Procès de deux chefs de guerre : On n’échappe pas à la loi
- Germain Katanga
Rattrapés par leur passé de chefs de milices, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo sont aujourd’hui dans de beaux draps. En effet, depuis le 24 novembre 2009, ils sont devant la Cour pénale internationale de la Haye (CPI) pour un procès.
C’est connu, on juge les hommes sur leurs actes. Les deux Congolais sont accusés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre en raison de meurtres, viols, esclavage sexuel, enrôlement d’enfants soldats et pillages, commis lors du massacre de Bogoro, un village de l’Ituri à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), le 24 février 2003.
Cela fait donc six ans qu’ils ont endeuillé de nombreuses familles et croyaient se la couler douce quelque part. Mais il fallait bien qu’un jour justice se fasse, et le temps est arrivé pour eux de rendre des comptes.
Les charges sont lourdes contre les deux hommes, et lors de l’audience d’ouverture du procès, le procureur Luis Moreno-Ocampo l’a redit sans sourciller : « La milice de Lubanga était une armée d’enfants. 30% des troupes étaient des enfants soldats qui avaient moins de quinze ans. Ils avaient neuf, dix, onze ans. Ils ne peuvent pas oublier la terreur qu’ils ont vécue et infligée. Comment oublier le bruit des armes, oublier qu’ils ont tué, qu’ils ont violé ou été violés ? »
A la lecture de ces chefs d’accusation, on se demande comment Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo pourraient échapper à la condamnation. Ce qui complique davantage leur situation, c’est que des enfants-soldats viendront témoigner, et il semble que la plupart sont retournés à l’école, même s’ils restent vulnérables ; la honte les affectera toute la vie.
Comme on le voit, on n’échappe pas éternellement à la loi, et c’est un grand jour pour la CPI, qui a de beaux jours devant elle.
L’Ituri, voilà une région où les infrastructures économiques et sociales ont été détruites, les populations livrées à elles-mêmes. Il y a cinq ans, lors de la signature du pacte de paix à Kinshasa, le gouvernement s’était engagé à impliquer les acteurs de la région dans un programme de reconstruction : réhabilitation des infrastructures scolaires, sanitaires, assainissement, accès à l’eau potable, entretien des routes, mais les escarmouches n’ont pas cessé.
Des groupes armés n’ont toujours pas déposé les armes dans ce nord-est du pays, en proie à des conflits ethniques. Résultat, ce sont les populations qui souffrent, contraintes de fuir pour échapper à la mort. Mais tous n’ont pas eu la chance, et on se rappelle les images de ces cadavres ficelés et étendus au sol dans un village.
Des atrocités qui excluent sans aucun doute des circonstances atténuantes. Les avocats de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo auront fort à faire pour repartir avec leurs clients des Pays-Bas.
La justice, dit-on, doit être implacable, et le procureur de la Cour pénale va certainement frapper fort. Les chefs de guerre qui continuent de courir ne sont pas épargnés à moins qu’ils meurent dans leur coin pour éviter d’être jetés dans une sombre geôle.
Justin Daboné
L’Observateur Paalga
Vos commentaires
1. Le 26 novembre 2009 à 15:17, par wend waoga En réponse à : Procès de deux chefs de guerre : On n’échappe pas à la loi
C’est bien fait pour eux ! Ils n’ont pas dit que quand ils entendent les promesses,tous leurs bons senses se constipent ? Ils se sont laissés manipuler,ils ont tué vieux,femmes et enfants,compromettant ainsi l’avenir de la région en matière de bras valides et de richesses minières,pendant que de l’autre coté de l’océant,on se frotte la main grace à ces idioties ! Quand je pense qu’il y en aura encore qui se laisseront aussi manipuler(sic !),quand l’occasion se présentera ! On a l’impression que la tete de l’africain est fait pour ne pas pouvoir analyser les évènements à partir du passé ! Ainsi donc,personne ne sera capable de se dire qu’il perd sur tous les plans en suivant "des conseils" de former une millice.Personne n’est capable de se dire que l’huminité qui le couvrira ne durera que tant qu’il y aura encore quelque chose à tirer de cette guerre civile,et que dès qu’il n’y aura plus rien,il sera rejeté comme une orange pressée !Personne ne comprend que ce sont les meme qui promettent de les protéger qui les délivreront,une fois qu’ils sont rassasiés et surtout !quand ils se sentiront en danger ! J’espère que ceux qui se prépareraient à faire la meme chose sauront tirer les lecons de ce qui arrive à Katanga et acolytes aujourd’hui !