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Grand oral à l’UE : Les Nigériens sont allés prêcher dans un désert

Publié le mercredi 9 décembre 2009 à 02h42min

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Hier mardi 8 décembre 2009, une délégation du gouvernement nigérien, conduite par le Premier ministre, Alio Badio Gamatié, devait être entendue par l’Union européenne (UE) à Bruxelles.

De par la volonté du président Mamadou Tandja de sacrifier sur l’autel de l’insouciance toutes les institutions de la république pour rester scotché à son fauteuil, le Niger est plongé depuis dans une crise sociopolitique. Epreuve de taille, ce grand oral l’est vraiment pour l’avenir des relations du pays d’Hamani Diori avec ses partenaires au développement. La délégation devait être reçue par la Commission dans le Palais de l’Europe pour faire des propositions acceptables de sortie de crise.

En rappel, début novembre, précisément le 3, un ultimatum de 30 jours avait été donné au Niger par l’UE pour entamer des consultations avec elle. Injonction lui a été faite d’acheminer à l’Union un carnet de route pour revenir à une vie constitutionnelle normale qui inclurait tous les acteurs de la scène politique du pays, à savoir l’opposition et la société civile.

Décision avait alors été prise de lui suspendre quelque 180 millions d’euros d’aide budgétaire. En outre, l’institution européenne a même menacé de rompre définitivement ses relations avec le pouvoir de Niamey. Raison évoquée, le Niger, qui figure parmi les plus pauvres au monde, depuis plusieurs mois patauge dans une crise politique sans précédent, situation créée par le président Mamadou Tandja, dont le deuxième mandat, n’eût été la constitution taillée sur mesure, arriverait à expiration le 22 décembre 2009.

Coup sur coup il a dissous en août dernier le Parlement et la Cour constitutionnelle, organisé un référendum autorisant une rallonge de sa mission jusqu’en 2012. Deux mois plus tard, ont eu lieu les législatives, boycottées par l’opposition. Contre la machine Tandja, qui écrase tout sur son passage, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui n’approuve pas l’entêtement du premier des Nigériens, a alors décidé de suspendre son pays de ses instances et réclame un retour au statu quo (constitutionnel) ante.

L’Union africaine (UA) également n’y est pas allée de main morte et a condamné la situation, même si elle peine à prononcer des sanctions contre le Niger. La rencontre d’hier devait se faire en présence des représentants des institutions sus-mentionnées, qui font chorus face à la « dérive en cours au Niger » pour exiger le retour sans condition à l’ordre constitutionnel antérieur.

A l’extérieur des lieux où le chef du gouvernement nigérien devait présenter le mémoire en défense de son pays, la diaspora nigérienne et des associations de défense des droits de l’homme devaient organiser une manifestation pour demander le départ du président Tandja de la tête de l’Etat.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la délégation nigérienne a certainement eu des difficultés à convaincre ses vis-à-vis de la justesse des tripatouillages opérés par le chef de l’Etat. Les menaces de l’UE ne peuvent alors qu’être mises à exécution, et c’est tout de même dommage pour le Niger, qui risque de perdre un soutien financier de poids, vu que près de 60% de son budget provient de l’aide extérieure et principalement de l’Union européenne ; une enveloppe de 180 millions d’euros, ce n’est quand même pas rien dans la balance de l’économie du Niger qui, en attendant peut-être de commencer l’exploitation de son or noir, devrait fébrilement s’arracher les cheveux pour trouver des solutions permettant de combler durablement le manque à gagner.

Durablement est vraiment le mot, car, au titre du 2e FED (Fonds européen de développement), l’Europe des 27 privera éventuellement Niamey de la somme faramineuse, tenez-vous bien, de rien moins que 400 milliards de francs CFA.

