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PARLEMENTS AFRICAINS : Reconquérir la confiance perdue

Publié le lundi 16 novembre 2009 à 00h47min

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Sur invitation du Parlement du Burkina Faso, la 32e Conférence et la 55e Session du Comité exécutif de l’Union parlementaire africaine (UPA) se tiendront à Ouagadougou du 16 au 20 novembre prochains. Faut-il le rappeler, l’UPA, qui s’est donné pour slogan la promotion de la démocratie et le développement durable, rassemble toutes les institutions parlementaires des Etats africains. L’approfondissement de la démocratie figure parmi ses objectifs.

L’occasion faisant le larron, nous avons pris prétexte de l’organisation de ces deux événements de l’UPA pour poser à nouveau la problématique de l’utilité ou de la légitimité des parlementaires dans nos sociétés en pleine mutation. Il est admis, en règle générale, que les députés, qui constituent le pouvoir législatif, votent les lois, lèvent les impôts et contrôlent l’action du gouvernement. Leur participation à l’édification de la démocratie n’est pas ici remise en cause. On peut cependant remarquer que le poids des parlements africains sur les gouvernements ne se fait pas trop souvent ressentir. Certes, les questions orales ou écrites posées par les députés obligent les ministres à apporter des éléments de réponses et peuvent être des moyens efficaces de contrôle de l’action gouvernementale.

Malgré tout, on peut constater que les auto-saisines et les enquêtes parlementaires ne sont pas des faits courants dans nos espaces démocratiques, contrairement aux pays à démocratie avancée où les parlements représentent des institutions fortes et crédibles. Ailleurs, il est aisé de constater que les députés, sans aucune gêne, votent souvent contre leur propre parti au pouvoir ou contredisent le bien-fondé de certaines de ses pratiques. C’est dans l’espace francophone, en général, que l’on peut observer que les parlementaires africains entretiennent avec les gouvernements des relations parfois douteuses : révisions constitutionnelles suspectes et placements de personnalités soumises au perchoir des parlements. En somme, les parlements africains sont devenus comme des caisses de résonance contrôlées par le pouvoir exécutif, à l’image de beaucoup d’autres institutions. Au Niger, le Président Tandja a dissous l’Assemblée nationale et la Cour constitutionnelle qui s’opposaient à son projet et qui, en réalité, jouaient parfaitement leur rôle. Il a notamment mis en place un parlement d’opérette dompté et acquis à sa cause. L’UPA ne manquera certes pas l’occasion de se pencher sur le cas d’école que lui offre à méditer le Niger.

Nombreux sont les députés qui semblent avoir perdu de vue le fait qu’ils ont été élus par le peuple. Après leur élection, ceux-ci s’accordent beaucoup d’avantages matériels comme financiers, et érigent des "murs de Berlin" qui les isolent de leurs bases. Et alors que les populations croupissent dans la misère, la maladie et la faim, les honorables députés savourent, eux, les délices de la vie. La crise de confiance entre les parlementaires et les peuples africains est si profonde qu’il faut très vite entreprendre des stratégies de reconquête ou de restauration de cette confiance perdue. Les opportunités qu’offrent les sommets de l’UPA pourraient servir à cela. Les parlementaires africains, à l’image de leur slogan et conformément à l’un de leurs objectifs, se doivent d’aider à la réalisation effective des idéaux de liberté, d’égalité, de paix, de justice et de promotion des droits humains. L’UPA devrait plutôt dépasser le stade des voeux pieux pour s’ériger en Parlement des parlements et trouver les réponses aux vraies préoccupations des peuples africains qu’elle est censée représenter.

Par Boureima OUEDRAOGO SONRE

Le Pays

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