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Abbé Isidore Ouédraogo, Secrétaire exécutif national de l’OCADES Caritas Burkina : L’OCADES doit mourir en permettant aux communautés de vivre

Publié le lundi 30 novembre 2009 à 01h29min

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Le 29 novembre 2009, l’OCADES Caritas Burkina organise la Journée Caritas au Burkina Faso sous le thème : « église, famille, témoin de charité ». A cet effet, nous sommes allés à la rencontre du Secrétaire exécutif national de l’OCADES Caritas Burkina l’Abbé Isidore Ouédraogo. Il nous situe sur le sens des cette journée et fait un bilan sur les actions de cette organisation au cours de ces dernières années.

Quelle est le sens que L’OCADES Burkina donne à cette Journée Caritas ?

Cette journée Caritas, est d’abord une journée de sensibilisation sur la question de la charité au sein de notre société. Qui dit sensibilisation dit aussi mobilisation de la communauté autour de la question de l’aide de la solidarité aux plus pauvres. Et aussi, mobilisation de ressources diverses pour essayer de répondre aux besoins de la population en matière d’aide et de solidarité surtout à ces moments difficiles marqués par les inondations connues par le pays il y a de cela quelques temps.

Quel est le bien-fondé d’une journée nationale Caritas ?

Comme partout ailleurs dans le monde où intervient la Caritas, nous avons 163 organisations qui forment la confédération. Nous avons instauré cette journée pour faire comprendre les missions de l’OCADES, la Caritas de manière générale. Au Burkina Faso, nous avons deux temps forts. Le premier est le temps de carême qui, de manière traditionnelle est un temps de partage au bénéfice des plus pauvres. C’est la période où les communautés catholiques et chrétiennes de manière générale sont interpellées à s’engager pour les plus pauvres. Mais, nous avons aussi voulu ajouter une journée qui se situe pratiquement au temps de préparation de Noël qui est aussi dans l’église un temps de mobilisation sociale autour de la question de la charité.

Quelles sont les grandes activités qui sont prévues à l’occasion de cette journée ?

Le cœur de cette manifestation se situe dans la célébration ecclésiastique par la messe qui aura lieu le 29 novembre partout au Burkina Faso. C’est un temps de prière, de réflexion avec la communauté pour que le seigneur en qui nous croyons nous donne les dispositions du cœur pour aimer les autres. De les aimer jusqu’à leur donner quelque chose de nous-mêmes. Ce temps fort sera aussi accompagné par d’autres initiatives dans certains diocèses. Il y aura par exemple une semaine de prière à Koupéla et une semaine de mobilisation pour demander « un cœur qui sait aimer ». Ici à Ouagadougou, nous aurons le samedi 28 novembre une soirée, une nuit de chorale qui est aussi un temps fort de mobilisation sociale. Il s’agira de s’amuser ensemble, écouter la bonne musique et surtout animer les communautés sur la nécessité de chacun de nous d’aimer jusqu’à donner. De montrer qu’on aime en donnant. Cette nuit de chorale sera un moment important de mobilisation et de quête financière pour les plus pauvres.

Pourquoi l’église catholique s’intéresse-t-elle aux activités de développement communautaire au de delà de son rôle ecclésiastique ?

Cela vient même de la mission de l’église. Si nous faisons en référence à l’Évangile, la parole de Dieu que Jésus est venu livrer, il ya cette dimension humaine de homme qui se dégage. Il ya aussi une dimension spirituelle qui apparait.
Et l’église sait que l’homme, s’il doit se développer, doit porter ces deux dimensions. Une dimension humaine qui fait référence à toutes les questions de société : politique, économique, culturelle (...) ; mais aussi une dimension spirituelle. Donc pour l’église c’est de regrouper ces deux aspects pour en faire une harmonie positive. L’homme vit, se développe, trouve de meilleures conditions de vie dans le milieu où il se développe, c’est-à-dire dans la société. Il faut donc l’accompagner dans ces deux dimensions. Cet engagement est une question de foi. C’est un engagement pour l’église car, le développement n’est pas en dehors de la religion. Annoncer Jésus-Christ, c’est de permettre aussi à l’homme et à la femme de vivre des conditions humaines qui puissent leur permettre de se faire valoir. Ainsi, c’est la dimension spirituelle qui vient leur donner l’âme de notre engagement.

Pouvez-vous nous faire un bilan sur les actions réalisées par l’OCADES au cours cette dernière année écoulée ?

Les bilans dépendent le plus souvent de la mobilisation financière. Cette mobilisation financière est imputable au dynamisme du réseau OCADES et à sa crédibilité envers les populations mais aussi envers les partenaires. Au titre de notre contribution pour le développement en 2008, l’OCADES a pu mobiliser plus de 5 milliards De FCFA. En termes de résultats, l’important pour nous se résume à l’apport pour responsabiliser les communautés afin qu’ils assument sereinement leur devenir. C’est un bilan qui permet de montrer que notre action a des effets et des impacts sur les populations. Notre bilan se mesure en termes de populations mobilisées et d’engagements francs afin d’améliorer les conditions de vie des communautés pour un mieux être.

Dans quels secteurs prioritaires votre organisation intervenez ?

Une organisation d’église se doit toujours de rechercher les principales priorités des populations. Nos priorités sont celles des populations. Par exemple, à partir du 1er septembre, notre priorité était d’être à côté des populations qui ont été victimes des inondations. Depuis le premier jour du sinistre, nous avons été à coté des populations. C’est eux qui font l’OCADES. Il était donc nécessaire de s’engager pour sauver d’abord les personnes, mais aussi les biens. Dans certaines paroisses il y a des gens qui y ont été accueillis en attendant l’aide provenant de l’État. Ces paroisses à l’occasion ont fait sortir des ressources financières ou matérielles, pour aider les sinistrés. Ensuite nous avons entamé la recherche de ressources financières à travers des quêtes. …
Les évêques du Burkina ont lancé un appel à la solidarité nationale et internationale dès le 3 septembre. L’OCADES s’est organisée avec les populations pour collecter cette ressource. Au jour d’aujourd’hui, on peut estimer à 45 millions de FCFA, le montant mobilisé à travers le Burkina Faso pour aider les sinistrés du 1er septembre. À travers le partenariat avec Caritas international, nous sommes à peu près à 200 millions de FCFA mobilisés au profit des populations.

Ce que nous avons fait et qu’il est important de souligner, c’est l’apport de l’OCADES au niveau national. Aux premiers moments du sinistre, c’était seulement la zone de Ouagadougou qui était visibles à cause de l’émotion alors qu’il y avait aussi d’autres localités. L’OCADES parce qu’elle est au cœur des réalités vécues par les populations dans ces régions, a pu faire remonter les informations et le plus vite possible. Nous avons donc agit avec les secrétaires exécutifs diocésains de différentes régions. A Kaya par exemple, nous avons pu dès les premiers moments, accompagner les sinistrés avec l’aide à l’accès à la nourriture. Notre mobilisation financière a été dans un premier temps au niveau de la communauté locale, puis avec les partenaires. Nous allons continuer pour accompagner les populations à réhabiliter leurs habitations détruites. Et cela dans un engagement fort en disant qu’il faut permettre aux gens, de pouvoir se prendre en charge, d’être eux-mêmes ce qu’ils veulent devenir. Ce n’est pas un assistanat, mais un accompagnement à la responsabilité des populations à être eux-mêmes.

Quelles sont les grands chantiers que l’OCADES a eu à réaliser au cours de ces dernières années ?

