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Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Etre maire, une fonction pleine et entière

Publié le lundi 9 novembre 2009 à 02h49min

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Ibrahiman Sakandé

La représentation nationale passe à la loupe le Code général des collectivités. La relecture de ce texte fondamental dans la dynamique de la communalisation intégrale fait suite au récurrent séisme au sein des conseils municipaux. En effet, les communes burkinabè ont du mal à se gérer et à prospérer. Etablis pour gérer efficacement les affaires locales et faire de la gouvernance de proximité une réalité, les conseils municipaux, dans leur majorité, sont confrontés à des problèmes de leadership, de ressources humaines, de finances ou d’infrastructures. L’espoir d’un décollage avec la décentralisation se transforme en un leurre.

Les querelles et les actes de corruption sont légion. Face à une telle situation non reluisante, le gouvernement a pris l’engagement d’une autocritique afin de relancer le processus et répondre aux attentes des citoyens des communes du Burkina Faso.

Etre maire devrait avant tout être un mérite. Le postulant doit avoir une éthique et une morale dignes de respect. Loin d’être un champ d’apprentissage pour des politiciens en quête de visibilité et de rente, la fonction de maire est avant tout un service rendu à la base, à sa communauté. L’accès à cette importante fonction, même si elle passe par une action partisane, par le choix des citoyens opéré parmi les candidats de partis politiques devrait, une fois l’impétrant élu maire, comme le Chef de l’Etat l’est, devenir le responsable de toute la communauté, de toutes les couches, de toutes les composantes. Se situer au-dessus de la mêlée et travailler pour l’intérêt général. Vivant avec et dans la population, il se donne une mission d’assistant ou d’accompagnateur du développement local.

En plus d’être élu, les propositions des partis et des conseillers à ce poste devraient prendre en compte la moralité et la probité comme critères du postulant ; car appelé, qu’il est, à gérer le bien commun des citoyens et surtout un bien sensible comme la terre, que les ancêtres ont léguée aux générations présentes et que celles-ci doivent céder aux futures dans un bon état.

A la différence du député, qui ne dispose pas d’une administration lourde et se satisfait de visites plus ou moins régulières à la base, le maire est dans la base et vit avec celle-ci, gérant les joies et les peines de cette dernière. Il est à la fois le soutien et l’espoir de la communauté. Il ne saurait être un voleur, un pilleur, un violeur.

Au regard de cette noble mission d’écoute et de service, il est compréhensible que le maire réside dans sa commune. Pour ce faire, il lui faut des savoirs, des avoirs et des hommes à la hauteur de sa tâche.
Le maire d’une commune doit avoir une formation en management des affaires locales. En tant qu’éclaireur de la communauté, il lui faut en être la lumière. Il faut à ce niveau bannir la responsabilisation de médiocres politiciens dont la mission consiste à semer la division pour régner et piller. Etre maire doit suivre une longue échelle.

Il faudrait que les candidats à la gestion de la chose municipale fassent la preuve de leur compétence et de leur intégrité dans la gestion des affaires nationales. Il est intéressant de souligner ici l’exemple du président Soglo du Bénin qui, après la magistrature suprême, gère aujourd’hui la mairie de Cotonou. Combien sont nos dirigeants capables d’une telle humilité ? Il ne faut surtout pas faire des mairies des lieux d’apprentissage pour des « sorciers » en quête de pouvoir. Tout le monde se connaît dans une commune rurale et il faut des hommes de consensus pour réussir la délicate mission de construction et de développement. Il est aussi vrai que la mairie peut être un passage vers une haute fonction nationale. Mais cela doit être le résultat d’une bonne gestion et le fruit de la volonté des citoyens et non une récompense politique pour souvent sanctionner la médiocrité et éloigner le coupable de toutes poursuites. Il faut absolument bannir la promotion par la faute.

Pour faire de la fonction de maire un outil de développement, et dans le contexte du Burkina, l’Etat doit jouer un rôle essentiel d’accompagnement. Il faut doter les maires et les mairies de moyens financiers et matériels conséquents pour une meilleure exécution de leurs missions. Le maire doit être à l’abri du besoin pour servir et non se servir. Il doit disposer du minimum pour ne pas être tenté de brader le patrimoine de la commune.
L’Etat doit également contribuer à doter les mairies de ressources humaines compétentes. Il faut absolument travailler à l’émergence d’une fonction publique communale. A ce propos, les brigades vertes et les polices municipales sont des embryons de cette œuvre de construction d’un personnel municipal compétent.

Les affaires municipales sont tellement importantes qu’il ne faut pas les confier à n’importe qui. Pour la réussite de l’aventure de la communalisation intégrale, loin de tout sophisme de bas bolchévisme à la poupée russe, chaque acteur est interpellé et l’Etat en premier. Viennent ensuite les citoyens, électeurs et contribuables, qui, parce que directement concernés par la gestion de leurs communes, doivent se donner les moyens d’interpeller qui de droit dans les règles de l’art. Les partis politiques, enfin, ont la responsabilité républicaine de présenter les meilleurs de leurs cadres aux postes de maire, en dehors des considérations liées au rang, à la richesse et à la proximité avec le chef de parti .

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 9 novembre 2009 à 07:02, par Zg, washington DC En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Etre maire, une fonction pleine et entière

    Dites a M.Sakande de changer de photo de temps en temps. je comprends que vous aimez celle la, mais on l’a bcp vu maintenant please. Amicalement,

    Zg,

  • Le 9 novembre 2009 à 15:34, par dj En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Etre maire, une fonction pleine et entière

    c’est bien vrai et bien bo mais dans un pays comme le nôtre,on retrouve des analphabetes comme maires.on a pas cette notion de mairie comme ce la se devrè.pr la majorité des gens,le maire,c’est just le maire et on ne sait pas exactement pourkoi le maire existe et quel est son rôle.tout cela devrait venir des électeurs mais malheuresement le peuple n’y connait rien.c’est dommage !

  • Le 10 novembre 2009 à 22:03, par SANOU Bala Wenceslas En réponse à : Réflexion de Ibrahiman Sakandé : Etre maire, une fonction pleine et entière

    Je salue monsieur Sakandé pour sa réflexion ; pas parce que je suis d’accord avec tous ses analyses mais pour le partage d’idée. Sans faire de la décentralisation une panacée (car il n’en existe pas en matière de développement), je trouve que c’est une réforme (imposée à un moment donné) qui présente des intérêts dans un état de droit qui se veut ’droit’. Cette réforme offre en principe à tous les citoyens (femmes et hommes) la possibilité de participer aux réflexions, recherches de solutions et actions de développement dans une collectivité de résidence et/ou de provenance. C’est une réforme à inscrire dans le long terme ; c’est une course de relais entre des générations. Pour revenir au sujet du maire, les qualités requises et autres, tout ce qui est avancé se résume en probité morale privée et publique. Et cela ne concerne pas que le maire, mais tout maire potentiel c’est-à-dire tout citoyen. Je tente d’être bref en posant une question. Est-ce que le citoyen burkinabè élit vraiment le maire de sa commune dans la mesure (sauf erreur), le maire est l’élu des élus. Une dernière question : la focalisation sur le maire qui est l’exécutif (au détriment quelque peu du délibératif) ne comporte-t-il pas un risque de dérive et de prise d’otage de la démocratie à la base par ce nouveau type de chef local que nous fabriquons ?

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