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Editorial de Sidwaya : Solidarités

Publié le lundi 30 novembre 2009 à 01h29min

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Ibrahiman Sakandé, Directeur général des Editions Sidwaya

Il y a une forme d’intoxication dont les pays les moins avancés, parmi lesquels le Burkina Faso, sont souvent victimes. A force de s’entendre traiter de pauvre, de se voir toujours classer parmi les 170e sur 175, d’avoir à constater, d’un sommet mondial à l’autre, que ses dettes s’accumulent, de survivre à ses propres sanglots parce qu’on est partie prenante d’une population dont 46,4% vivent en-dessous du seuil de pauvreté avec moins de 200 F CFA/jour, on finit par intérioriser son infirmité. Pourquoi cet acharnement à faire oublier nos forces et étaler nos faiblesses au grand jour ?

Les choses vont-elles aussi mal au Burkina Faso ? La gestion solidaire du sinistre du 1er septembre 2009 nous donne à réfléchir. Considéré sous l’angle des intérêts individuels, ce sinistre a fait des dégâts et des victimes que nous continuons à pleurer. Et nous le ferons encore pendant longtemps.

Mais, rapporté à la réalité nationale, il faut avoir le courage de dire : « A quelque chose, malheur est bon ». Le sursaut de solidarité dont nous avons été capables, de façon spontanée, durable et sincère montre que le Burkina n’est pas un pauvre pays, comme on dirait de quelqu’un qu’il est un « pauvre type ». On l’aura remarqué, dans maints discours, « Pays pauvres » signifie simplement « Pauvres pays ».

Qui a manifesté sa solidarité aux sinistrés ? Comment ? Pourquoi ?

L’histoire devrait retenir que le 1er septembre 2009, alors que plusieurs partenaires financiers du Burkina, fouettés par la crise financière mondiale, n’avaient pas encore recommencé à ouvrir leurs coffres, alors que la majeur partie de nos populations ahanait vers la fin de la saison des pluies, synonyme de fin de disette, alors que des doutes persistaient sur l’hypothétique rendement de la saison en cours, la ville de Ouagadougou et d’autres petites villes alentours ont été inondées, comme cela n’avait jamais été vu.

Le gouvernement a sonné l’alarme et montré l’exemple à suivre en mettant la main à la poche. (Nous taisons volontairement les chiffres que le lecteur verra ailleurs.). Des personnes morales de tous les milieux, de toutes les confessions, de toutes les sensibilités ont suivi, non qu’elles soient pourries d’argent, mais par devoir de solidarité.

Des hommes, et des femmes et des enfants de tous les âges se sont manifestés. Il y a même eu des vieillards qui sont allés manifester leur solidarité en s’appuyant sur leur canne. Les amis du Burkina étaient là : des Etats amis, des voisins, des institutions, des ONG, mais aussi des personnes physiques.

Les archives conserveront des uns et des autres, pas seulement le volume de leur enveloppe, mais aussi des paroles et des gestes qui nous vont droit au cœur et qui y resteront pour très longtemps. Cette richesse, la solidarité, que l’on ne retrouve pas sur les télécrans du PNUD, de la Banque mondiale et d’autres institutions internationales de mesure de développement est plus vitale pour nous que tous les rapports mondiaux sur le développement. Peut-être, ne faut-il pas confondre « quantité de vie et qualité de vie ». La seconde option semble être celle la mieux partagée au Burkina Faso.

Parce que nous avons beaucoup reçu, nous devons aussi beaucoup donner. Une autre dimension de cette solidarité nationale, c’est cet effort à cultiver la fraternité autour de nous. En ce moment, à travers l’action du président Blaise Compaoré, dans la médiation au sein de la classe politique guinéenne, le peuple burkinabè se sent solidaire du peuple guinéen.

Cela ne date pas d’aujourd’hui. Lors d’une certaine « guerre » entre la Haute-Volta et un de ses voisins et frères, alors que la bêtise avait commencé à couler comme l’eau, le président Sékou Touré est arrivé à Ouagadougou. Sur la place de la Nation, en deux tours, deux mouvements, l’excellent orateur a convaincu les belligérants, avec toute la courtoisie qui sied à un médiateur de son rang, que cette guerre de pauvres était une pauvre guerre, que le spectacle n’en valait pas la peine, et que Bamako et Ouagadougou feraient mieux de se débarrasser de leur bêtise en s’embrassant. C’est ce qui fut finalement fait (…).

Aujourd’hui, le vœu de tout Burkinabè, c’est que le président Compaoré réussisse sa mission de médiateur auprès des Guinéens. C’eût été une belle et fraternelle manière pour les Burkinabè de dire merci à leurs frères de Guinée. Nous ignorons le temps et le coût du retour de la concorde en Guinée. Nous ne doutons pas de ce retour.

La concorde, la paix et la fraternité sans fard reviendront en Guinée, car ces biens, au-delà de tout bien, les Guinéens les méritent. Nous pouvons donc être fiers de nos solidarités. Au vu de ce trésor que nous possédons, nous pouvons collectivement refuser d’intérioriser notre infirmité comme nous l’imposent les instances internationales. Quelles épreuves nous réserve l’avenir ? Nul ne le sait. Mais faisons toujours en sorte que la solidarité soit notre antidestin !

