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Pourparlers guinéens : Le Facilitateurs teste « sa méthode »

Publié le vendredi 20 novembre 2009 à 02h09min

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Hier 19 novembre, les protagonistes de la crise guinéenne se sont retrouvés au palais présidentiel de Kosyam. Ils y avaient rendez-vous (séparément) avec le Facilitateur, qui entame ainsi la médiation véritable avec « sa méthode » éprouvée au Togo et en Côte d’Ivoire, dont l’objectif final est de faire fumer le calumet de la paix.

Ceux du CNDD sont arrivés au Burkina ensemble tandis que les représentants du Forum des forces vives (FFVG) sont parvenus à Ouagadougou de façon disparate. Comme la fois passée, le fait que tous ne résident pas au même endroit est une des explications de ces arrivées en rangs dispersés. Par exemple, excepté un Jean-Marie Doré, patron de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG), qui réside actuellement à Conakry, et quelques autres personnalités du monde syndical, les autres poids lourds de l’opposition guinéenne ont un pied dedans, un pied dehors pour ne pas dire dehors.

Ainsi en est-il de Celloun Dalein Diallo, qui vit de nos jours à Paris ; de Sidya Touré qui est entre Abidjan et Paris, d’Alpha Condé, qui se déplace fréquemment également, idem pour Laonseny Fall. On se rappelle que le 4 novembre 2009, Blaise Compaoré avait reçu « la composition » qu’il avait collée aux FFVG et, une semaine plus tard, c’était au tour de la junte de remettre sa copie au médiateur.

Chacun de ces documents est le concentré de ce qui tient à cœur aux deux parties. En possession de ces mémorandums, Blaise Compaoré avait laissé entendre, sur le perron de la salle polyvalente, que « d’ici une semaine un projet de cadre de dialogue sur tous les thèmes dans l’optique d’une sortie de crise à la fois pour les questions politiques, économiques et sera arrêté ». Pari tenu, puisque hier il a enclenché sa « méthode » qui consiste à recevoir séparément les deux camps puis à les confronter pour dégager le référentiel commun en vue des pourparlers.

Hier donc, sur le coup de 16 heures, le Facilitateur a reçu les Forces vives à Kosyam. Une heure après, c’était au tour des émissaires du capitaine Dadis de rencontrer Blaise Compaoré. Procédé qu’il avait appliqué avec les Togolais et les Ivoiriens. On sait que les FFVG tiennent au départ de Dadis et du CNDD, qui ne doivent plus être impliqués dans le processus électoral.

La junte ne voit pas la chose de cet œil et affirme qu’elle sera bien présente dans le processus électoral. On sait que la forme de l’Autorité de transition, l’éligibilité et le chronogramme sont les sujets de fond de ces pourparlers. Alors que la période de 6 mois est avancée comme la durée de cette transition et qu’on susurre qu’on est à la recherche d’un Premier ministre pour cette période, Dadis est en passe de créer sa formation politique (lire notre Regard sur l’actualité du 19 novembre 2009) preuve qu’il n’a pas mis sous boisseau son ambition de rester au Camp Alpha-Yaya.

Parviendra-t-on à accepter qu’il troque son uniforme contre un trois-pièces pour battre campagne ? Autrement dit, acceptera-t-on que Dadis conduise la transition ? Qui sera le PM de transition ? A quoi va ressembler ce Conseil national de transition (CNT) ? Les forces vives intégreront-elles ce gouvernement transitoire ? Comment va procéder Blaise pour aboutir à une esquisse de préaccord ? On l’aura constaté, ce n’est pas facile, pour parler comme l’homme de la rue.

A l’heure où nous traçons ces lignes, on ne sait pas ce que dira le Facilitateur après ces conclaves avec les deux tendances, ni s’il va pour la première fois (ce qui est prévu vraisemblablement) mettre les FFVG et les envoyés du CNDD autour d’une table de Conseil des ministres. Dans tous les cas, aujourd’hui 20 novembre, les intéressés sont toujours à Ouagadougou et probablement que le dialogue se poursuivra. Il s’agit de l’entame des véritables négociations, avec la présence des différents adversaires. Mais bien malin qui pourra dire ce qui sortira de ce 3e round de cette facilitation.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 21 novembre 2009 à 10:02, par mytibkèta En réponse à : Pourparlers guinéens : Le Facilitateurs teste « sa méthode »

