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Ecoles Wemtenga : Les odeurs malmènent le savoir

Publié le jeudi 12 novembre 2009 à 02h34min

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Les écoles Wemtenga (A,B,C,D) au secteur n°29 de Ouagadougou, dans l’arrondissement de Bogodogo, évoluent dans un environnement des moins radieux et très peu désirables en termes d’hygiène et d’assainissement. Le bloc de ces quatre écoles primaires appartenant à la Circonscription de l’enseignement de base (CEB) de Ouaga 12, est dépourvu de clôture. Les latrines, quantà elles, existent mais laissent à désirer, sont insuffisantes et hors d’usage par endroits. Constat dans un établissement où, enseignants, élèves, Association de parents d’élèves (APE) et même les riverains (accusés à tort ou à raison) appellent au secours.

C’est l’heure de la récréation. Les élèves des écoles primaires de Wemtenga (A,B,C,D) sortent pour jouir des quinze minutes précieuses d’interruption de cours.
Une fois hors des classes, les uns se dirigent vers les vendeuses installées sous les arbres pour s’acheter de quoi se mettre sous la dent, les autres foncent tout droit vers les latrines pour se soulager. Dans ce brouillamini,, certains élèves se soulagent à l’air libre derrière les classes ou ont recours aux latrines des riverains. Sont de ceux-là, l’élève Abdoul Faïçal Zerbo de la classe de CM2 B. Son école n’a plus de latrines. "Les WC de notre école sont gâtés donc les maîtres nous conseillent d’aller chez les voisins pour se soulager", explique-t-il. Sa camarade de classe, Afo Kaffui complète : "Nous sommes obligés d’aller à la maison ou chez les voisins pour faire nos besoins. Certains élèves le font derrière les classes et les odeurs nous dérangent".

Pour la directrice de l’école, Kéyombié Kansolé, le problème est préoccupant. A sa prise de fonction, l’école possédait des latrines, mais depuis belle lurette, celles-ci se sont effondrées. Les tentatives de réhabilitation sont restées sans suite. Un projet dont elle ne se rappelle plus le nom, serait passé et aurait même décoiffé les latrines pour une réfection. Depuis lors, c’est le silence radio. L’école possède également un urinoir qui n’est malheureusement pas fonctionnel.

De l’inexistant à l’existant

Le président de l’Association des parents d’élèves (APE) de Wemtenga B, Stanislas Zongo, au regard de la situation, lance un appel à toute personne ou structure de bonne volonté pour venir en aide à l’établissement. "A chaque assemblée générale, nous posons le problème car cela fait pratiquement quatre ans que qu’il n’y a plus de latrines pour les élèves" souligne M. Zongo.
Il soutient que le problème a été porté à la connaissance des premiers responsables de la commune. Chacune des quatre écoles du bloc scolaire Wemtenga à une direction, une APE et AME (Association des mères éducatrices).

Si à Wemtenga B, la préoccupation essentielle est de réhabiliter les latrines, ce n’est pas le cas dans les autres écoles du bloc. Ces dernières en possèdent, mais le problème se situe à un autre niveau : la gestion. L’enseignante responsable de l’hygiène et assainissement de l’école Wemtenga A, Mme Edith Kyelem/Ouédraogo explique : "Notre école possède un bloc de latrines, toutes fonctionnelles. Maintenant, notre problème, c’est l’entretien. Comment garder les lieux propres ?". Et de souligner : "Nous demandons aux élèves, notamment, les plus grands, ceux du CM2, de nettoyer les latrines. Ils le font également, une fois par semaine, à savoir le samedi". Nonobstant ce nettoyage hebdomadaire, une odeur nauséabonde se dégage des alentours.

"On ne peut même plus s’asseoir à l’ombre des arbres à cause des odeurs. Il faut absolument désinfecter les lieux. Nous avons besoin de désinfectants", confie l’institutrice avant de relever que les portes de leurs latrines ne sont pas fermées aux élèves de l’autre bloc qui n’en n’ont pas.
De l’autre côté, à Wemtenga C (côté Sud-Ouest du bloc scolaire), il y a également des latrines. Cependant, leur nombre est jugé insuffisant. Le directeur de l’école, Mohamadi Congo, affirme qu’il n’y a que sept latrines pour plus de 400 élèves. D’où les encombrements et les bousculades aux heures de récréation. M. Congo qui a pris la direction de l’école seulement en cette rentrée scolaire 2009-2010, suggère l’augmentation du nombre de latrines.

