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Réinstallation des sinistrés : Aujourd’hui, départ des ex-locataires

Publié le lundi 30 novembre 2009 à 01h30min

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Les victimes du déluge du 1er-Septembre qui étaient en location au moment des inondations doivent libérer les sites d’hébergement à partir d’aujourd’hui. Ce que certains ont déjà commencé à faire. Ils disposeront de 2 mois de ration alimentaire. Les ex-propriétaires de parcelles, eux, se verront attribuer de nouvelles parcelles par tirage au sort à partir de jeudi prochain. 22 000 tonnes de ciment et 485 000 tôles ainsi que des tentes, c’est le matériel prévu pour les accompagner et faciliter la construction de leur nouvelle maison.

C’est ce qui ressort principalement de la réunion du Comité d’orientation des actions de gestion des sinistrés qui a eu lieu le jeudi 26 novembre dernier à Ouagadougou. Nous avons effectué un tour sur les sites de l’INJEPS et de l’hippodrome pour nous imprégner de l’ambiance avant-départ.

Ce jeudi 26 novembre 2009 à 18h, pendant que les fidèles musulmans étaient en pleins préparatifs pour la fête de la Tabaski ou Aid el Kébir prévue pour le lendemain, le Comité d’orientation des actions de gestion des sinistrés se réunissait à la primature. Une dizaine de ministres ont pris part à cette rencontre présidée par le chef du gouvernement, Tertius Zongo.

A l’ordre du jour, le point des actions menées en vue du déménagement des victimes du déluge du 1er-Septembre, initialement fixé à aujourd’hui 30 novembre. Première information à l’issue de la réunion : la date préalablement établie verra seulement le départ des sinistrés qui étaient en location au moment des inondations. Et le Premier ministre de signaler à ce propos que le recensement de ces personnes a connu quelques difficultés : « Nous avions dit que tous ceux qui vivaient en location pouvaient prendre les 50 000 F CFA et partir.

Cette opération a effectivement débuté et il y a eu déjà autour de 1000 personnes qui ont quitté les lieux. Cependant, on a vu à la longue qu’il y avait des problèmes, car les gens ne voulaient pas se déclarer en tant qu’ex-locataires. On a donc dû faire des recoupements de listes et, pour cela les maires ont été mis à contribution.

On a eu 5000 personnes qui se sont déclarées mais nous poursuivons le croisement des listes et à partir de lundi elle va continuer. Ce que nous avons prévu et mis en œuvre en plus, c’est que tous ceux qui étaient locataires quittent les sites avec 02 mois de ration, de quoi se prendre en charge pendant cette période. L’un dans l’autre, à partir du 30 novembre, les gens vont commencer à partir ».

Le deuxième volet de la rencontre a concerné les sinistrés qui étaient propriétaires. Selon Tertius Zongo, les travaux d’aménagement des deux sites, où 17 000 parcelles doivent être dégagées, sont en cours. Sur le plan technique, l’avancée du travail est estimée à 85%, les attributions de parcelles devant commencer à partir de jeudi prochain : « Ce que nous allons faire, c’est essayer de prendre en compte un certain nombre de considérations.

Par exemple, que les gens se retrouvent par quartier, par site, mais l’attribution sera faite par tirage au sort pour éviter les frustrations ». Il n’a pas manqué d’indiquer que des problèmes ont également vu le jour à ce niveau, au fur et à mesure qu’ils avançaient dans la gestion des ex-propriétaires de parcelles, notamment en ce qui concerne leur accompagnement : « Il faut 22 000 tonnes de ciment pour les mesures d’accompagnement qu’on a prévues.

Si l’on l’achète ça du coup, il y aura rupture de stock à Ouaga et les prix vont monter. Un schéma a été mis en place par les ministres avec les sociétés qui produisent le ciment afin que le marché soit normalement approvisionné et que les stocks que nous voulons soient disponibles sans que cela, affecte le marché. Nous avons déjà commencé à nous approvisionner. Il faut aussi 485 000 tôles pour les sinistrés et cela, vous ne le trouverez pas sur le marché. Donc il a fallu discuter avec les fabricants pour voir comment ils peuvent nous les fournir. Les choses sont en train de s’éclaircir ». Maintenant, se pose la question de la scolarisation des élèves sinistrés avec le déménagement.

« Les mesures sont faibles »

Le chef du gouvernement rassure que le suivi de l’éducation de ces enfants est en cours d’orchestration par les maires, en concertation avec les ministres de l’Action sociale, de l’Enseignement de base, et de l’Enseignement supérieur pour voir où iront ces derniers et comment leur scolarité sera payée. « Les parcelles seront attribuées mais les maisons ne bénéficieront pas construites tout de suite donc ces sinistrés auront eux aussi d’un accompagnement.

Des tentes familiales et individuelles sont prévues également pour accompagner les propriétaires qui pourront ainsi s’installer dans un coin de leur terrain pour surveiller et accélérer la construction », a ajouté Tertius Zongo, qui soutient également que leur souhait, c’est que les sites actuels soient dégagés au plus tôt, car ils craignent que des maladies épidémiologiques y surgissent avec l’harmattan. « Globalement, les choses sont en marche. Le 30 novembre, tout le monde n’aura pas quitté les sites mais il y aura un mouvement suffisamment fort pour qu’on sente que les jours qui suivront ce sera effectif », a-t-il conclu.

