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Délivrance massive de cartes nationales d’identité : La présidentielle s’annonce, le gouvernement presse le pas

Publié le mardi 10 novembre 2009 à 01h04min

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Le chef du gouvernement Tertius Zongo a rencontré, le lundi 9 novembre 2009 à Ouagadougou, les gouverneurs de région et les hauts-commissaires de province aux fins d’accélérer l’opération d’enregistrement gratuit et universel des naissances, et la délivrance massive des cartes nationales d’identité burkinabè.

A l’orée de l’élection présidentielle de 2010, le Premier ministre Tertius Zongo, entouré de son gouvernement, a discuté, le lundi 9 novembre, avec les gouverneurs des treize régions et les hauts-commissaires des quarante-cinq provinces du pays. Objectifs, faire le point sur le déroulement de l’opération d’enregistrement gratuit et universel des naissances, lever les difficultés et mettre les bouchées doubles pour la délivrance des cartes nationales d’identité burkinabè (CNIB).
Tertius Zongo a rappelé que suite à l’opération d’enregistrement gratuit et universel des naissances lancée le 27 avril 2009 à Ouaga 2000, les gouverneurs et hauts-commissaires ont été confrontés à des difficultés, "hypothéquant ou compromettant par endroit sa conduite harmonieuse et sereine".

Entre autres obstacles qui ont impacté les résultats : la mise à disposition tardive des registres et des imprimés d’état civil, les difficultés inhérentes à la logistique, au matériel et aux ressources financières, la lenteur dans la procédure de paraphe et de cotation des registres de naissance. Par ailleurs, la saison pluvieuse a tempéré la mobilisation sociale autour de l’opération d’une part et ralenti le déplacement des équipes mixtes, d’autre part. Le faible niveau d’instruction de certains membres des équipes mixtes, l’indisponibilité de certains membres du tribunal départemental et l’inorganisation de certains services municipaux ont été également relevées. "Sachant que toute action porteuse de progrès doit reposer sur une parfaite maîtrise de son contexte et sur un savoir-faire, le gouvernement a dégagé des moyens financiers et matériels assez conséquents afin de permettre à l’opération de se dérouler normalement", a souligné le Premier ministre. L’Etat a débloqué près de 1 milliard 571 millions de F CFA pour le seul volet état civil, en vue de rendre disponibles les imprimés, registres et fournitures et soutenir le déploiement des équipes mixtes auprès des populations.

Une CNIB ou un passeport pour voter

Des partenaires comme l’UNICEF, Plan Burkina et San’Egidio sont venus renforcer le dispositif national. "Les informations en notre possession nous ont révélées que dans de nombreux départements, les équipes mixtes commises à la tâche se sont engagées à fond pour toucher le maximum de la population concernée", a indiqué Tertius Zongo. Malheureusement, a-t-il poursuivi, dans certaines provinces et communes, "l’indifférence, l’incompétence et les querelles de clocher ont encore eu droit de cité". Concernant cet exemple, le système de rapportage, qui devrait permettre un suivi efficient des résultats, a été sérieusement grippé faute de mise à jour régulière des statistiques par certaines provinces.
"Cet état de fait est inadmissible quels que soient les motifs évoqués", s’est indigné le chef de gouvernement.

Qui plus est, Tertius Zongo a expliqué le bien-fondé et l’intérêt de l’opération de délivrance massive de pièces d’état civil à la population. Selon lui, "cette opération a une importance historique pour notre pays car elle va contribuer principalement au renforcement de la démocratie à la base, à la participation citoyenne à la gestion de la chose publique et à la consolidation de l’Etat de droit". Au Burkina Faso, a-t-il fait remarquer, la situation sur le plan politique et en matière de gouvernance est marquée par la maturité des institutions démocratiques et l’affirmation de plus en plus visible du rôle de la société civile dans la gestion des affaires publiques. Ce contexte socio-politique a favorisé l’ancrage de nouvelles pratiques démocratiques comme la tenue régulière des élections, l’affirmation du pluralisme politique, l’élargissement des espaces d’expression et le renforcement du processus de mise en œuvre de la décentralisation.

Dans ce contexte, a insisté le Premier ministre, la problématique de l’accès aux documents relève d’une exigence première.
"Pour sortir de l’invisibilité et pouvoir jouir de son statut de citoyen pour exercer son droit de vote, l’individu devrait à terme disposer d’un document comportant une photo permettant de l’identifier", a-t-il déclaré. En effet, les dispositions du code électoral, qui autorisent les citoyens à utiliser entre autres la carte de famille, l’extrait de naissance, le jugement supplétif d’acte de naissance, le livret de famille, le livret militaire et le livret de pension civile pour faire état de leur identité et participer aux élections pourraient devenir caduques pour compter de la prochaine élection présidentielle de 2010.

15 000 CNIB/jour à Ouagadougou, 10 000 à Bobo-Dioulasso

Dans cette optique a dit le chef de gouvernement, tous les Burkinabè en âge de voter sur le territoire national devront se munir obligatoirement d’un des documents ci-après : une carte nationale d’identité burkinabè, ou un passeport. Or, "l’établissement de ces pièces repose sur l’acte de naissance".
S’adressant aux gouverneurs et hauts-commissaires, le Premier ministre a fait observer que si cette démarche évolutive et moderniste vise à asseoir les conditions optimales propres à un Etat de droit et de démocratie, l’accès difficile aux pièces d’état civil par les populations dans les différents villages constitue par conséquent "une réelle entrave à l’exercice de la citoyenneté formelle, notamment au plein exercice de droit de vote".

D’autre part, de nombreux enfants ne sont pas enregistrés à la naissance. Une enquête menée en avril 2004 au Burkina Faso montrait que sur 7 401 364 enfants âgés de 0 à 18 ans, seulement 2 467 121 sont enregistrés . Pour permettre à tous les Burkinabè de jouir de leurs droits civiques le gouvernement a donc déclaré l’année 2009 pour l’enregistrement gratuit des naissances. D’où la présente campagne visant à enregistrer à l’état civil tous les Burkinabè en âge de voter, mais également toute personne sans distinction d’âge et de sexe, non détentrice d’acte de naissance.
Concomitamment à la délivrance des actes de naissance, l’Office national d’identification (ONI) s’active pour délivrer les CNIB. "Afin qu’elle puisse conduire à bon port cette opération, cette institution a bénéficié de la part du gouvernement, d’un financement qui lui a permis d’améliorer sa capacité de production journalière", a fait savoir Tertius Zongo. C’est ainsi que le centre de Ouagadougou confectionnera 15 000 cartes nationales d’identité par jour, tandis que celui qui sera ouvert à Bobo-Dioulasso en produira 10 000 par jour.

"Cette opération comporte d’énormes enjeux qui vous interpellent personnellement et collectivement en tant qu’administrateurs de proximité sur vos capacités à répondre avec rapidité et efficacité aux difficultés quotidiennes du terrain et à imprimer des changements qualitatifs qui s’imposent le cas échéant", a dit le Premier ministre aux grands commis de l’Administration territoriale. "Dans cette perspective, a-t-il ajouté, vous devrez être des artisans irréprochables et engagés, des administrateurs patriotes fortement imbus des principes républicains et des vertus d’intégrité et de la bonne gouvernance pour relever ce défi".

Bachirou NANA

Sidwaya

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