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Pourparlers interguinéens : S’achemine-t-on vers le blocage ?

Publié le lundi 30 novembre 2009 à 01h29min

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N’eussent été la sagesse et la clairvoyance de quelques émissaires des Forces vives qui ont retenu la bride de certains faucons, le facilitateur aurait été récusé le 20 novembre 2009 suite à sa proposition d’Accord politique global interguinéen (APGIG).

Regroupé en 7 dispositions, ce cadre de travail ébauché par le médiateur fait, il est vrai, la part belle au CNDD, puisque la revendication essentielle des Forces vives soutenue par la communauté internationale, à savoir le départ de Dadis, n’a pas été suivie par Blaise Compaoré (cf. disposition IV).

Ce qui a provoqué la colère des Forces vives, qui ont envisagé sérieusement à un certain moment de remettre en cause cette médiation, avant de se raviser. En remettant leurs contrepropositions qui maintiennent leurs exigences initiales, ces Forces vives n’ont donc pas bougé d’une semelle, s’arc-boutant au principal sujet qui fait bouillir le marigot guinéen : le départ de Dadis et la dissolution du CNDD.

La surenchère politico-diplomatique se poursuit avec l’antienne des militaires résumée en ces bouts de phrases que répètent ses thuriféraires : « Ce ne sont pas les Forces vives qui ont mis Dadis à la présidence... Dadis est un citoyen comme les autres ... sa candidature n’est pas annoncée mais s’il se prononçait, cette candidature devrait être forcément acceptée... ». Pire, alors que les pourparlers vont reprendre aujourd’hui 30 novembre 2009 après la trêve de la Tabaski, le facilitateur semble, face à un cul-de-sac, avec ce nouveau mémorandum de la junte : la mise hors service de tous les anciens Premiers ministres de Guinée du processus électoral et un audit des 10 dernières années de Conté.

Pas besoin d’être un politologue pour comprendre que Dadis veut éliminer tous ceux qui sont susceptibles de lui barrer la route de la présidence lors d’un duel à la régulière. Otez Sidya Touré,Celloun Dallein Diallo,François Fall, Alpha Condé ... de la prochaine course à la magistrature suprême et le patron de la junte se retrouve sur un boulevard qui mène au pouvoir suprême.

La configuration de la Guinée offre donc le spectacle suivant : d’un côté la junte, de l’autre les Forces vives et au milieu des populations prises en otages. D’ailleurs, ces Guinéens n’ont jamais eu la liberté de choisir leur destin, écrasés qu’ils ont été par le pouvoir concentrationnaire de Sékou Touré et celui « laisse guidon » de Lansana Conté.

Que peut à présent le Facilitateur, que d’aucuns trouvent partial, car militaire comme l’ont souligné les deux dames de fer (1) qui ont été très acerbes à l’égard du chef de l’Etat burkinabè ? Si la junte, depuis le massacre du 28 septembre, est disqualifiée pour conduire la transition, elle a le pouvoir et possède les armes. Moralité : pour le moment, il faut composer avec le CNDD. Les Forces vives devraient d’ailleurs avoir comme boussole le fait que la politique est aussi l’art du possible, surtout que certains de leurs leaders ont occupé quelques années la primature.

Pourtant, il faut craindre un éventuel blocage, car ce que redoutait le médiateur le 11 novembre dernier prend forme de part et d’autre, les tentatives d’exclusion. Autant à l’heure actuelle il est impossible de contourner la junte, autant cette dernière ne doit pas, par des subterfuges, chercher à disqualifier des adversaires politiques. D’ailleurs, chaque Guinéen gagnerait à revisiter l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, où, à coups d’artifices constitutionnels, on a voulu étouffer les ambitions d’un ex-Premier ministre. Cela a plongé le pays dans cette tambouille sans fin. Comparaison n’est pas raison mais quand des citoyens d’un pays sont confinés en seconde zone et qu’ils se rebiffent...

Et lorsqu’on écoute les protagonistes guinéens, les tonalités ne militent pas à l’avènement d’un consensus. « Nous pas bouger », martèle le CNDD. « Je ne suis pas sûr que par le dialogue on puisse amener Dadis à la raison », clame Celloun Dallein Diallo. Le médiateur pourra-t-il concilier les différentes positions ? Ou sera-ce la médiation de trop pour Blaise ? La rédaction

- (1) Aïssatou Fall et Louise Arbour respectivement deputé PS au Sénégal et présidente de International Crisi Group sur RFI et BBC

La rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 30 novembre 2009 à 12:17, par Agassi En réponse à : Pourparlers interguinéens : S’achemine-t-on vers le blocage ?

    C’est un devoir pour le BF de reussir cette médiation. Il y va de la stabilité de notre sous région et de notre sécurité. Après le Libéria, la Sierra Léonne, le Togo, la CI et bientôt le Niger, pouvons -nous fermer les yeux et nous occuper que de nos petites fe....? Non,le BF à travers son président se doit d’apporter la paix en Guinnée.Je fais confiance au PF car il saura user de sa subtilité pour réconcilier les positions et réussir la médiation. Cette médiation n’est pas un galon de plus pour le PF, mais il en va du capital confiance que la communauté internationale place à l’endroit du BF.Nous devons tous faire bloc autour du PF dans cette mission oh combien difficile pour le BF.Cette fâcheuse habitude qu’à les Burkinabés de s’auto-flageler doit s’estomper. Ce n’est déjà pas facile pour le PF d’être la cible de toutes ces attaques infondées et si en plus nous devons l’accabler de l’interieur, ce n’est pas juste.Ayons un peu de compassion envers le peuple guinnéen. Oui c’est vrai que nous avons la paix chez nous, la démocratie marche, et nous nous developpons mais ce n’est pas pour autant que nous devons être insensibles aux souffrances de ce merveilleux peuple qu’est la Guinnéen.

    Main dans la main SVP !

    Merci

    • Le 30 novembre 2009 à 23:02 En réponse à : Pourparlers interguinéens : S’achemine-t-on vers le blocage ?

      Enfin, voici un AGASSI raisonnable, qui reconnaît au moins qu’il y a la paix au Burkina... grâce à M. Blaise COMPAORE. Un hommage à l’homme de son vivant. Profitons bien de lui, de son vivant car, je suis sûr d’une chose : les burkinabé vont regretter autant Thomas SANKARA que M. Blaise COMPAORE, ces deux frères d’armes devenus ennemis par les évènements du 15 octobre 1987. L’histoire n’a pas encore fini de nous conter ses vérités.... Burkinabé, main dans la main s’il vous plaît !

  • Le 30 novembre 2009 à 22:26 En réponse à : Pourparlers interguinéens : S’achemine-t-on vers le blocage ?

    A mon avis, le cas ivoirien dont vous faites cas doit servir de leçons et au médiateur Blaise Compaoré et aux protagonistes Guinéens. La leçon qu’on peut tirer est le calme apparent et précaire (car rébellions et loyalistes se rearment) de la Côte-d’ivoire et le blocage électoriale. Pour une issue heureuse à la situation Guinéenne est que soit, Dadis Camara reste au pouvoir et n’est pas candidat aux élections présidentielles, soit le pouvoir est remis à un collèges de personnes non candidates aux élections, cependant Dadis Camara est candidat. Personne en Afrique, ne va organiser des élections et les perdre. Tous les moyens de l’Etat, le bain de sang y participent à l’installation de nos présidents candidats.

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