Contraints les années antérieures à parcourir une longue distance pour la quête du savoir, les enfants de Bouli et ses environnants ont, depuis cette rentrée scolaire, une école à leurs portes. Un bâtiment de 3 salles de cours avec un bloc latrines de 3 postes et 3 logements de maîtres équipés chacun de latrines et d’une cuisine ; ainsi se compose le cadeau à eux fait par l’ONG E&D grâce au soutien financier du ministère des Affaires étrangères français et de l’Union européenne (UE).

A cela viendra s’ajouter bientôt un forage qui sera réalisé par le Service laïque de coopération au développement de la Belgique. Cela a coûté, au-delà des investissements estimés à environ 40 millions de francs CFA, d’énormes sacrifices physiques et moraux. La coordonnatrice de E&D, Pauline Marteil, et ses collègues ne diront le contraire, eux qui ont dû abandonner leur tout-terrain, pour emprunter une pirogue, à plusieurs reprises, pour le suivi du chantier de l’école à Bouli. Ce qui dénote de la pertinence de la réalisation d’un tel projet dans cette localité enclavée par la rivière qui la sépare du chef-lieu de la commune.

Bref, les habitants de Bouli peuvent maintenant pousser un ouf de soulagement, eux dont les enfants risquaient la vie en traversant pendant la saison des pluies la rivière pour la quête du savoir à Pensa. Samedi dernier, ils se sont massivement mobilisés pour fêter l’inauguration de leur joyau. Le Naaba Karfo, le président départemental de l’Association des parents d’élèves (APE), le maire de la commune de Pensa, Prosper Youma, le chef de la circonscription d’éducation de base (CEB), Simon Sawadogo et le secrétaire général du Centre-Nord, Joseph Bakouan, se sont succédé à la tribune ce jour pour louer ce geste salutaire à Bouli.

M. Sawadogo a égrené à l’assistance un chapelet d’activités de E&D au profit de sa CEB : formation des enseignants et de groupes d’enfants sur l’approche Enfant pour enfant, alphabétisation en langue locale puis formation des membres des bureaux APE et AME sur des activités génératrices de revenus en vue de leur octroyer des crédits, dotation des écoles de boîtes pharmaceutiques couplée d’actions autour de la santé, activités récréatives au sein des écoles...

Tout comme le SG du Centre-Nord, il a prêché pour la scolarisation de tous les enfants en âge d’aller à l’école et particulièrement les filles. Un vœu qui est déjà une réalité à Bouli, car sur un effectif de 95 élèves pour la première promotion, 48 sont filles. Pauline Marteil a exprimé la satisfaction de son ONG, E&D, de celle de l’Association partenaire de mise en œuvre, Enfants du Sahel - Burkina Faso (ES-BF), ainsi que des partenaires financiers, l’UE et le Ministère des Affaires étrangères et européennes français, de voir l’école de Bouli, fruit de leur collaboration.

Elle a appelé les responsables de l’éducation ainsi que les parents d’élèves à faire vivre l’école, à se l’approprier et à s’impliquer davantage dans les autres activités du projet qui comprend trois volets (éducation, santé et développement communautaire). La chargée de Programmes Economie et secteurs sociaux de l’UE, Lorraine Gallagher, en charge du suivi de ce projet, a abondé dans le même sens en encourageant les parents d’élèves à accompagner les efforts du gouvernement pour le succès du Plan décennal de développement de l’éducation de base.

La coopération dans le domaine du développement avec les ONG, a-t-elle dit, fait partie des engagements de l’UE en faveur de la lutte contre la pauvreté dont l’éducation pour tous d’ici 2015 en est un pilier fondamental. Les défis sont encore nombreux certes, mais de son point de vue, cette école représente un pas en avant dans l’objectif de la scolarisation universelle à l’horizon 2015.

Lorraine Gallagher a félicité E&D et l’ensemble de ses collaborateurs dont l’esprit de partenariat, tout au long du projet, a abouti à cette école de Bouli. Les infrastructures étant maintenant en place, elle a invité les bénéficiaires « à les valoriser et à assurer leur entretien, dans un esprit de bonne collaboration ». Et ce, pour la suite du projet Développement global de l’enfant à Dablo et à Pensa dans ses différentes composantes. « A chacun son rôle et à tout le monde le bénéfice », ainsi a-t-elle conclu son intervention.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga