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PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

Publié le mardi 1er décembre 2009 à 01h57min

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Pr Albert Ouédraogo

Le débat sur la question identitaire qui anime la scène française intéresse de près le sort des immigrés vivant dans ce pays. Le Pr Albert Ouédraogo donne, dans cette interview accordée le 20 novembre 2009, sa position en tant que président du Tocsin et coutumier des questions identitaires et de l’immigration. Pour lui, ce débat est inutile et peut receler des démons qui, de son avis, sont aussi au Burkina.

"Le Pays" : Il y a un débat posé présentement en France et qui porte sur la définition de l’identité française en rapport avec la migration. Quelle est votre position ?

Pr Albert Ouédraogo : Chaque fois qu’une nation, à un moment donné, cesse de regarder vers l’avant et commence à regarder vers le passé, c’est une nation qui a amorcé son déclin. A quelle fin veut-on instrumentaliser cette question de l’identité ? On n’a pas besoin de débat ni de colloque pour savoir qu’être Français c’est avoir la nationalité française et que cela ne tient pas à votre race, à votre taille, à votre religion ni à votre ethnie. Je trouve inutile de réfléchir sur l’identité nationale et je crains qu’il y ait des germes d’exclusion. On est en train de flirter et de surfer avec le démon du nationalisme.

Il y a donc des dangers liés à cette question d’identité ?

Je vois beaucoup de dangers d’exclusion. On va mettre l’accent sur des critères généraux et les particularismes seront des éléments qu’on supportera, que l’on tolérera. Et en cas de crise sociale et économique, ce qu’on tolérait va désormais faire l’objet d’un rejet. Et il y a des Français qui vont se retrouver marginalisés. Cette question va surtout alimenter le discours et les actes de l’extrême droite raciste et fasciste.

Peut-on établir un parallèle avec la Côte d’Ivoire ?

Les mêmes causes provoquent les mêmes effets. A l’époque, je n’ai pas manqué de dire à des collègues ivoiriens de l’Université de Cocody que c’était un danger. Il y a des expériences dont il faut savoir se prémunir. L’ivoirité a été le réceptacle de toutes les frustrations qu’une certaine Côte d’Ivoire a ressenti par rapport à l’ouverture du pays, à cette réalité historique de la Côte d’Ivoire qui est un pays de grande migration. Résultat, beaucoup d’Ivoiriens qui ne remplissaient pas les critères de l’ivoirité se sont retrouvés désormais en danger, parce que suspectés de ne pas être de bons, de vrais Ivoiriens. Ce syndrome explique pourquoi la Côte d’Ivoire est entrée dans une situation de troubles sociopolitiques. Et ce syndrome existe partout dans les pays d’Afrique.

Même au Burkina ?

Même au Burkina. Aucun peuple n’est au dessus de telles dérives. Au Burkina, il y a eu des moments de crises sociales où certaines personnes n’ont pas manqué de faire chasser des fonctionnaires de leur poste, disant qu’ils n’étaient pas ressortissants de telle localité. On met en cause dans ce cas-ci l’unité nationale. Sans oublier qu’il y a une fracture qui se fait jour au Burkina sur laquelle on ne fait pas très attention. Il s’agit de la question de la migration. Il y a une différence de traitement entre les Burkinabè nationaux et ceux nés dans la diaspora. Sur le plan administratif par exemple, c’est la croix et la bannière pour nos compatriotes du Ghana qui veulent se faire reconnaître au Burkina. A la frontière, les policiers se comportent avec les Burkinabè de la diaspora comme s’ils avaient affaire à des non-nationaux.

Concernant la délivrance des cartes d’identité, on leur exige des documents qu’on ne demande pas aux nationaux. Certains ont même décidé de ne plus établir la nouvelle carte d’identité au regard de ce qu’on exige d’eux, se disant sidérés qu’on puisse traiter les Burkinabè de façon inégale. Sur le plan culturel ensuite, on leur colle des étiquettes : "diaspo, kosweogo, paweogo". On ne fait pas toujours attention à certains faits et gestes. Il le faut pourtant pour ne pas un jour chercher un médiateur pour nous-mêmes ! Les questions d’identité sont donc très délicates. C’est une boîte de Pandore avec laquelle on ne doit pas jouer. Parce que si vous ouvrez la boîte, vous n’êtes pas sûrs de maîtriser le monstre qui va en sortir. C’est la raison pour laquelle il faut toujours garder cette boîte fermée.

