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Bemba seul, face à son destin

Publié le vendredi 4 décembre 2009 à 01h55min

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Alors qu’il était à la tête de l’Etat centrafricain, Ange-Félix Patassé, dont le pouvoir était menacé par des rebelles dirigés par un certain François Bozizé, avait lancé un SOS. Son appel de détresse avait été entendu par Jean-Pierre Bemba, chef de la milice du Mouvement de libération du Congo (MLC). En Centrafrique, entre 2002 et 2003, les hommes de Bemba n’avaient pas seulement porté secours au président Patassé en difficulté. Ils avaient aussi commis des pillages, des meurtres, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité ; des femmes avaient été violées, des populations civiles et des enfants massacrés.

Parce que des atteintes graves aux droits humains avaient été perpétrées, la Cour pénale internationale avait lancé un mandat d’arrêt contre Jean-Pierre Bemba, moralement et pénalement responsable en tant que chef militaire et donneur d’ordres. Arrêté en Belgique en mai 2008, Bemba avait été remis à la justice internationale qui, depuis lors, statue sur son sort.

Jean-Pierre Bemba, faut-il aussi le rappeler, est un personnage politique important de la RDC, pays d’où il est originaire. L’homme a été vice-président du Congo démocratique et a perdu l’élection présidentielle de 2006 face à Joseph Kabila. Et parce que depuis son incarcération, son comportement était honorable, la possibilité qu’il soit mis en liberté provisoire était à l’étude, à la condition qu’il se trouve un pays d’accueil. Aucun pays au monde ne s’est montré disposé à le recevoir, pas même sa RDC natale. Il faut dire que Jean-Pierre Bemba, très riche, est un homme puissant et craint. Finalement, les juges de la CPI ont décidé de le garder en prison dans l’attente de son procès prévu pour avril 2010, abandonnant ainsi Bemba seul face à son sort. Si le revirement de la CPI est dénoncé par les défenseurs de Bemba et surtout par sa famille qui espérait l’avoir pour les fêtes de fin d’année, c’est une décision qui semble néanmoins satisfaire toutes les autres parties.

Les victimes et leurs familles craignaient que l’accusé n’en profite pour se faire la belle, vu sa fortune et ses relations, et se soustraire ainsi à la justice. Les élections en RDC approchant aussi à grands pas, son adjoint assurant l’intérim à la tête du MLC peut aussi se frotter les mains. Le retour de Bemba aurait pu être comme celui de Patassé, en Centrafrique, qui veut reprendre les rênes du parti que dirige Martin Ziguélé dans la perspective des élections. Il n’est du reste pas exclu que les chemins de Patassé et de Bemba se croisent à nouveau un jour qui n’est peut-être pas lointain.

Le Centrafricain, au secours duquel Bemba était parti, ce qui lui vaut actuellement ses déboires judiciaires, pourrait aussi être rattrapé par la machine de la CPI, lente à se mettre en marche, mais qui, infailliblement, atteint toujours sa cible. Le Soudanais Omar El-Béchir ou le Guinéen Dadis Camara doivent se le tenir pour dit. C’est aussi un sérieux avertissement à l’endroit de tous ceux qui, aujourd’hui en Afrique, détiennent des parcelles de pouvoir qu’ils utilisent abusivement, notamment contre les femmes et les enfants sur lesquels ils se défoulent. Le cas de Jean Pierre Bemba devrait les inspirer et les amener à faire attention au respect des droits humains fondamentaux. Tout est précaire dans la vie.

Par Boureima OUEDRAOGO SONRE

Le Pays

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