LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

MEDIAS : De la nécessité de montrer le visage des délinquants

Publié le mardi 1er décembre 2009 à 01h56min

PARTAGER :                          

Faut-il montrer ou non le visage des délinquants arrêtés par les forces de l’ordre et présentés à la presse ? Les activistes des droits humains ne se posent pas la question. Au nom du respect de la présomption d’innocence et de la dignité humaine, ils sont opposés à l’exposition aux médias, du visage de personnes suspectées et détenues pour cause de délit. Ce qui gêne les mouvements de défense des droits humains, c’est que la culpabilité de ces délinquants, aussi avérée soit-elle, n’a pas été accréditée par la justice, la seule institution habilitée à le faire. Sur le plan théorique, cet argumentaire tient. Mais dans la pratique, les choses sont autrement plus complexes.

Car les médias ne peuvent pas attendre qu’un délinquant soit condamné, avant de parler de lui, de ses méfaits. Mais elle prend la précaution de mentionner qu’il s’agit de présumés auteurs de tels ou tels faits. D’autant que les forces de l’ordre (police, gendarmerie), soucieuses de communiquer sur leurs actions, n’hésitent pas à alerter la presse sur les coups de filets qu’elles ont réussis. La médiatisation de telles opérations vise non seulement à rassurer les Burkinabè sur l’action quotidienne des forces de l’ordre en matière de protection des citoyens, mais aussi à décourager les apprentis bandits qui croient qu’ils peuvent sévir impunément. La presse peut-elle alors évoquer toutes ces questions sans les illustrer par les images des bandits arrêtés et de leur butin ? C’est tout simplement inimaginable.

Le compromis trouvé par certains, consiste à publier les photos avec cependant un bandeau noir sur les yeux. Une façon de montrer sans vraiment montrer puisqu’on ne reconnaît pas les personnes ainsi dissimulées. Un travail inutile en sorte, quand on connaît le sens d’une photo. Là où journalistes et certaines organisations et institutions se sont accordés, c’est de ne pas montrer des images de personnes décédées à la suite de drames, ou de mineurs. L’éthique et la déontologie commandent en effet que l’on fasse attention à ces cas. Le plus grand soutien des forces de l’ordre et de la presse dans ce débat sur la publication ou non des photos des délinquants, n’est autre que l’opinion publique. Elle ne comprend pas pourquoi il faut empêcher les gens de reconnaître leur voleur, qui peut être un voisin, afin de prendre les dispositions nécessaires. Surtout que la justice a la réputation- peut-être infondée- de n’envoyer en prison que du menu fretin.

Très souvent, des bandits de grands chemins se retrouvent peu de temps après leur arrestation, dans la circulation. Alors, pour la plupart des Burkinabè, il faut dévoiler le visage de ceux qui ont choisi d’être du côté du mal. Lisez les réactions des internautes, quand un journal publie une photo avec des bandeaux sur les yeux des malfrats. C’est un déchaînement de colère vis-à-vis des médias. Les citoyens sont contre cette pratique ; et ils ont tout à fait raison. Ils ont un droit, celui d’identifier et de connaître les criminels qui les entourent. A trop vouloir brandir le droit de tous à la dignité, on finira par reléguer celui des honnêtes citoyens à l’arrière-plan. Il faut avoir été victime d’un cambriolage, d’un braquage ou d’une agression pour comprendre que la présentation des délinquants est le moindre mal. Cela fait partie des actions de prévention et il faudra que les personnes bien pensantes s’y habituent.

Sidzabda

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 1er décembre 2009 à 05:56 En réponse à : MEDIAS : De la nécessité de montrer le visage des délinquants

    il faut montrer leur visage !

  • Le 1er décembre 2009 à 14:55 En réponse à : MEDIAS : De la nécessité de montrer le visage des délinquants

    D’une manière ou d’une autre on doit respecter la dignité de l’être humain .Si on a institué une juridiction , c’est pour éviter toute sorte de spéculation en matière d’infraction ,de delit ou de crime ; cette dernière etant la seule habilité à déclarer la culpabilité d’une personnne.
    La presse doit également reconnaitre cette suprématie de la juridiction. Tout le monde est protégé par la présomption d’innocence jusqu’à ce que le tribunal compétent statue differemment. le policier ne remplace pas le juge.
    en somme ce dabat n’a pas lieu d’être . il ne s’agit nullement de choisir son camp mais plutot de respecter l’être humain dans toute sa dimension. c’est parce que la presse n’a pas encore été poursuivie pour atteinte à la dingnité qu’elle n’a pas encore réalisée qu’il n’y’a rien de plus dehonorisant que de voire son visage innocent à la une.

  • Le 1er décembre 2009 à 19:44 En réponse à : MEDIAS : De la nécessité de montrer le visage des délinquants

    Dans le cas concret du Burkina, je pense qu’on peut dévoiler les photos des présumés "coupeurs de route" et autres bandits, dans la mesure où les forces de l’ordre, police, gendarmerie, sans se substituer à la Justice, rassemblent un minimum (pour ne pas dire assez) d’informations qui, pour la plupart du temps (pour ne pas dire toujours), permettent au temps opportun de déclarer "coupables" les "ex-présumés coupables".

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina Faso : Justice militaire et droits de l’homme
Burkina Faso : La politique sans les mots de la politique
Le Dioula : Langue et ethnie ?