Le grand chantier pour cette année de 2009 était consacré au thème de la promotion de la femme. Dès le 23 janvier, nous avons lancé cette journée en collaboration avec les autorités ecclésiastiques, et aussi avec les autorités gouvernementales en l’occurrence le Ministère de la promotion de la femme qui s’est engagée avec nous. Nous avons donc pour objectif de mobiliser le corps social de l’église sur la question de la promotion de la femme. Mais à travers l’église, c’est tout le corps social du Burkina Faso que nous voulons mobiliser. C’est une interrogation sur les pratiques. Est-ce que ce que nous faisons répond aux besoins actuels des femmes Burkinabé ? Qu’est-ce que nous pouvons faire de mieux ? Aussi à travers cette réflexion, c’est de pouvoir planifier des actions dans le futur qui nous permettront effectivement de nous engager de manière plus présente, plus forte sur la question de la promotion de la femme. Et pour cela il a fallu conceptualiser. Nous avons conceptualisé notre approche à travers la promotion intégrale de la femme.

Le terme intégral ici a une importance capitale. Pour nous, il ne s’agit pas de travailler sur une approche conflictuelle entre l’homme et la femme. Il ne s’agit pas aussi d’un jeu de pouvoir, d’un jeu de dominant à dominé. Nous voulons travailler sur la notion de complémentarité, tout en interpellant sur l’engagement de la femme burkinabè elle-même, sur son devoir de se positionner dans la société. Cela est une question de conscientisation d’abord. Ensuite, interpeller les hommes aussi sur leurs devoirs. Nous disons que la femme ne peut pas être pleinement femme sans l’homme. Et un homme ne peut être complètement masculin sans la femme. Une société qui aurait tendance à négliger une partie de la société à savoir la femme sera toujours une société non complète et non développée. Pour arriver à un développement harmonieux de la société burkinabè, au bien être individuel et collectif, il faut que la femme burkinabè puisse s’engager avec l’homme pour en former un. C’est un thème que nous avons développé à travers notre colloque qui s’est tenu au mois de mai et ensuite au mois d’octobre où nous avons eu un cadre technique de concertation pour élaborer un programme pour les années à venir.

En 2008, c’était l’année de jubilaire pour commémorer les 10 ans d’existence de l’OCADES. Nous avons profité pour faire un bilan sur les pratiques professionnelles de l’OCADES. Et d’autre part, évaluer les rapports entre les agents de l’OCADES et les populations. Les agents de l’OCADES sont des animateurs de la communauté. Nous devons travailler à mettre la communauté humaine au cœur de nos activités. Nous devons donc œuvrer à responsabiliser cette communauté humaine dans toutes les activités que nous menons. L’OCADES doit mourir en permettant aux communautés de vivre. Ce sont donc ces thématiques que nous avons développé au cours de ces deux dernières années. Pour les années à venir, d’autre thématique seront également développées pour nous permettre de toujours nous positionner comme acteur aux côtés d’autres acteurs de la société civile et de l’État pour apporter notre contribution selon notre identité au développement du Burkina Faso.

« L’OCADES Caritas Burkina et la problématique de l’éducation des populations à la charité » : Que sous-entend ce thème consacré à cette journée Caritas ?

Je dois dire que le thème de cette journée Caritas, est « église, famille, témoin de charité ». Mais si on veut bien comprendre c’est effectivement cette problématique de l’éducation des communautés à la charité qu’il est question. Parce que nous nous sommes posés la question suivante : aujourd’hui, c’e sont nos partenaires de l’extérieur qui nous donnent la majorité de nos financements pour que nous puissions accompagner les populations. Mais cela va durer combien de temps encore ? Cela est-il moralement acceptable de continuer à recevoir ces soutiens sans que nos populations elles-mêmes soient responsabilisées sur leur propre devenir est aussi sur leur engagement sur cette question de la charité ? Nous avons donc pensé que pour que une population soit développée, elle doit être consciente que le problème de la pauvreté dans une société relève dans un premier temps de problèmes sociaux, d’éducation et de justice. S’engager à la charité, c’est d’abord un engagement à la justice sociale. La justice sociale, c’est de devoir à l’autre, ce dont il a besoin et dont il a droit. Pas le droit en terne légal. Mais, en termes humain. Animer nos communautés sur cette thématique pourrait être une contribution non négligeable au développement du Burkina Faso. Au-delà de la communauté chrétienne, c’est tout l’ensemble du corps social burkinabé qui est visé à travers cette journée Caritas.

