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Burkina : la marmite politique bout à tous les feux

Publié le vendredi 4 décembre 2009 à 01h55min

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C’est le cas de le dire, les jours de l’année 2009 sont désormais plus que comptés, et la prochaine année, 2010, s’annonce déjà comme celle de tous les défis politiques. De tous les défis ou de tous les chamboulements. Car, à mesure qu’approche la fin du premier quinquennat « renouvelé » de Blaise Compaoré à la tête de l’Etat burkinabè, se tisse aussi, dans la droite ligne de sa réélection annoncée pour 2010, la trame de l’après-2015. Et, au-delà de ces deux rendez-vous électoraux, c’est tout le fondement institutionnel de notre pays qui est en passe d’être revisité, nettoyé, recomposé…

La première vraie secousse sismique de ce chamboulement programmé est venue de Salif Diallo, dont la tonitruante interview, qui appelait ni plus ni moins à une refondation de l’Etat par un changement de régime constitutionnel, continue de faire des vagues et de s’imposer dans le débat politique national. Que l’on soit pour cette idée, jugée saugrenue par les uns, ou contre cette remise à plat, considérée comme jouable par les autres, il est clair désormais que le « ballon d’essai » de Salif Diallo ne peut plus simplement être botté en touche. Déjà, la question, subséquente, de la révision de l’article 37 de la Constitution du Burkina, qui limite à deux quinquennats, les mandats du président du Faso, est sous toutes les loupes. Partis politiques, organisations de la société civile, institutions diverses se penchent sur les tenants et les aboutissants d’un éventuel charcutage constitutionnel et, l’air de rien, affûtent leurs armes pour mener la campagne du « pour » ou du « contre ».

Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a ainsi invité la société civile, le 19 novembre dernier, à un dialogue autour de cette question de fond. Le moins que l’on puisse dire pour l’heure, c’est que chacun caresse ce postulat constitutionnel dans le sens qui lui convient. En attendant, peut-être, qu’à l’image du Bénin, des pancartes et autres panneaux géants poussent dans Ouagadougou et ailleurs pour scander « Touche pas à ma Constitution », il y a énormément d’indices qui donnent à penser que l’élection présidentielle burkinabè de 2010 est déjà au centre de hautes négociations, pour ne pas dire batailles, voire intrigues politiques.

On ne peut donc pas occulter, dans la perspective de ce rendez-vous majeur, la position affichée par le président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), Me Hermann Yaméogo, qui pense irresponsable de… « tenir à la va-vite l’élection de 2010 dans le mépris total des attentes populaires, tant politiques que socio-économiques ». Depuis qu’il a fait part de cette position dans une interview à Fasozine (N°24, Novembre-Décembre 2009), indiquant même que « pour des raisons liées aux crises qui nous frappent, pour des raisons d’économies, et donc de meilleure répartition des richesses nationales, il faut se donner le temps de tenir la présidentielle, en même temps que les législatives et les municipales », la question n’arrête pas de faire débat. Doit-on voir une manifestation de la possibilité d’un report de la présidentielle dans les inquiétudes exprimées, le mercredi 2 décembre 2009, par le Premier ministre, Tertius Zongo, qui, en rencontrant la classe politique, a évoqué les difficultés de l’Etat burkinabè à réunir le budget de 20 milliards de francs CFA présenté par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) pour l’organisation du scrutin présidentiel, prévu pour novembre 2010 ?

Les semaines à venir baliseront sans doute davantage le chemin, le long chemin qui nous sépare encore de la révolution institutionnelle qui semble déjà prendre corps dans les enceintes politiques de notre pays, qu’elles soient viscéralement antirévisionnistes, ou profondément refondatrices…

Serge mathias Tomondji

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 4 décembre 2009 à 10:01, par Paris Rawa En réponse à : Burkina : la marmite politique bout à tous les feux

    Le tout n’est pas de faire bouillir la marmite politique, il faut donner au Burkina une vision, un avenir, une vraie espérance. Sinon le monde entier avancera sans nous pour le malheur de tous : ceux qui sont pour comme ceux qui sont contre ; majorité parlementaire comme opposition, riche d’aujourd’hui et pauvres de demain comme pauvre d’aujourd’hui et pauvres de toujours... L’ERREUR, c’est de croire que l’on peut, tout seul faire le bonheur de toute la nation, et pire, de croire que l’on peut être le seul à avoir un bonheur assuré à vie. Pour ou contre, une chose est certaine et incontournable : la nation Burkinabè a lié le sort des uns à celui des autres et il ne peut en être autrement. Gare à la myopie et à l’égoïsme politiques.

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