Propos recueillis Abdou ZOURE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 1er décembre 2009 à 10:34, par Armel En réponse à : PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

    Merci Professeur de tirer la sonnette sur le Burkina. Je suis Burkinabé né en Cote d’ivoire mais qui n’a vecu labas que mes 2 premières années. Mais que vous racontez par rapport aux frustrations qui existent dans notre société. Au campus, nous sommes traités de diaspo, de tt ce ki est mauvais. Pour faire un petit papier on te traite comme un voleur de nationalité au palais de justice, au commissariat, à la mairie etc. Le comble est venu avec ces messages bizarres qu’on a du transformer après : "Etre Burkinabé, c’est être intègre". Je pense beaucoup de gens sentent ce germe de frustration même s’ils ne le manifestent pas ouvertement mais prevenons plutot que guerir car ça peut peter à tt moment chez nous aussi. Surtt quand certains se prennent pour plus Burkinabé que d’autres et pouvant traiter les autres comme ils le desirent.
    Depuis le lancement de la nouvelle carte d’identité, regardez les modifications qui ont été apportées depuis lors pour les Burkinabé nés à l’étranger. C’est frustrant et c’est deplorable et je sais que c’est un sujet qui est souvent abordé dans les causeries de groupes entre "Burkinabé nés à l’étranger".
    Merci

  • Le 1er décembre 2009 à 10:41, par lifsay En réponse à : PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

    UN GRAND ENCOURAGEMENT A PR

    la carte d’identité est tout à fait obligée du fait qu’avoir sa carte d’identité dans sa poche,est une joie d’avoir le drapeau de son pays en poche.

    ayant un peu d’esperiance dans l’immigration,je trouve que diaspo, kosweogo, paweogo ne sont pas des maux ou des noms qui nous gènent.je le dis moi meme pauvre sitoyen lamda acceptant le nom kawswego mais pas le paweogo parceque personne n’a jamais aimer etre paweogo.
    la carte d’identité est seulement mon drapeau que je protège et elle s’avere propre et serin.elle pas pas de liens avec les mots kawswoego et autre.nous devons nous convaincre à l’accepter.toujours en poche.

    à la frontière,comme vous le dites Professeur n’est surement pas un problème du fait que les mot cités(kasweogo etc...)existent.les autorités peuvent vouloir plus de detailles sur leurs elements vivants à l’exterieurs.
    ce qui est normal car il veulent savoir que,Salifou ou Michel ou Raogo est commerçant,planteur ou employé de X a Betié,Abengourou,bolga ou Tackima.
    sachant que nous avons une population illetrée,les autorités sont souvent obligés d’etre fermes afin d’aider l’education de leurs elements vivants à l’xterieur.
    donc de mon point de vu,je croix qu’il faut memes exiger ce papiers,si non personne ne franchit nos frontieres.
    là nous sommes l’un à coté de l’autre et facil à se gerer.
    je le dis moi meme pauvre sitoyen lamda acceptant le nom kawswego mais pas le paweogo malgré ça existe.mais personne n’a jamais aimer etre paweogo.

  • Le 1er décembre 2009 à 10:48 En réponse à : PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

    Professeur, je vous trouve bien partisant et peu analyste ici. Faut-il poser la question de l’identité ou la fuire ? Faut -il l’occulter alors que nous vivons tous les jours des faits tels que vous citez ? Ne faut-il pas en appeler à reviser les positions quand elles sont injustes pour une partie de la population ? Que proposez vous professeur ? L’identité, le nationalisme et le patriotisme n’ont-ils rien de bon ?
    Positivons pour qu’on gagne en civisme et stigmatisons les dérives car il n’y a, de mon humble point de vue, pas de nation sans nationalité.
    La légerté dans le contrôle a occasionné d’autres maux. Avez vous souvenance que des passeports burbinabè (recherchés pour leur fiabilité) ont été utilisés par des "malfrats non burkinabè" à l’étranger ?
    Il faut cultiver le nationalisme et le patriotisme et veiller à ceux qu’ils croissent dans le coeur de nos enfants afin qu’ils soient fierts d’être Burkinabè. Je n’ai pas dit extrémisme et rejet de l’autre. Chacun doit être fiert en respectant celle de l’autre. J’attendais de vous Beaucoup d’instructions sur l’identité plus que sur sa facile diabolisation. Que pensez vous donc des messages qui passent à la TNB avant le journal ? N’est pas un appel à une différence ? Quand j’étais petit au village le pawoègo était respecté et admiré quand il nous reviens avec vélo et cola. C’était les meilleurs et les vaillants qui partaient à l’avanture. Mais à l’avanture la facilité et le mieux être a entamé le patriotisme de certain d’entre eux qui nous ont oubliés et qui ont construits là-bas. Ce n’es qu’à défaut d’intégration véritable que certains sont revenus. Ceux là, ne vous en déplaise professeur, il y en a et ils n’ont aucune fibre patriotique. Ils sont vaillants et battants mais seraient capables de bruler le pays pour cuire leur oeuf. Seuls intérets comptent.