Quel est l’appel que vous avez à lancer à l’occasion de cette journée ?

L’appel que j’ai à lancer est que la question du développement se joue sur des questions de solidarité et de justice. Pour ces journées OCADES caritas, cela doit constituer un engagement pour chacun, pour une prise de conscience qu’aimer l’autre suppose qu’on lui veuille du bien et qu’on s’engage pour son bien-être. Et cet engagement pour le bien-être ne doit pas s’arrêter sur simplement l’intention. Il faut des actes qui accompagnent et qui donne vraiment la mesure de notre engagement personnel pour le bien-être des communautés. Nous faisons appel à ces actes d’engagements concrets qui peuvent être divers et multiformes. Cela peut aller du bénévoles, à l’effort de tout un chacun à donner de lui-même pour le bien être de la société.
Je lance un appel à l’engagement individuel et collectif au niveau des de nos communautés et de notre monde.

Antoine W Dabilgou

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 30 novembre 2009 à 09:19, par Kôrô Yamyélé du Burkina En réponse à : Abbé Isidore Ouédraogo, Secrétaire exécutif national de l’OCADES Caritas Burkina : L’OCADES doit mourir en permettant aux communautés de vivre

    M. l’Abbé, la mort de l’OCADES, ce ne sera pas pour demain. Il y a trop de pauvreté dans ce pays pour que celà soit ainsi.

    En plus beaucoup de gens et de familles qui mangent grâce à l’OCADES pour qu’il meure facilement.

    C’est comme la Banque mondiale qui a été créée pour reconstruire l’Europe après la 2ème guerre mondiale. Mais l’Europe est reconstruite depuis longtemps mais la Banque mondiale n’est pas morte pour autant. Mieux elle existe en pillant aujourd’hui les pays pauvres. Et pourquoi l’OCADES qui rend si d’importants services mourra, lui qui ne pille pas les gens ?

    Au Burkina, on disait aussi dans le ministère de l’agriculture qu’on faisait la vulgarisation agricole de sorte à la rendre inutile plus tard. Mais jusqu’aujourd’hui et même aujourd’hui plus que hier, les paysans ont toujours besoin de vulgarisation agricole.

    Donc l’OCADES ne mourra pas. Merci M. l’Abbé.

    Par Kôrô Yamyélé

    • Le 2 décembre 2009 à 11:09 En réponse à : Abbé Isidore Ouédraogo, Secrétaire exécutif national de l’OCADES Caritas Burkina : L’OCADES doit mourir en permettant aux communautés de vivre

      bien répondu kôôrô ! Mr l’abbé, si l’OCADES meure, l’église a perdu 90% de sa mission car de nos jours, ce n’est pas la parole de DIEU qui attire les fidèles vers "LES EGLISES" (catholiques comme protestantes) et les mosquées mais la solidarité agissante de ces organisations. Voyez comment de milliers de gens de tous les pays même l’occident adhèrent au mouvement sunite qui pour tant est décrié pour "l’intégrisme" et le mauvais comportement de certains de ses dirigeants.
      Sachez qu’il y a plein de richissimes qui ne savent pas comment faire parvenir leurs richesses aux pauvres (pour ne pas dire comment blanchir leurs mauvaises richesses pour certains). donc ils trouvent refuge dans les religions et s’en servent comme canaux. Je pense qu’il n’en manque pas qui financent l’OCADES. Posez leur la question de savoir si l’OCADES doit mourrir. La réponse, je vous laisse deviner.
      Bientôt c’est NOËL et l’OCADES va solliciter l’aide "DES GENS" pour que les pauvres aussi puissent fêter. Pensez-vous que ce sont seulement des catholiques qui vont donner ???
      Salue Mr l’ABBE.

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