Et tous ces nuages s’amoncellent sur ce pays au moment où, du fait des changements climatiques, une pénurie de grains y a déjà cours. C’est dire que les folies de Tandja pourraient être très cher payées par toute sa nation. Sans sommation, l’UE aurait pu appliquer ses sanctions à l’encontre du Niger. Mais, comme on peut le constater, en optant d’entrebâiller la porte, elle a voulu donner au pays de Tandja la possibilité de se racheter. L’homme fort de Niamey saura-t-il saisir la balle au bon, ou persistera-t-il et signera-t-il ? préférant faire la sourde oreille, passer son chemin et laisser le chien aboyer vainement ? L’avenir nous le dira.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 9 décembre 2009 à 09:33, par moi-même En réponse à : Grand oral à l’UE : Les Nigériens sont allés prêcher dans un désert

    Voila !! vous m’énervez sérieusment avec ces differentes façonc d’aborder les problèmes. Tout en n’étant pas d’accord avec les méthodes utilisées par le président Tandja je déplore votre cosntant appel à toujours etre sous perfusion économique. A quelque chose malheur est bon et si le president voulait continuer (honnétété dans la tricherie) il devrait saisir cette opportunité pour trouver des mecanismes de financement durables provenant de ressources propres pour le developpement du Niger. Mettant ainsi fin a cette dependance économique qui a vraiment la peau dure sous nos cieux !

    a bon entendeur ......moi-même

  • Le 10 décembre 2009 à 18:32, par mado En réponse à : Grand oral à l’UE : Les Nigériens sont allés prêcher dans un désert

    Bonjour, vous faites bien de vous intéresser au Niger et aux différentes situtions africaines. je vous en remercie et vous encourage.J’aimerai cependant attirer votre attention sur le fait que au Niger,en Guinée ,comme dans plusieurs situations, l’Europe et les autres grandes puissance se soucie peu de la démocratie ; seuls compte leurs intérêts. L’Europe comme les autres puissances font bon menage avec des pays où certaines fractions de la société ne peuvent même pas prétendre au droit de vote.
    Dans le cas du Niger, une nouvelle lecture s’impose, ce n’est pas la démocratie qui est en jeu, mais la présence chinoise qui semble étouffée les ambitions des ceux qui, depuis quarante neuf ans aidaient le niger sans que ce pays ne se passe pas de l’aide.Le Niger d’aujourd’hui n’a besoin que de l’aide qui l’aiderait à se passer de l’aide.
    Malheureusement ses dirigeants semblent tétanisés par la couleur de peau de l’ancien colonisateur. l’aide de l’UE est une aide toujours selective et dirigée. le pays qui l’accepte est contraint à évoluer dans un carcan. L’opposition nigérienne en exil est avide de pouvoir et se soucie peu des intérêts du peuple. Tous ces leaders qui prétendent défendre le peuple et la démocratie ont tous gerés le pouvoir et à un moment ou à un autre ont même fait fi des préoccupations de leurs bases au profit de leurs intérêt égoistes et immédiat. Si le Niger est à ce stade c’est parce qu’ils ont été incapable de s’assumer en tant que leaders de la mouvance présidentielle en jouant franc jeu avec ceux qui les ont mandatés ou en refusant de jouer leur rôle d’opposant pendant qu’il était temps. Le plus clair de leur temps des deux mandats du Président Tandja, ils l’ont passé à comploter les uns contre les autre en méprisant les capacités d’analyse du Président en place qu’ils considéraient comme un militaire ignarant tout de leurs gesticulations qu’ils appellent pompeusement stratégie.
    Le peuple Nigérien doit d’ailleurs ramener Le Prtésident Tandja dans l’armée et lui donner le titre de Général d’armée. Il a défait toutes les armées de comploteurs que sont les politiciens nigériens. Ces politiciens sont aujourd’hui aux aboies et cherchent de mercenaires en lan personne des Institutions internationales qui en réalité font semblant de jouer leur jeu mais qui ne tarderont pas à comprendre où se trouvent leurs intérêts. Vaux mieu un Niger paisible entre les mains de l’équipe actuel qu’un niger troble et agités dans une incertitude préjudiciables aux intérêts en cours : uranium de France, pétole de chine, investissement japonais, indienset canadien sans oublier le buseness américain et français... Cherchons la paix.

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