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Sport au Burkina Faso : Des dirigeants sportifs en rond

Publié le lundi 9 novembre 2009 à 02h49min

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Les relatifs succès enregistrés dans diverses disciplines (athlétisme, football, arts martiaux…) n’empêchent nullement que l’on s’appesantisse sur les insuffisances du sport au Burkina Faso. Une telle halte à un moment d’espérance et d’espoir aidera sans doute à booster les prouesses réalisées dans un souci de pérennisation. Malgré les dizaines d’écoles de formation, existantes et fonctionnelles dans les domaines du football et du cyclisme notamment, la cassure de la catégorie des cadets à celle des séniors est telle qu’elle suscite des interrogations. Le sport burkinabé en général et le football en particulier doit-il s’enrichir d’une relève forgée essentiellement à la base ou se nourrir de la logique traditionnelle de cooptations parfois absurdes ou contradictoires ?

Le paysage sportif national est l’un des plus polémiques de la sous-région. Il est loin d’être animé de ses résultats ou de l’effervescence de ses rencontres.

Les stades sont quasiment vides et en dépit de l’amour du football que vouent les supporters burkinabé, ceux-ci sont des rares au monde à qui sont gracieusement offerts des tickets d’accès aux matchs. Ils sont toujours prêts à insulter les joueurs et à accuser les dirigeants ou les entraîneurs sans songer à soutenir les équipes par les « youyou » ou en mettant la main à la poche. C’est plutôt le paradoxe de la gestion et la frivolité des fédérations caractérisant l’univers sportif national qui font couler tant d’encre et de salive.

Bien au-dessus des autres sports en termes de financements, de supporters, d’engouement et d’intérêt politique, le football révèle à 95% la triste réalité. Cette discipline est toujours sous les feux de la rampe. De 1978, date de la première participation au Ghana à une phase finale d’une Coupe d’Afrique des Nations (CAN) grâce à un repêchage à une très probable présence en 2010 en Angola, le Onze national, toutes catégories confondues, connaît des fortunes diverses.

L’euphorie de 1996 a lamentablement pris fin sur une note de règlement de comptes et une chasse aux sorcières et le rêve de 1998 en terre natale transformé en cauchemar lorsque l’occasion s’est présentée d’inscrire le nom de notre pays au palmarès biennal du football continental. Depuis les aventures de 2002, 2004 (un milliard de FCFA souscrit pour un but marqué) ont toutes mis à nu les limites tactiques et managériales du sport-roi burkinabé. Entre guéguerres et échappatoires, boucs émissaires et fuites en avant, le football national s’est profondément déchiqueté avant de trouver un souffle nouveau en 2009 même si les ambitions de départ de se qualifier pour le Mondial sud-africain ont été revues à la baisse.

A chaque crise, les auteurs de la débâcle sont hâtivement désignés dans un acharnement décrescendo souvent sous la manipulation de l’un ou de l’autre des acteurs : l’entraîneur d’abord, les joueurs ensuite, puis la fédération et enfin dans une moindre mesure le ministère de tutelle. Si les coachs nationaux sortent généralement bredouilles et payés en monnaie de singe de ce duel avilissant, leurs camarades expatriés se taillent pour la plupart du temps le pactole lors de l’éclatement d’une mésentente à cause de contrats bien ficelés. Le football souffre en réalité d’un problème de management. Des cas insolents dévoilent les faiblesses des dirigeants sportifs.

Les animateurs du sport-roi sont parfois emportés dans un élan de dirigisme et de passion qu’ils oublient les exigences en termes de savoir-faire, de planification et de prospective d’une discipline devenue une véritable industrie. Quelle que soit l’éloquence de la politique nationale de développement des Sports, sans une stratégie fiable et un plan viable pour la mettre en œuvre sous l’impulsion d’acteurs aux talents reconnus, tout engagement s’avère un soufflet verbal. Les solutions aux maux du sport burkinabé en général et du football en particulier sont à rechercher dans la gouvernance des différentes disciplines avant toute chasse sur les terrains. C’est le gouvernail qui conduit à bon port. « Il faut s’assurer du fait avant de s’inquiéter de la cause », l’a si bien conseillé Fontenelle in « Histoire des Oracles ». Si la gestion administrative est faussée dès le départ, il ne peut en être autrement de la dimension technique et tactique.

Autant on ne dirige pas une équipe avec une calculatrice en poche comme l’a fait remarquer l’ex-président du club ivoirien, l’Africa Sports, Simplice Demesse Zinsou, autant on ne peut prétendre occuper un poste de dirigeant sans maîtriser les fondamentaux de la discipline sportive. Les seuls amour et dévouement ne suffisent pas. Dans ce cas, la sagesse voudrait que l’on restât supporter et apporter sa contribution que de se frayer un rôle de manager pour jouer au trouble-fête de bonne foi dû à son ignorance. La conduite des équipes sportives burkinabé semble ne reposer sur aucun leadership. Et les compromis, les compromissions et les trafics d’influence à chaque élection de Fédération affaiblissent le sens de la responsabilité dans les errements des sports pour lesquels l’Etat dépense des milliards F de CFA des contribuables pour des résultats jamais atteints. Des révélations inimaginables forcent à croire que les pilotes du football burkinabé ne disposent le plus souvent ni de boussole, ni de tableau de bord, ni de fiche technique, encore moins de feuille de route. Une gestion à l’aveuglette, un tâtonnement...

