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ARRESTATION DE MOUCTAR DIALLO EN GUINEE : Dérapage incontrôlé ou manœuvre de diversion ?

Publié le mercredi 2 décembre 2009 à 02h53min

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Mamadou Mouctar Diallo

La junte au pouvoir en Guinée en rajoute aux signaux négatifs envoyés à l’extérieur. Le dernier signal en date a pris la forme d’une magistrale gifle infligée à la liberté d’expression, faisant voir des étincelles à l’activiste guinéen des droits de l’homme, Mamadou Mouctar Diallo. Voilà en effet quelque cinq jours que l’opposant guinéen croupit en prison. Son tort : s’être ouvert à des médias étrangers à travers des entretiens dans lesquels il revenait sur les tragiques événements du 28 septembre dernier.

Qu’a-t-il dit, que n’a-t-il pas dit, quels ont été les mots de trop, qui ont pu siffler dans les oreilles ou rougir les yeux de Dadis Camara et ses compagnons ? Nul besoin, en tout cas, de dire que les sorties du responsable des Nouvelles forces démocratiques de Guinée (NFD), furent ressenties par la junte comme un uppercut qui appelait en retour un coup de poing digne de la main de fer du capitaine Dadis.

Mais était-ce vraiment nécessaire d’envoyer au tapis, ou plutôt en prison, Mamadou Mouctar Diallo ? Assurément, non ; la junte n’en avait pas besoin. Elle n’avait pas besoin d’une telle démonstration de force. D’abord parce que son acte ternit davantage son image déjà fort brouillée à l’extérieur. Ensuite parce que ce n’est vraiment pas le moment. L’emprisonnement du jeune leader intervient, en effet, dans un contexte de pourparlers serrés interguinéens, une phase où la junte a plus qu’intérêt à cristalliser des sympathies internationales autour d’elle, plutôt qu’à s’attirer encore des critiques en cognant sur l’arbre sacré des libertés élémentaires. A peine une petite quantité d’eau a-t-elle coulé sous les ponts témoins des événements de triste mémoire, que la junte se remet à un… autre dérapage incontrôlé ! Dérapage incontrôlé ? Pas si sûr. Car, il n’est pas exclu que cette énième arrestation d’opposants guinéens procède en réalité d’une intention de la junte de faire de la diversion avec pour but inavoué de pousser l’opposition à bout. Celle-ci pourrait ainsi claquer la porte des négociations à Ouagadougou. Et ce n’est pas la junte qui s’en plaindrait, elle qui est déjà au pouvoir.

Dans tous les cas, c’est faire fausse route que de vouloir museler les médias nationaux et internationaux en vue de l’instauration de la pensée unique. A l’heure de l’Internet et autres nouvelles technologies de l’information et de la communication, cette junte se battrait contre des moulins à vent. Dans les rapports de Moussa Dadis Camara avec les médias internationaux, on est passé de la lune de miel à la lune de fiel. A qui la faute ? Sans aucun doute à Dadis qui, ne comprenant apparemment rien au rôle de ces médias, attend d’eux qu’ils se mettent à cirer ses godasses.

Par Cheick Beldh’or SIGUE

Le Pays

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