    La crise guinéenne apparait comme un bourbier voire un piège dans lequel s’est enfermé Blaise qui en fait trop au niveau de la sous région . Celà amuse les autres chefs d’états africains. Qu’on se rappelle de ce que disait Bagbo quand i s’est agit de choisir un médiateur pour la Côte d’Ivoire. Que celui qui a allumé le brasier l’éteigne.Lorsqu’on fait une lecture de la situation comparée de la Guinée et du Burkina, il y a une similitude quant à la manière dont les militaires en guinée veulent acceder au pouvoir. ca marché au Burkina et en Mauritanie. je ne pense pas que la société civile guinéenne se laissera avoir même si parmi eux certains émargeraient à la présidence burkinè. pour une fois si d’aventure la transition se devait de maintenir Dadis au pouvoir je doute fort que celà soit accepté par la société civile. Et puis qu’est ce qui fait courir Blaise qui visiblement n’en a cure avec la situation nationale qui serait marquée par les détournements des contributions faites pour les sinistrés( surfacturation d’équipements non nécessaires à la gestion de la crise, décision hasardeuse quant à la délocalisation de l’hopital Yalgado, la non approche technique conséquente du problème de l’évacuation des eaux pluviales et qui peut permetre de viabiliser les zones proches des canaux pas pour les sociétés immobilières mais pour ceux là qui y sont et qui ont vu naître tous ceux là qui s’agitent de manière intéressée. Si 2010 parait comme une formalité pour Blaise, le reveil peut être douloureux s’il continue à s’occuper des autres au détriment de son pays. Les guinéens feront partir Dadis même si comme Blaise l’avait dit il n’y a pas match entre ceux qui ont les armes et ceux qui ont les mains nus.Celà est valable au Burkina mais pas partout.

  • Le 23 novembre 2009 à 08:08, par Sutongnoma En réponse à : Pourparlers guinéens : Le Facilitateurs teste « sa méthode »

    J’ai un autre souci que celui de ces interminables médiations qui n’ont pour seul but que de booster le LEADERSHIP de Blaise COMPAORE.
    Le peuple lui qui l’a pourtant "élu et réélu ?" n’a qu’à se chercher.
    A titre d’exemple je viens d’apprendre que nos voisins maliens projettent de mettre en place au titre de la fluidité du transport urbain, LE SYSTEME DE TRAMWAY, le métro quoi !
    C’est ca LE LEADERSHIP plutôt que cet éternel DEFOULEMENT MEDIATICO-JUBILATOIRE de Ouagadougou.
    Pour revenir à cette soi-disante médiation, lorsque les idées du médiateur sont réfutées par les protagonistes, qu’est ce que ce médiateur attend pour reconnaitre son échec et remettre le dossier à son mandataire ? Ce serait plus honorable sinon le pire est à venir car il risque fort de devenir la cible commune de ces protagonistes.
    Tout le monde n’est pas prêt de s’engager dans ce jeu d’équilibriste !
    De grâce un peu de temps pour ton peuple si tu l’aimes !!!!!
    A titre illustratif COMPAORE ne s’intéresse aux Burkinabé que lors de consultations électorales.
    Sincèrement on commence à en avoir ras le bol. Les oiseaux dans les cieux croisent plus notre président que nous mêmes sur la terre de YENNENGA. Je me demande s’il a encore un seul conseiller digne de ce nom ?
    C’est le cri de cœur d’un frère désemparé.
    Sutongnoma.

  • Le 23 novembre 2009 à 21:41, par Leclair En réponse à : Pourparlers guinéens : Le Facilitateurs teste « sa méthode »

    Comme les Soro étaient ses gars et venaient "s’adosser" au Burkina pour reprendre de l’élan et aller frapper Gbagbo et ses étais, Blaise avait une position de "père" et a su infantiliser et peser sur les forces en présence, les FN notamment.Sa stratégie a marché.Mais en voulant infantiliser les Forces vives, il comprendra que il file du mauvais coton. Il doit savoir au moins que les Soro étaient une force militaire et que le Cellou Dallein Diallo sont des forcespolitiques. Attention, Mr Médiateur International !

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