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MASSACRE DU 28 SEPTEMBRE EN GUINÉE : Gros boulot pour la Commission d’enquête internationale

Publié le jeudi 26 novembre 2009 à 02h09min

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Le travail qui attend la commission d’enquête internationale, c’est peu de le dire, est tout simplement titanesque. Le diplomate et juriste algérien Mohamed Bédjaoui, la Burundaise Françoise N. Kayiramirwa, ancien membre de la Cour pénale internationale (CPI) et la Mauricienne Pramila Patten, membre du comité de l’ONU contre la discrimination envers les femmes, ont beau être expérimentés et coutumiers du fait, ce trio nommé par Ban-Ki-Moon aura fort à faire à Conakry.

Les faits sont connus : des civils innocents, des femmes et des hommes ont été pris au piège dans l’enceinte du stade de la capitale guinéenne où ils se sont fait bastonner et tirer dessus comme de vulgaires lapins. Les femmes ont tout simplement vu leur dignité et leur honneur bafoués à jamais. Même si la junte au pouvoir a annoncé ses bonnes intentions en promettant de coopérer, tout le monde s’accorde à dire que ce sont les militaires qui ont perpétré les meurtres et qui ont porté gravement atteinte aux droits humains. La bande à Dadis a annoncé, elle aussi, qu’elle mènera sa propre enquête. Quel crédit faudra t-il accorder aux conclusions qui en découleront ? On devine bien que Dadis Camara ne se fera pas hara-kiri et ne s’auto-flagellera point. Dans le même temps, nombreux sont ceux qui pensent que les militaires au pouvoir à Conakry sont les seuls coupables de la tragédie. Les esprits devraient alors se préparer à accueillir deux commissions d’enquête et deux résultats distincts, même si on est enclin à penser que les travaux de la commission d’enquête de l’ONU sont plus neutres, plus objectifs, par conséquent plus proches de la vérité.

Les enquêteurs internationaux ne manqueront certainement pas de témoins pour raconter ce qu’ils ont entendu ou vu. En vérité, les témoins se compteront par foules dont la majorité sera hostile au chef de la junte. Les fins limiers devraient donc distinguer les commentaires objectifs des préjugés ou des partis pris.

Certains témoignages seront douloureux à supporter dans la mesure où il faudra revivre des scènes ou raconter des situations que les victimes souhaitaient refouler aux confins de leur subconscient. Ne faudrait-il pas aussi exhumer des cadavres pour leur faire parler ? En tous les cas, ce serait des passages obligés pour la manifestation de la vérité ; celle qui consistera à désigner nommément les responsables, les coupables ou les niveaux d’implication des uns et des autres.

Si tous les feux sont braqués sur les militaires de la junte, les organisateurs du rassemblement de la foule, manifestation au préalable interdite, ne devraient pas pouvoir s’en tirer à bon compte. Au contraire, ils doivent eux aussi assumer les conséquences de leur entêtement à conduire d’innocentes populations à l’abattoir dans le seul but d’assouvir leur soif du pouvoir, même si la démocratie est une aspiration légitime des Guinéennes et des Guinéens. La responsabilité de Dadis Camara est peut-être engagée car il est le chef de la troupe. Il ne devrait cependant pas être le seul à porter le chapeau. La possibilité qu’un complot ait été ourdi contre le Capitaine ambitieux n’est totalement pas à écarter. Au cas où sa culpabilité serait avérée, il faudrait craindre que des bâtons ne soient mis au travers des roues de la médiation conduite par Blaise Compaoré et qui vise à réconcilier les Guinéens et à remettre le pays sur les rails. Il importe cependant de faire la distinction entre médiation et enquête.

Le moment de rendre compte approche et il importe de tout mettre en oeuvre pour démasquer les donneurs d’ordres et les exécutants. Certes, le rapport d’enquête, dont les conclusions ne seront pas rendues avant plusieurs mois, ne manquera pas d’épingler des Guinéens. Il ne faudrait cependant pas perdre de vue le fait que c’est le destin de tout un peuple qui est en jeu. Assurément, un gros boulot attend la Commission d’enquête internationale à Conakry.

Le Pays

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