En ce qui concerne la gestion des latrines à l’école Wemtenga C, elle est gérée par l’APE et l’Association des mères éducatrices (AME). Une contribution de 1000 F CFA par an est demandée à chaque élèves.
Deux institutrices ont été choisies pour les questions d’hygiène et d’assainissement à l’école Wemtenga C. Il s’agit de mesdames Rosalie Kaboré/Gandéma et Laure Yaméogo. Selon ces deux responsables de l’hygiène et de l’ assainissement, les 1000 frs collectés annuellement auprès des écoles permettent de désintéresser la demi-douzaine de femmes qui offrent leur service à l’école en nettoyant les latrines chaque semaine.

"Nous ne pouvons que désintéresser ces braves femmes. Nous ne pouvons pas payer ce qu’elles font pour nous. Elles ne reçoivent qu’environ 4000 frs par mois, pour celles qui sont régulières", avoue madame Kaboré. Et sa collègue, Mme Yaméogo d’ajouter que tous les élèves ne cotisent pas. Ce qui complique davantage leur tâche.
Le président de l’APE de Wemtenga C, le Rassemb Naaba de Wemtenga, Philippe Kobindé confirme : "Les parents d’élèves refusent de payer la cotisation conventionnelle de 2000 frs par an. N’en parlons même pas d’une autre cotisation pour nettoyer les latrines". Selon lui, certains parents ont très mal compris la gratuité de l’école décidée par les autorités en charge de l’enseignement primaire au Burkina Faso. Et de préciser que l’initiative de confier le nettoyage des latrines de l’école à des femmes du quartier a été prise depuis quatre ans.

Le manque d’eau à l’école Wemtenga C ne facilite par les choses. "Depuis la reprise des cours cette année, nous n’avons pas d’eau. La pompe s’est abîmée. Même pour nettoyer le tableau, il faut apporter l’eau du domicile", soutient Laure Yaméogo.

La plus petite des écoles du bloc scolaire Wemtenga est la D. Cette école ne compte que trois classes regroupant un effectif de 119 élèves bénéficiant de six latrines nouvellement refectionnées. Pour le directeur, Elie Ouédraogo, ces latrines semblent couvrir les besoins des élèves. Il affirme que la question de l’hygiène et l’assainissement est prise au sérieux dans l’établissement. A l’école Wemtenga D, il y a également un responsable en charge de l’hygiène et l’assainissement. Là, l’entretien des latrines se fait par classe et à tour de rôle par les élèves.

Absolument une clôture

S’il y a une situation que les occupants des écoles Wemtenga et leurs riverains déplorent, c’est bien le manque de clôture pour protéger les lieux. La cour de l’établissement, sans protection est exposée à toutes sortes de saletés et à des pratiques incommodes pour un lieu d’éducation. Les principaux occupants des écoles à savoir élèves et enseignants, accusent le voisinage. "L’école n’ayant pas de clôture, les riverains utilisent les mêmes latrines que nous. Du coup, le problème de salubrité se pose. Sans oublier d’autres répercussions néfastes", déplore Claude Damien Djiguemdé, directeur de l’école Wemtenga A.
"Les riverains viennent déféquer dans nos latrines et même dans la cour de l’école, derrière les classes parce qu’il n’y a pas de clôture. D’autres viennent y jeter des ordures", regrettent pour leur part, mesdames Kaboré et Yaméogo de l’école B. Ces enseignantes affirment, avec consternation, que les salles de classe sont même transformés en chambres de passe. "Il arrive parfois de trouver des préservatifs utilisés devant ou dans les classes", soutiennent-elles.

Le gardien du bloc scolaire, Jean Pascal Bonkoungou, trouvé à son poste aux environs de 22 heures ce samedi 7 novembre 2009, confirme : "J’ai presque 20 ans de service dans cet établissement. Le manque de clôture fait que des choses inadmissibles se déroulent ici. En voyant certaines scènes, je suis parfois obligé de réagir. Je suis souvent menacé par des personnes prises sur le fait", souligne le vieux gardien. Celui-ci plaide pour le recrutement d’autres gardiens, car selon lui, la cour est très vaste pour un seul. Il souhaite surtout que l’on songe à clôturer la cour du bloc scolaire pour éviter les dérives des riverains.

