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Coté d’Ivoire : La route de la paix passera-t-elle par Ouaga ?

Publié le mardi 10 août 2004 à 07h03min

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Le Docteur Richard Kodjo a reçu à sa résidence des invités de
diverses nationalités, le 7 août dernier. Responsables
politiques et religieux burkinabè, chefs de représentations
diplomatiques, hommes d’affaires et bien d’autres
personnalités ont foulé le gazon de la résidence de
l’ambassadeur, non pour livrer un match de football, mais pour
fêter avec celui-ci et ses compatriotes, le 44e anniversaire de
l’accession à la souveraineté nationale de la Côte d’Ivoire.

Le
ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères Yousouf
Ouédraogo et le Médiateur du Faso, Jean-Baptiste Kafando ont
été témoins de l’événement.

La fête nationale de la Côte d’Ivoire. La raison était suffisante
pour que les nombreux Ivoiriens qui sont au Burkina Faso se
retrouvent pour commémorer dans la joie l’accession de leur
pays à l’indépendance.

L’occasion était également propice pour
que les Burkinabè qui sont unis aux Ivoiriens par des liens
séculaires d’amitié, de voisinage, d’histoire, communient avec
leurs "frères" dans un élan chaleureux. Seulement, c’est la
deuxième fois que la fête nationale se déroulait dans une
atmosphère qui était loin d’être aux réjouissance.
En effet, depuis le 19 septembre 2002, donc près de 2 ans
maintenant, la Côte d’Ivoire est secouée par une crise
militaro-socio-politique qui a mis à genou l’économie de ce
pays, entraînant dans la même logique le dépècement de
"l’éléphant d’Afrique" qui est en train de perdre trompe et
défenses.

Cette guerre qui divise la Côte d’Ivoire en deux parties
presqu’égales prendra-t-elle fin un jour ? Les négociations
infructueuses qui ont suivi le conflit ont fait dire aux pessimistes,
et peut-être les plus réalistes, que c’est la descente aux enfers
irréversible pour ce pays, jadis qualifié de "poumon
économique" de la sous-région.

Tout en dépeignant le tableau sombre que vit actuellement la
Côte d’Ivoire à travers "cette période douloureuse de notre
histoire", l’ambassadeur Richard Kodjo a placé la célébration
de ce 44e anniversaire de l’indépendance sous le quadruple
signe de l’espoir du retour à la paix en Côte d’Ivoire, de
réconciliation, de reconstruction et de développement.

L’espoir
que la Côte d’Ivoire puisse recoller géographiquement ses
morceaux, et l’espoir que ses enfants se retrouvent pour
boucher de leurs doigts réunis la jarre trouée n’est peut-être
plus un leurre. Même si les sommets à l’extérieur se sont suivis
et se sont ressemblés par leur effet de coup d’épée dans l’eau,
on peut demeurer "optimistes" avec Richard Kodjo qui croit
désormais au dialogue interne, au rôle des relations bilatérales
et à l’action des chefs d’Etat.

En effet, malgré son mutisme dans l’attente de se prononcer
"après les rumeurs", et son ton toujours aussi dur, le président
Laurent Gbagbo semble vouloir reprendre langue avec son
opposition.
Ce qui serait salutaire de sa part, car il est avant tout
président de tous les Ivoiriens et non "un opposant au pouvoir"
comme l’aurait dit le journaliste sénégalais Abdou Latif
Coulibaly. C’est aussi, comme l’a signifié Richard Kodjo, "la
volonté de chaque parti, et des Ivoiriens en général, d’aller vers
une paix durable, une paix définitive pour bâtir ensemble une
Côte d’Ivoire unie et solidaire".

Les relations de voisinage et de solidarité étant sacrées en
Afrique, il faut louer les efforts des autorités ivoiriennes,
maliennes et burkinabè de renouer le cordon cassé après les
accusations réciproques et les persécutions subies par les
ressortissants étrangers en Côte d’Ivoire, du fait de l’ivoirité.
Après Accra III qui a rechauffé la sauce de Linas-Marcoussis, les
grandes commissions mixtes entre les trois pays sus-cités se
sont tenues et des engagements de taille ont été pris par les
uns et les autres pour aller encore de l’avant.

Les tergiversations
du genre "c’est tel pays qui m’attaque ou me fait attaquer" ne
devraient plus en principe être d’actualité. Désormais, les
véritables racines des maux qui minent la Côte d’Ivoire sont
connues et se résument en un seul concept pernicieux et
suicidaire, l’ivoirité.
La pilule bien qu’amère doit pouvoir être avalée par les
belligérants, sous l’oeil vigilant de l’Organisation des Nations
Unies et l’action des chefs d’Etat.

Richard Kodjo : "ici, nous
voudrions seulement adresser une mention spéciale au
Président du Faso : Bamako, Paris, Accra, Bobo-Dioulasso, puis
Bamako et de nouveau Accra ; Monsieur le président du Faso,
vous étiez présent à tous ces sommets et à toutes ces
rencontres manifestant votre engagement aux côtés de votre
frère le Président de la Côte d’Ivoire, engagement prométhéen
marqué du sceau du courage, de la lucidité, de l’objectivité et de
la franchise, mais surtout d’une pondération exemplaire, car
comme vous ne cessez de l’enseigner, en la matière, tous les
extrêmes sont néfastes".

La route de la paix en Côte d’Ivoire, si
l’on s’en tient à ces propos passerait aussi par Ouaga, après
avoir fait un détour par Accra III "qui vient de s’achever, en fixant
un chronogramme précis pour les actes majeurs d’un retour à la
paix". Un aspect capital pour le retour à la paix en Côte d’Ivoire
se rattache à la tenue d’élections ouvertes à tous les candidats
ivoiriens. Toutes ces données prises en compte faciliteront
sans aucun doute les choses pour la paix en Côte d’Ivoire. Pour
l’ambassadeur, ceci "nous place dans la perspective de voir
notre pays bientôt réunifié, après le désarmement, pour que se
tiennent des élections justes et transparentes".

L’allocution de Richard Kodjo lors de cette soirée
d’indépendance, est probablement enveloppée de
l’incontournable halo de langage diplomatique mais il n’en
demeure pas moins qu’elle épouse le désir de ces nombreux
Burkinabè qui, en reprenant successivement les paroles du
Ditanyé et de l’Abidjanaise, ont prouvé que le Burkina Faso et la
Côte d’Ivoire gardent une communauté de vie assez forte.
"Mieux, la crise ivoirienne ne saurait constituer un empêchement
dirimant à l’union entre nos deux nations soeurs" a conclu
l’ambassadeur Richard Kodjo avant que l’ambiance ne tourne
tout de même à la fête, sur des airs de Meiway le génie de
Kpalèzon, et les chansons de bien d’autres artistes ivoiriens.

Par Morin YAMONGBE
Le Pays

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