"S’il plaît à Dieu ça va aller", se consolent beaucoup de dirigeants de clubs, car ne disposant pas d’arguments sportifs de taille pour contrer l’adversaire. Alors, on engloutit des centaines de milliers de francs dans le "wac" espérant que les forces invisibles feront le reste. L’oubli de maillots de toute une équipe nationale en compétition, l’élimination idiote sur tapis vert pour les Jeux olympiques de Pékin due à l’alignement illégal d’un joueur, le rappel tardif de la péremption du passeport d’un joueur causant un retard de décollage, l’acceptation de la signature dans deux clubs d’un même entraîneur, alimentent de telles convictions. A ce chapelet de l’incompréhensible sportif, se greffe le récent rendez-vous manqué de Beyrouth au Liban pour les Jeux de la Francophonie. Au moment où les autres disciplines sont confrontées à la cruciale rareté des ressources, le football déjà vorace et boulimique se paie un luxe de tourisme en Orient.

Ce ne sont pourtant pas les talents et la volonté politique qui manquent pour porter les sports au firmament. Bien que ce domaine soit celui des passions, il n’en demeure pas moins qu’il apparaît un vivier imposant des connaissances et des aptitudes pour sa bonne gouvernance que la stature politique, économique, financière, sociale ou d’ancien sportif ne peut uniquement conférer. Toute usurpation de la direction d’une équipe ou tout parachutage à un poste fédéral s’avère vite l’expression d’une incapacité humaine et d’une médiocrité sectorielle. Le management sportif est une autre école à laquelle de nombreux dirigeants ne s’y sont pas encore inscrits. Les écoles de formation qui existent çà et là à travers le pays doivent inscrire ce volet essentiel destiné aux adultes. La pépinière ne saurait bien pousser si elle ne bénéficie pas suffisamment de l’ombre des grands. Les pays tels que la Côte d’Ivoire qui ont su prendre le temps de coupler l’aspect de la formation avec celui du management ont pu sortir leurs équipes sportives de l’errance et se donner de la voix dans les instances internationales.

L’ex-sociétaire de l’ASFA-Yennenga, le président du Faso, Blaise Compaoré et son innovateur ministre, Jean Pierre Palm, ont beau s’investir tant, si le tir actuel des dirigeants sportifs ne change pas de trajectoire, les sports burkinabé tourneront en rond. Les victoires spontanées éloignent de plus en plus de cette vue visant à combler des lacunes et à se lancer dans la voie du succès durable. Ce n’est pas parce qu’une équipe a gagné qu’elle a forcément bien joué. Le courage de la saine lecture de la situation, le rappel à la haute responsabilité des uns et des autres, l’abstention de l’immixtion dans les rôles, traceront à coup sûr les sillons d’équipes sportives conquérantes à tous égards et à tous terrains dans bien de disciplines. Cette garantie pourrait convaincre des sponsors à apporter leur manne à un domaine qui ne comprend pas leur attentisme.

Jolivet Emmaüs (Joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 9 novembre 2009 à 04:29, par ggj En réponse à : Sport au Burkina Faso : Des dirigeants sportifs en rond

    cher lecteur j’ai bien lu votre comptenue et je suis bien daccors avec vous.mais selement il faut de la paciente.vous aviez parler de la Cote d’Ivoire mais n ’oubliez pas qu’elle est un pays du football depuis une decenie.la Cote d’Ivoire avait beaucoup investis dans le football mais sans resulta.elle a attendu en 1992 pour etre coronnee.donc je demmande au peuple Burkinabe d’etre patient.j’ai beaucoup espoir avec la politic du Ministre Jean-pierre palm.donnons lui le temps de finir son programe et sachons aussi qui vat lentement vat surement.seulement je demande au Ministre Palm de prendre ses responsablitees en sanctionant ceux qui ne font pas serieusement leurs travail.jusqu’a presnt je me demande comment et qui etait le chef de la delegation du voyage du Lyban au jeux de la francophonie pour faire diqualifier les cadets en pleine preparation pour la coupe du monde de leur categorie.il faudra qu’on sanctione ses reponsables inconsiens.aussi je demande au president de la federation de mettre des gens a la place qu’il faut.associer les anciens joueurs dans le bureau federal.allezy voir ce qui se passeen Cote D’Ivoire presentement Jacque Anouma s’ait fait entoure par des anciens gloire du football Ivoirien.
    je vous remercie.

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