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 30 novembre 2009 à 02:29, par Socratès En réponse à : Editorial de Sidwaya : Solidarités

    Oui Sakande, tu pourrais ajouter ceci pour compléter tes éloges ou tes compliments:pyroman dans certains pays et pompier dans d’autres.Le bouffon vert et spiderman à la fois. Quel double écran ?

  • Le 30 novembre 2009 à 10:58 En réponse à : Editorial de Sidwaya : Solidarités

    M. Sakandé, je partage vos développements sur vos valeurs non prises en compte dans le système d’évaluation des institutions internationales. mais ce que vous ne dites pas M. le DG, c’est que si l’on faisait un classement des pays sur la base de ces valeurs susmentionnées, il n’est pas évident que notre pays quitterait le peloton de queue. je ne suis pas sûr que nous sommes plus solidaires que d’autres peuples qui ont su traduire cette solidarité en des institutions pérennes (croix rouge, PAM, CRS relief, etc.). je pense que la seule absurdité que nous commettons tout le temps c’est de refuser ce classement au lieu de travailler à l’améliorer.

  • Le 30 novembre 2009 à 11:57, par SINCERE En réponse à : Editorial de Sidwaya : Solidarités

    Salut,

    Cet éditorial dont le but reste sans doute le rejet du classement PNUD reste à désirer.Cherchons à améliorer notre gouvernance. Oui, il ya bel et bien plus de 47% de pauvres au Burkina Faso et cela est énorme.Aucune solidarité ne peut permettre d’améliorer les conditions de vie des populations.Pour cela, il faut une politique.Et c’est ce qui manque au Burkina faso.Les échangeurs et autres indicateurs macro économiques brandis nuit et jour, n’est ce pas pour ces mêmes institutions.Il faut être honnête et reconnaître que ce classement nous va très bien.Arrêtons les arguments à deux balles.Vous vous rendez compte, Mr Sakandé ? 200 FCFA par jour.Alors, dénonçons dans l’objectivité et soyons honnêtes.Quant à votre analyse sur la situation en Guinée,cela reflète la position d’un quotidien d’Etat, et loin d’être celle des Burkinabès, qui dans leur majorité ne cautionnent pas l’impunité et reprouvent les babaries et traitement dégradants faits sur les populations guinéennes.
    NB : J’espère juste que mon avis va passer.A force de censurer, il arrive maintenant que deux à trois jours, personne ne réagit sur les articles sur le site de Lefaso.net.Revoyez votre position, chers messieurs.

  • Le 30 novembre 2009 à 15:39, par PS En réponse à : Editorial de Sidwaya : Solidarités

    Belle analyse. Mais en verite, nous sommes a la fois pauvres types et types pauvres. L’eloge des solidatites traduit cette pauvrete car dans un pays ou tout va, l’humble citoyen paie ses impots et recoit la protection de l’Etat. Mais quand l’Etat est inexistant pour corruption et delinquence generalisee, il ne reste que les hommes concrets pour agir et ces hommes c’est d’abord le premier magistrat, ses serviteurs immediats, les profiteurs de tout genre. Dans un tel contexte, on est contraint de ne voir que la realite : des hommes qui agissent, et non les institutions. C’est pourquoi un sinistre qui aurait dure l’espace de deux semaines demeurera avec nous toute l’annee pour apres etre declasse par un autre evenement heureux ou malheureux, probablement les elections de 2010 dont les efforts au profit du sinistre sera comptabilise comme merite du programme presidientiel. A quelque chose, malheur est bon !
    PS

  • Le 30 novembre 2009 à 17:53, par franck dit asprant Barde En réponse à : Editorial de Sidwaya : Solidarités

    Chaque peuple ne mérite que de ces dirigent et le Burkina doit tournée son regard maintenant que ver le président et autre mais tout le monde sait que le travail de Blaise est immense donc il lui faut de l’aide mais si ces aides font du faut boulot ne soyons pas surpris de nos classement par des monsieur qui ont leurs logique même si le beiga ont peu l’avoir sans huile a 50fr CFA ,la mal gouvernance pousse le petit peuple a la stagnation, ce peuple si laborieux. Nous savions maintenant que tout les pays subventionne leur agriculteur ,mais nous au Faso on ne cherche pas quoi faire pour produire du maïs ,du riz de mil en saison pluvieux comme en saison sèches si notre état n’avait pas peur des qu’en diras t’on il ya longtemps que nos vallées seront envahit par des étrangés ,mais comme au Faso yeux, voit yeux , il pousse des soupir mais c’est caller bloquer .Et eux aussi (les sinistres )ils sabotent a leurs manière le développement du petit paysan pour cultivé le riz(qu’ils vont importé)la production du blé qui est un des meilleur rendement en Afrique est bloqué depuis feu Lamizana, jusqu’ a Salif Diallo(le dérangeur).Quand au déluge Sacher que dans la bible c’est écrit a peu prés comme ça (si vos dirigeants se pervertissent moi l’étenel je frapperais ce peuple des mots de Sodome et de Gomorrhe )comprenne qui voudras.Siun bilan des dons devait ce faire devant la Bible ou le Coran !!!

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