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PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : Gbagbo jusqu’au bout de son mandat cadeau

Publié le jeudi 3 décembre 2009 à 01h21min

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La réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) s’ouvre aujourd’hui à Ouagadougou en présence des principaux acteurs de la scène politique ivoiriennne. Le président Laurent Gbagbo, son premier ministre Guillaume Soro, l’ancien président Henri Konan Bédié et l’ex-premier ministre Alassane Dramane Ouattara, les deux principaux opposants et adversaires de Gbagbo à l’élection présidentielle sont en effet là. Le président de la Commission électorale indépendante, Robert Beugré Mambé, aussi. Tout ce beau monde fera avec le facilitateur Blaise Compaoré le bilan du processus électoral actuellement en cours en Côte d’Ivoire.

L’élection présidentielle, qui n’a pu se tenir à la date du 29 novembre dernier, sera très certainement au centre des discussions. On ignore pour l’instant si des propositions de dates seront faites au sortir de cette réunion.

Ce qui est sûr, c’est que l’exemple ivoirien devient un cas d’école. Les Ivoiriens, c’est le cas de le dire, ont vraiment mis la charrue avant les boeufs. Nulle part au monde, on n’a vu la liste officielle des candidats à la présidentielle publiée pour une élection dont ils ignorent à quelle date elle se tiendra. Fatigué de ces éternels reports, le PDCI/RDA, parti de Bédié, a exprimé son raz-le-bol et décide de faire tout le bruit possible afin que l’horizon de l’élection se dégage. Les arguments ne manquent pas pour soutenir la thèse selon laquelle la présidentielle ivoirienne pourrait ne pas se tenir dans l’immédiat, au grand dam des opposants partis tôt à la conquête des électeurs et qui ont, pour certains, déjà montré des signes d’essouflement.

Ils sont nombreux, les citoyens ivoiriens et ceux d’autres pays à ne plus croire à une volonté réelle de sortie de crise. Certes, on reconnaît que du travail reste à abattre avant d’arriver aux élections. Il faut en effet régler le contentieux des listes électorales, publier les listes définitives, confectionner les cartes d’identité et les cartes d’électeurs, distribuer ces cartes, etc.

Ce travail exige des mois. En réalité, ils sont nombreux à penser que la situation traîne ainsi en longueur parce qu’elle profite au camp présidentiel. Ils n’ont peut-être pas tort car tant qu’il n’y aura pas d’élection, Laurent Gbagbo demeurera toujours à la tête de l’Etat ivoirien. C’est dire donc que les six reports auxquels les observateurs de la scène politique ivoirienne ont pu assister ne sont pas faits pour déplaire à Laurent Gbagbo, loin s’en faut. Il convient de rappeller qu’en Côte d’Ivoire et ce depuis l’ère Houphouët Boigny, les élections présidentielles ont toujours été organisées tous les cinq ans, au mois d’octobre. Laurent Gbagbo lui-même a été élu en octobre 2000 pour un mandat de cinq ans qui expirait en octobre 2005, date programmée pour une nouvelle élection, laquelle n’eut pas lieu à cause de la guerre. Les dates proposées par la suite, notamment octobre 2006, octobre 2007, janvier 2008, juin 2008, novembre 2008 et novembre 2009, ont connu le sort que l’on sait. A ce jour, Laurent Gbagbo a eu quatre années de bonus comme président de la République.

En 2010 et plus exactement au mois d’octobre, il aura eu un mandat entier cadeau. Au regard de ce qui précède et des autres analyses qu’on peut faire, il est possible d’affirmer que la présidentielle ivoirienne aura probablement lieu en octobre 2010. Ce serait en réalité l’agenda caché dont personne ne semble vouloir parler du côté de la lagune Ebrié. Toutes ces gesticulations et manoeuvres ne sont que de la poudre aux yeux pour divertir et faire perdre le Nord. On ne comprend pas que le président ivoirien qui disait qu’il fallait aller vite, vite aux élections, dise aujourd’hui que mieux vaut aller à des élections tard et ne plus avoir de conflits que d’avoir des élections vite et se retrouver avec des morts sur les bras. "Nous sommes fatigués de pleurer nos morts", dira Laurent Gbagbo. On ne peut pas dénier le fait que cette déclaration relève du bon sens. Tenus par ses adversaires cependant, ces propos auraient eu plus de crédibilité et plus d’impact.

Les observateurs ne manqueront pas aussi de tourner leurs regards vers le facilitateur Blaise Compaoré qui, très certainement, pense aussi à sa propre élection prévue pour novembre 2010. La proximité de la présidentielle burkinabè et celle de la Côte d’Ivoire supposée avoir lieu en octobre prochain, pourrait être avérée. Blaise Compaoré pourrait alors être accusé de connivence avec Gbagbo. En tout cas, il est souhaitable qu’au sortir de cette nouvelle réunion du CPC, des propositions de nouvelles dates et l’élaboration d’un chronogramme figurent en bonne place dan les résultats de cette même rencontre. Autrement, l’accord politique de Ouagadougou (APO) pourrait perdre de sa crédibilité. Même si les écueils restent importants, telles les questions de la partition du pays ou du réarmement des différentes parties, les acteurs de la scène politique ivoirienne doivent résolument travailler à sortir de cette logique de reports permanents.

"Le Pays"

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