : Quel est l’esprit qui vous a guidé à initier une exposition- photos à la 3e édition du tournoi de football de l’UEMOA ?

Ben Idriss Zoungrana : Les hommes de médias que nous sommes avons toujours dit qu’il faut que l’Afrique de façon générale aille à l’école des archives, c’est-à-dire constituer la mémoire. C’est dans cet esprit que j’ai approché la commission de l’UEMOA, particulièrement son président Soumaïla Cissé qui est réceptif à ce genre de projet. Il m’a ainsi encouragé pour que cette exposition ait lieu. J’avais souhaité la réaliser en 2008 lors de la 2e édition du tournoi à Bamako mais il n’y avait que l’édition de Ouagadougou. Le président de la commission a demandé à ce qu’on y réfléchisse pour la faire en cette année 2009 pour la 3e édition à Cotonou avec les images des 1re et 2e éditions. Je saisis cette opportunité pour remercier le président de la commission de l’UEMOA qui a compris qu’il faut laisser des traces partout où vous passez. Ainsi, dans 20 ans, voire 30 ans et plus, lorsque le président de la commission ne sera plus là de même que nous, les générations futures pourront trouver des archives. J’ai exposé près de 1500 photos des 2 éditions et ce n’était pas tout. Le ministre ivoirien des Sports qui m’a félicité, a alors suggéré que chaque ministre des pays membres puisse s’approprier l’exposition.

Qu’est-ce qu’on a pu trouver dans cette exposition et est-ce qu’elle va être institutionnalisée ?

Cette exposition est partie pour être institutionnalisée. En effet, lors de l’inauguration du vernissage, le président de la commission de l’UEMOA a fait savoir qu’au fur et à mesure que nous avançons, cette exposition sera institutionnalisée et à la 4e édition, je vais exposer les étapes du Burkina, du Mali et du Bénin. A ce vernissage de la 3e édition, les visiteurs ont eu droit à toutes les images de l’ouverture à la clôture des 2 éditions. Il faut aussi relever qu’il y avait les images des réunions préparatoires des experts et des ministres des Sports qui ont eu lieu avant la 1re édition. C’était pour inscrire la mémoire du tournoi et c’est de l’histoire. Et dans ce sens, j’ai de nombreuses photos qui font partie de l’histoire puisque c’est depuis le 13 juin 1973 que j’ai commencé à travailler comme journaliste- reporter-photographe et je n’ai jamais cessé de faire des photos. Il y a des photos dont vous ne soupçonnez pas l’existence qui sont là comme ces lieux qui se transforment.

Au-delà de l’exposition, qu’est-ce qu’on peut retenir d’un tel tournoi de l’UEMOA ?

Quand 2 personnes s’asseyent pour discuter, il y a échanges a fortiori 8 pays. Pouvoir réunir la jeunesse de 8 nations dans une compétition, c’est exceptionnel et cela permet, au-delà du résultat, de former à travers les contacts une seule jeunesse. Nous avons assisté à de beaux gestes de camaraderie, de fair-play entre joueurs, encadreurs, dirigeants et c’est dans ce genre de compétition qu’on cultive l’esprit de solidarité et d’intégration.

Pensez-vous que l’organisation et le niveau du jeu d’ensemble ont été à la hauteur ?

Nous avons constaté beaucoup de difficultés dans l’organisation. J’ai eu l’opportunité de participer à des missions préparatoires au Bénin et on a relevé par exemple un problème de communication entre le comité d’organisation et celui qui était sur place à Cotonou. Certaines personnes n’ont pas compris l’institution d’une telle compétition et pensent qu’un budget colossal a été voté pour être distribué. Il est vrai qu’on ne peut pas organiser un tel tournoi sans argent mais l’objectif premier est de permettre à la jeunesse des pays membres de se côtoyer, d’échanger, de se comprendre et de parler de la vie de l’UEMOA.

Comment jugez-vous la participation de l’équipe du Burkina ?

Je disais que le résultat importe peu mais quand on participe à une compétition, c’est pour gagner. Nous n’avons pas gagné sans être ridicule avec une équipe composée en majorité de cadets de la coupe du monde au Nigeria et j’ai même entendu l’entraîneur dire qu’il a eu une semaine de préparation. Le football est un phénomène social où les résultats comptent beaucoup et même si l’équipe n’a pas été ridicule, ce n’est pas celle qu’il fallait présenter avec l’excuse que le championnat a pris fin il y a quelques mois. J’aimerais dire à nos responsables sportifs de prendre la compétition au sérieux parce qu’ils savaient au moins la période à laquelle elle devait se dérouler. Le fait d’amener ces gamins donne l’impression que ce sont des gens qui ne savent pas ce qu’ils veulent ou qui négligent les choses. C’est quand même l’image du pays qui est vendue à l’extérieur. Le public a eu un peu de sympathie pour l’équipe parce que ce sont des enfants mais en fin de compte, nous avons fait 3 matchs pour autant de défaites. Cela ne fait pas sérieux parce que ça ne donne pas la vraie image de notre football et c’est dommage.


Qu’est-ce que vous aimeriez que vos jeunes frères retiennent de vous ?

Il est difficile de parler de soi mais j’aimerais qu’on retienne de moi, une personne qui aime ce qu’elle fait, et qui a une grande passion pour son métier. Dans notre métier, il n’y a pas de satisfaction sur le plan pécuniaire parce que nous sommes les plus pauvres. Mais quand on nous voit côtoyer certaines personnes, on pense que nous sommes à un certain niveau. J’ai personnellement mis l’accent sur les relations humaines et je me bats pour que les générations futures viennent à l’image, à la photo, au journalisme. Si vous voulez faire de la fortune, il faut aller dans d’autres secteurs d’activités dont le commerce parce que ce n’est pas dans notre métier qu’il y a de l’argent mais c’est un choix que nous faisons.

Peut-être que l’exemple n’est pas le bon mais quand j’ai commencé à travailler, nous faisions des reportages à pied ou avec nos propres engins et personne ne peut dire qu’elle m’a aperçu dans son bureau en train de gratter la tête pour qu’on fasse ceci ou cela pour moi. Mais quand je le fais, ce sont mes relations personnelles et non professionnelles et il faut faire la différence entre les deux. Il faut tout de même donner le minimum aux journalistes pour éviter qu’ils soient l’objet de chantages et bien d’autres choses. Dans mon métier, j’ai été suffisamment accompagné par Edouard Ouédraogo, directeur de publication de l’Observateur Paalga qui est un second père.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

Le Pays

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