  • Le 1er décembre 2009 à 17:51, par Lucie, Paris En réponse à : PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

    D’accord avec vous Prof ; mais que dites vous quand les étudiants burkinabé venus de la RCI disent eux memes qu’ils sont des "dispo" et traitent leurs frères d’ici d"inginènes", "tchétchènes" ou "brecal" ? Quand cette frange se singularise par l’amoralité, la défense en ligne (triche), les casses et l’achat de conscience ?
    Il faut operer une catharsis au lieu de fuites en avant. Pourquoi ne dites vous rien quand des burkinabé sont expulsés de Lybie, spoliés et chassés de la Guinée Equatoriale puis du Benin ? Sont-ils de seconde zone ou le Tocsin ne sonne-t-il que pour ceux issue de la dispora de RCI (comme vous) ?
    Et quand il ya des peulh qui sont massacrés lors des conflits agriculteurs -éleveurs ? et les bissa qui ont été bastonnés au yatenga ?
    L’intellectuel se doit d’etre impartial, professionnel, objectif et loyal.

  • Le 1er décembre 2009 à 18:28 En réponse à : PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

    je metonne que des choses simples a comprendre aet accepter des gens cherchent a justifier ;le professeur a dit que la ou on met commence a poser des equations didentite,il ya eu frustration, violence et guerre, et out homme honnete sait que cest vrai.
    pensez vous que ceux qui disent kawsweogo, paweogo, diaspo...le disent pour ne pas blesser ?cest evident des burkinabes tres complexés,jaloux, laids ,ont toujours hai ceux quils traitent de ces noms la,parcequils sont meilleurs queux a tout point de vue.
    ailleurs,lhypocrite qui pense quil faut durcir les conditions avec la diaspora fait parti de ceux la qui ne voient pas plus loin que leur nez,ces les gens veulent dufait quils ne sont pas concernes se rejouissent de voir que ce quils ont facilement le diaspo souffre et cest ainsi quils pense combler son complexe.
    professeur tu as raison, cest le burkinabe dici qui est vraiment noir dans le coeur.on les voit, il copie tout des diaspo :music, habillement,style,coiffure mais ils ne les egalent pas.si un artiste ivoirien vient regardez laffluence
    et si artiste burkinabe comparez, cest pour vous dire que on saiment pas sinon pourquoi on va chercher a sidentifier ?
    cest sur pour exclure dautres.

  • Le 1er décembre 2009 à 21:04, par madson En réponse à : PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

    slut je vient juste de lire tout les article de mes freres bkinabe je pense c’est pas le moment de faire la divisions l’union fait la force nous devons sansibilises notre peuple a s’aime et a travaille ensemble pour fait sorti se pays de la merdre ici aux atats-unis ils ya toute sorte de personne diferent couleur mais ils ya une loi que tout le monde respecte et c’est ainsi que va la vie

  • Le 7 décembre 2009 à 05:09, par le fer En réponse à : PR ALBERT OUEDRAOGO, PRESIDENT DU TOCSIN : "La question de l’identité se pose aussi au Burkina"

    dsl pauvre Pr vous etes tellement partisant éhonté dans vos analyses alors je vous dit ke l’identitté Nationale c’est savoir ki sommes NOUS et accepter d’etre Nous et ki le rejette n’a pas notre indentité meme si c’est le Moogho Naaba

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