Accusés, les riverains se défendent. De l’avis de mademoiselle Marie Rouamba, habitant le côté Nord de l’établissement, "aucun riverain consciencieux n’oserait aller salir la cour de l’école dans la mesure où nous y avons soit un enfant, soit un frère, une sœur, un cousin, etc. qui fréquente là-bas". Mlle Rouamba pense plutôt que les saletés viennent du marché à proximité. En effet, le bloc scolaire est situé à moins de 200 mètres au côté Est du marché de Wemtenga. Ce qui n’est pas sans conséquences. En outre, l’école est entourée de maquis (il y en a presqu’à chaque angle). La nuit, l’école est occupée par des clients puisque des chaises y sont déposées.

Un des propriétaires de maquis, Sena Kwevi, rejette en bloc l’accusation de salir la cour de l’école ou d’utiliser les latrines de l’école. "Notre maquis a des latrines où les clients se soulagent en cas de besoin. Nous avons également des poubelles. Nous ne sommes donc pas responsables des saletés qui jonchent la cour de l’école", rassure M. Sena et de poursuivre qu’il lui arrive souvent de faire appel à des enfants du quartier pour enlever des ordures dans la cour de l’école moyennant quelques pièces d’argent. Pour lui, la source de l’impropreté des écoles Wemtenga est à rechercher dans le manque de clôture et de poubelles au sein de l’établissement.

De son côté, Gabriel Rouamba, un autre riverain, estime que la responsabilité incombe aux enseignants, aux dirigeants et aux associations de parents d’élèves. "Le problème de manque d’hygiène est dû à une mauvaise gestion de l’école. L’établissement est prédisposé à être sale. Comment voulez-vous qu’il en soit autrement ?", conclut-il, visiblement remonté. Lui aussi, préconise en plus de la construction de la clôture, une dotation de l’école en poubelles.

Le problème de l’hygiène et de l’assainissement dans les écoles Wemtenga (A, B, C et D) se pose ainsi avec acuité. Apparemment chacun des acteurs (élèves, enseignants, APE, AME, riverains etc.) en a conscience. Chacun fait de son mieux et propose des solutions. La balle est peut-être maintenant dans le camp des décideurs (autorités municipales, responsables de la CEB...). Les tentatives de recueillir l’avis de certaines autorités sont restées infructueuses.
Le bloc scolaire a eu à abriter des sinistrés de la pluie du 1er septembre 2009. Des doléances auraient été recensées à cette occasion et auraient pris en compte toutes les préoccupations des écoles Wemtenga. On attend de voir la suite.

Alban KINI (alban_kini@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 12 novembre 2009 à 03:47, par le penseur belekili En réponse à : Ecoles Wemtenga : Les odeurs malmènent le savoir

    Au lieu de passer tout le temps a vouloir deguerpir les gens soit disant de zones inombrable et a ses propres faim, pensez, messieurs les premiers responsables des differentes communes, a trouver des solutions efficases et et a long termes, pour une education bonne et radieuse de nos enfants et de nos jeunes freres.
    par un Burkinabe

  • Le 12 novembre 2009 à 04:35 En réponse à : Ecoles Wemtenga : Les odeurs malmènent le savoir

    Je crois sincrement que l’on doit apprendre aux eleves des la maternelle a bien vise le trou quand ils chient...ils faut que l’on commence a mise sur l’education civique...sinon c’est grave...ils tous responsable de la salete dans ses ecoles...les parents, les eleves, les enseignants, les riverains, les maquiseurs.

  • Le 12 novembre 2009 à 18:30, par Kôrô Yamyélé En réponse à : Ecoles Wemtenga : Les odeurs malmènent le savoir

    Le PDDEB est là pour celà et non pour compléter des étages individuels des gens dans des quartier périphériques. Il faut que le Bureau des parents d’élèves monte un document de projet et aille le déposer au SP/PDDEB pour faire un mur et construire des toilettes commodes, car il est là pour celà. Le PDDEB n’est pas là pour payer des indemnités, des perdiems, des frais de missions, des frais de carburant et des véhicules 4X4 qui encombrent nos rues à Ouaga.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 20 novembre 2016 à 15:56, par Wilfried SIMPORE En réponse à : Ecoles Wemtenga : Les odeurs malmènent le savoir

    Tous les bénéfices du concert Douhaou pour l’enfance de CHEBEEN seront reversés à l’administration de l’école Wemtenga pour servir de contribution et démarche préalable de réhabilitation des toilettes de l’école Wemtenga.
    Venez nombreux le Jeudi 1er Décembre 2016 entre 18h et 22h, vivre un spectacle live intense avec vos stars et vedettes préférées en faisant parler votre coeur en faveur des élèves de l’´école Wemtenga.
    Réservez au 63 10 02 63 et chebeenmusic@gmail.com

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