LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Fichier électoral : La chasse aux "faux Ivoiriens" est ouverte

Publié le lundi 9 novembre 2009 à 02h48min

PARTAGER :                          

Ainsi en ont décidé les enragés des différents fronts qui se crêpent le chignon sur la scène politique ivoirienne, les électeurs n’iront pas aux urnes le 29 novembre pour décider de qui occupera le palais de Cocody, alors que des informations alarmantes circulent ces derniers temps. Cinquième rendez-vous électoral manqué depuis que le mandat de Laurent Gbagbo a expiré en 2005, mais qui joue les prolongations grâce à cette crise bénie des dieux de la division, de l’ivoirité, dirions-nous.

Mais si l’enfant terrible de Mama peut, à juste titre, se la couler douce, il n’est point sûr que ses adversaires, qui se recrutent aussi bien au sein du parti ancestral, le PDCI d’Henri Konan Bédié, du RDR d’Alassane Dramane Ouattara, le pestiféré de la lagune Ebrié, que des Forces nouvelles du Premier ministre Guillaume Soro, n’engrangent pas, eux aussi, les fruits de cette crise.

Tant pis pour le citoyen lambda qui continue de souffrir le calvaire pour s’offrir son "garba" (1) quotidien, au prix de mille et un sacrifices. Peine perdue donc pour le pompier Blaise Compaoré, l’intime ennemi d’hier, qui multiplie ses missions de facilitation et qui finira par s’esquinter s’il n’y prend garde parce que sollicité dans toutes les fournaises africaines. Sans effet auront été les prescriptions de l’ONU, de l’Union européenne, de l’Union africaine et de la CEDEAO, qui voient ainsi leurs efforts diplomatiques et financiers réduits à néant. Car si l’on venait au rapport, le bourbier ivoirien aura été l’un des plus coûteux de l’histoire récente du continent, et bien plus le sera encore le scrutin présidentiel renvoyé aux calendes grecques.

Un énième report qui inquiète plus qu’il n’intrigue, hormis à l’Elysée où les disciples de Sarkozy se sont fendus d’un quitus tout aussi hasardeux que précipité, alors que personne ne leur a rien demandé. Mais visiblement, le coq gaulois n’a pas besoin d’être invité à l’élégie ivoirienne pour caqueter juste pour montrer qu’il est toujours là et qu’il a toujours voix au chapitre alors que, depuis un lustre, il n’est plus en odeur de sainteté au Gbagboland. Retour donc à la case départ au moment où la machine électorale semblait bien huilée et qu’une vingtaine de candidatures officielles avaient déjà été réceptionnées par la Commission électorale indépendance (CEI). Mais qu’est-ce qui coince donc encore au pays d’Houphouët ?

Si le retard accusé dans l’établissement des listes électorales est d’une évidence criarde, le "casus belli" serait la nationalité douteuse de nombre d’électeurs mis sur le tapis par le camp présidentiel, qui veut ainsi ouvrir la chasse aux faux Ivoiriens qui seraient, malgré les nombreuses précautions prises, passés à travers les mailles du fichier électoral.

Les seconds couteaux de Laurent Gbagbo contesteraient, en effet, la capacité à voter de quelque 2 millions d’électeurs, suspectés d’ivoirité douteuse, et qui doivent faire certifier leur nationalité par la Justice avant de pouvoir rejoindre les 4,3 millions de citoyens déjà enregistrés sur les listes. Ces mêmes 4,3 millions d’électeurs donc qui, en 2000, étaient allés aux urnes pour départager le général balayeur Robert Guéi, Laurent Gbagbo et quelques comparses triés sur le volet.

Dans un scrutin qui s’annonce forcément serré, il faut, certes, s’entourer de toutes les précautions pour neutraliser les imposteurs, mais on se croirait revenu à cette époque maudite où les diables régnant en Eburnie avaient mis le feu aux poudres par cette funeste trouvaille de l’ivoirité.

La suite, on la connaît, et l’histoire en retiendra une Côte d’Ivoire à jamais déstabilisée, aussi bien politiquement qu’économiquement ; des populations entières massacrées, et cette chasse éhontée aux étrangers ouverte au nom de l’ivoirité. Il ne faut donc pas jouer avec le feu, surtout quand on s’est déjà brûlé.

Aujourd’hui, les protagonistes de la crise semblent s’être fait une nouvelle religion, mais cette situation de ni-guerre ni-paix n’augure rien de bon alors que les ex-rebelles du Nord sont accusés de se réarmer contre vents et marées ; que Laurent Gbagbo, selon ses contempteurs, se préparerait à réprimer militairement tout mouvement de protestation.

Même si tout cela ne relevait que de la farce ou du fantasme, il resterait néanmoins l’équation à multiples inconnues de cette introuvable date du scrutin présidentiel à résoudre. Et là, Laurent Gbagbo ne sera pas le premier à se triturer les méninges ; lui qui, depuis quatre longues années maintenant, occupe le palais de Cocody, sans contrat de bail.

La rédaction

Notes : (1) C’est ainsi qu’on appelle l’attiéké dans les milieux populaires ivoiriens

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 9 novembre 2009 à 05:46, par vexy En réponse à : Fichier électoral : La chasse aux "faux Ivoiriens" est ouverte

    le Gaba, c’est l’attiéké pas de bonne qualité accompagné du poisson thon, vendu en général (99% des cas) par des réssortissant nigérien, d’ou le nom GARBA...

    NB : certains disent "ALLONS AU NIGER" pour inviter à manger du GARBA

  • Le 9 novembre 2009 à 14:49, par zakis En réponse à : Fichier électoral : La chasse aux "faux Ivoiriens" est ouverte

    l’ivoirité toujours l’ivoirité et encore l’ivoirité,ce adjectif qui a déchiré tout un pays.je penses que Korô Blaiso doit faire attention au boulanger d’abidjan car ce dernier se croit plus malin.si les ivoiriens reccommence cette chasse aux etrangers je crois que la pillule sera tres amère a avaler.
    a bon atendeur salut !

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique