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Allégement de la dette ivoirienne : Coup de pouce électoral pour Gbagbo

Publié le lundi 14 décembre 2009 à 02h45min

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La France a annulé, ce mercredi, 250 milliards de F CFA de la dette ivoirienne envers elle, et en a rééchelonné largement le payement de ce qu’il en reste, cela, comme prime à la bonne gestion, Abidjan ayant passé haut la main en mars l’examen d’éligibilité à l’initiative du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale en faveur des Pays pauvres très endettés. “C’est un jour très agréable pour la Côte d’Ivoire”, a déclaré Charles Diby Koffi, ministre ivoirien de l’Economie et des Finances.

Surtout pour le présidentiable sortant, Laurent Koudou Gbagbo, oui. Car si les crises économiques et les soubresauts sont souvent imputés et donc préjudiciables aux gouvernants, politico-électoralement notamment, les bonnes nouvelles, pour ne pas dire les événements heureux, leur sont favorables, particulièrement quand ils surviennent à un jet de pierre d’un scrutin.

La France aurait donc voulu booster ainsi la réélection du “Boulanger” qu’elle n’aurait pas trouvé meilleur moment pour faire ce cadeau à la Côte d’Ivoire, dont le ministre de l’Economie et des Finances a assuré de la détermination “à affecter prioritairement les ressources issues de ces allégements de la dette au financement des dépenses propauvres et des projets d’infrastructures de base...”. Lors de la cérémonie y relative, l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, S.E.M. Jean-Marc Simon, s’est réjoui, pour sa part, de la qualité des relations entre les deux pays.

A défaut d’avoir pu rompre avec la Françafrique, Sarkozy aura au moins réussi à tourner la page, tumultueuse, des rapports franco-ivoiriens, franco-rwandais sous Chirac, après avoir éteint son propre incendie franco-gabonais sous Bongo père. Pour insister sur le retour de la lune de miel entre Paris et Abidjan, Jean-Marc Simon a d’ailleurs promis que la dette dont le remboursement a été différé, 990 milliards de CFA s’il vous plaît, “ferait l’objet d’une annulation très importante au moment où la Côte d’Ivoire aura atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE...”

C’est dire que le pays de Gbagbo, s’il veut obtenir davantage, doit appliquer, sans dérapage, son programme de réformes économiques et sociales, un exercice momentanément difficile pour lui, période même préélectorale, plutôt propice aux revendications syndicales, oblige.

Les Etats-Unis, il y a deux mois et demi de cela, n’avaient-ils pas déjà annulé, au profit de la Côte d’Ivoire, des créances d’un montant de 98 milliards, libellés en quelle monnaie ?

Ajoutons à toutes ces bonnes nouvelles pour la Côte d’Ivoire, le Burkina et toute la sous-région que le Fonds européen de développement (FED) a signé, le lundi 7 décembre avec l’ex-Basse-Côte d’Ivoire, une convention de financement de 12, 87 millions d’euros, qui lui ont permis d’apurer définitivement ce qu’elle devait à la Banque européenne d’investissement (BEI). Vous l’aurez compris, les bailleurs de fonds et les partenaires au développement de la Côte d’Ivoire misent déjà sur la sortie de notre yaka (1) de la crise et sur son développement de plus belle.

Dommage pour le développement du Niger, voire de la sous-région, qu’alors que la Côte d’Ivoire reçoit des lauriers des bailleurs de fonds et des partenaires au développement pour bonne gestion, ce pays-là, par la faute de ses dirigeants, ne s’en attire, lui, que les foudres pour mauvaise gouvernance .

Ahl-Assane Rouamba

- Notes : 1 - Voisin se dit yaka en mooré, langue des Mossis du Burkina

L’Observateur Paalga

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