Une petite visite chez les sinistrés recueillis au niveau de l’INJEPS, ce dimanche 29 novembre 2009, nous a permis de constater que certains ex-locataires ont effectivement déjà quitté les tentes qui, vidés de leurs occupants, servent le plus souvent de terrain de jeu à des enfants. Couché sur une natte devant sa tente, Issa Sawadogo, qui était locataire dans la cour de son oncle, est pris dans des calculs : « Si tu prends les 50 000 F CFA, il te faut assurer d’abord trois mois de caution quand tu trouves une maison à louer et le loyer minimum fait 15 000 F CFA actuellement, donc il ne te reste plus rien.

Cependant, il te faut faire appel à un démarcheur qui, lui, réclame des honoraires qui font 10 000 F CFA au minimum. Finalement, tu ne sais plus comment faire ni où aller pour trouver une maison ». Au dire de M. Sawadogo, un effort reste également à faire quant à la gestion des propriétaires : « Les mesures sont insuffisantes. Ce qu’il faut savoir, c’est que 280 000 F CFA pour les matériaux plus 50 000 F CFA pour les travaux de main d’œuvre ne suffisent pas pour construire. A combien tu vas engager un maçon qui va se déplacer tous les jours jusqu’à Yagma ?

Le véritable problème est que beaucoup d’entre nous n’ont plus de travail depuis des mois et tout leur fonds est parti, donc ils se retrouvent démunis, ne pouvant pas subvenir aux imprévus de la construction d’une maison. Ils ont fait l’effort de nous aider et c’est bien, mais il reste un peu d’effort encore à faire ». Assise à l’intérieur de la cour où elle vend du poisson frit à raison de 50 FCFA le morceau, « Tantie Djènèba », comme l’appellent ses clientes, n’a pas encore ôté son masque de beauté.

Est-ce du fait de l’affluence de sa clientèle qu’elle n’a pas pris ce soin ? « Non, répond-elle, les poissons se vendent un peu, un peu, seulement car ce sont des femmes qui viennent en acheter pour agrémenter leur sauce. » Cette ex-locatrice nous confie que dès lundi, elle compte rejoindre le domicile de proches en attendant de trouver une maison à louer.

Du côté de l’hippodrome, le responsable des sinistrés de l’Arrondissement de Signoghin, Issa Sawadogo, était en pleine répartition de nourriture. Il nous confie que la gestion des victimes du déluge du 1er-Septembre n’est pas chose aisée, surtout au moment du partage de vivres mais à force d’explications, tout finit par s’arranger.

A l’en croire, ils ont pu aller constater de visu que leurs futures parcelles existent bel et bien mais, le cas des locataires pose problème : « Sur 100 locataires, on n’a même pas 40 qui ont déjà eu les 50 000 FCFA, c’est dire qu’il reste beaucoup à faire. Ce retard est dû au fait qu’il y a eu d’énormes problèmes car il a fallu confronter les listes, ce qui a montré que des gens qui avaient leur nom sur la première liste, se sont inscrits sur la deuxième liste donc il va falloir encore filtrer. Toutefois, les autorités nous ont rassurés qu’en temps opportun, tout le monde serait satisfait ».

La fête de la Tabaski à l’hippodrome ? Elle n’aurait débuté effectivement, selon les sinistrés que nous y avons rencontré, qu’aux environs de 16 h lorsqu’un gentilhomme, fidèle musulman, leur a fait cadeau de 11 moutons. Un cheikh lui a également emboîté le pas le lendemain samedi avec un autre don de 02 tonnes de riz et de 02 bœufs.

Pour Mariam Pafadnam, une seule main ne ramassant pas la farine, il leur faut toujours de l’aide : « Avec les échos des dons multiples en notre faveur, certains sont naturellement insatisfaits de ce qui est fait mais, nous, en tant que veuves, nous ne pouvons qu’apprécier ce qui a déjà été fait pour nous... »

Cette veuve, qui a vu sa maison au secteur 18 détruite par les inondations, ne manque pas d’en appeler à la générosité de toute bonne volonté qui pourrait leur venir en aide, car affirme-t-elle en langue nationale mooré : « L’être humain fait neuf et n’atteint pas 10 » .

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 novembre 2009 à 16:39 En réponse à : Réinstallation des sinistrés : Aujourd’hui, départ des ex-locataires

    A quand la reinstallation des sinistres diplomites ? Sinistre egal sinistre, non ? Je veux parler de tlous ceux qui ont fait l’ ecole, sont bardes de diplomes et refusent d’ utiliser leur gingin. Ou du moins sont prets a vendre leur tete au plus offrant et dernier encherisseur.

  • Le 30 novembre 2009 à 23:38 En réponse à : Réinstallation des sinistrés : Aujourd’hui, départ des ex-locataires

    Si Blaise pense que les agents grévistes du ministère des affaires étrangères ont sali l’image du pays en manifestants deans les rues leur mécontentement en jean’s, que son gouvernement cesse s’enrichir avec cette même mauvaise image du pays. Avec les inindations du 1er septembre, on a entendu des appels partout, des vidéos par ci etc. Les contributions, les dons continuent de pleuvoir alors que rien n’est véritablement fait pour reloger ces sinistrés. Comment peut-on oser faire un tirage au sort dans de pareille situation, que les plus heureux vivent et que meurent les victimes malheureux de ce tirage ! Où sont entrées les recettes de plusieurs milliards de contributions et de dons ?

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