"Le Pays" : Pouvez-vous nous éclairer sur le différend que vous auriez eu avec la société Libya Oil dans le cadre du Hadj 2007 ?

Mahamadi Bangrin Ouédraogo : Effectivement, en 2007, la société Faso Flying Bird dont je suis l’administrateur directeur général, a été retenue pour le transport des pèlerins. C’est ainsi que nous avons signé un contrat avec la société Kallat el Saker.

Au cours de l’exécution du contrat, il y a eu des problèmes. Il y avait au total 7 vols qui devaient se faire de Ouaga et de Bobo, vers Médine. Tous les 6 vols pour l’aller se sont déroulés normalement. Le dernier vol a déroulé son itinéraire et au lieu d’aller à Médine, s’est retrouvé à Djeddah. Cela a été un problème pour la compagnie parce que nous n’avions pas d’autorisation pour Djeddah. L’avion a été donc arrêté et la compagnie suspendue. Il fallait trouver une solution pour que les pèlerins burkinabè partent de Djeddah. N’ayant plus de compagnie, l’aviation civile saoudienne devait trouver une autre. Il fallait demander des autorisations pour le pays et la compagnie.

Mais, les conditions, c’était d’abord de posséder des documents d’avion à jour et déposer une caution de 700 millions de F CFA qui avait été imposée en fonction du nombre de pèlerins. C’est Faso Flying Bird avec ses partenaires financiers, à savoir la BCB et ECOBANK, qui ont déposé cette caution. Mais, quand nous avions signé le contrat de transport, il était dit que l’avionneur devait la prendre en charge. C’est à trois jours du départ des pèlerins qu’il nous a signifié qu’il n’avait pas d’argent. En tant que directeur général de Faso Flying Bird, j’ai travaillé à lever les fonds. La BCB avait accepté de débloquer 300 millions de F CFA et ma société, 400 millions de F CFA. Les fonds ont été déposés dans un compte à ECOBANK qui a fait le transfert à Djeddah. En principe, c’est cette caution qui devait être débloquée pour louer d’autres avions afin de faire revenir les pèlerins. Au moment du retour, l’aviation civile saoudienne a trouvé une agence de voyage qui s’appelle Clouds Wings (que je ne connaissais pas).

C’est cette agence qui avait des problèmes pour approvisionner les avions ?

Exactement. J’étais à Ouaga et l’ambassadeur burkinabè en Arabie Saoudite a appelé les autorités et El Hadj Oumarou Kanazoé. Il m’a aussi joint et m’a dit qu’il fallait trouver une solution pour que l’avion soit ravitaillé en carburant, qu’au niveau de la régie, les gens acceptent de faire l’assistance au sol à crédit ainsi que le landing (assistance pour l’atterrissage et le décollage) par l’ASECNA. Il a été précisé qu’un mois après le dernier vol retour des pèlerins, toutes les factures allaient être payées. El Hadj Oumarou Kanazoé m’a rencontré et je lui ai dit que je ne peux pas m’engager parce que la compagnie devait débloquer la caution pour faire revenir les pèlerins. Après discussions, je lui ai dit que si l’ambassadeur peut faire venir un engagement de la société pour régulariser la situation après, on va essayer de négocier avec la société Libya Oil. C’est ainsi que le lendemain, la lettre est arrivée.

Faso Flying Bird ne se sent-il donc pas concernée par cette affaire ?

Non. Notre société n’est pas responsable d’impayés à ce jour.

Comment se prépare le Hadj 2009 ?

Dieu merci, le Hadj 2009 se passe bien. Nous sommes à quelques jours du départ (NDLR, l’interview a été réalisée le mercredi 4 novembre 2009). Les départs auront lieu le 7 novembre à Ouaga et le 8 novembre à Bobo. Nous attendons environ 1500 pèlerins (NDLR, 1277 pèlerins étaient inscrits à la date du 5 novembre 2009). Jusque-là, nous n’avons eu aucune difficulté dans l’organisation. Il nous reste à communiquer aux pèlerins les heures de convocation puisqu’il y aura deux vols à Ouaga le 7 novembre. C’est une question d’horaire : il y aura un départ le matin et un autre le soir.

L’année dernière, on a enregistré des problèmes au niveau des bagages et il y avait des incertitudes pour le retour des pèlerins. Cette année, STMB Tours va-t-il corriger tout cela ?

L’année passée, 7 agences (y compris STMB Tours) ont organisé le Hadj. A notre niveau, les avions affretés sont venus le jour où le départ a été programmé. Le retour s’est aussi bien déroulé. Certains bagages de Bobo et de Ouaga ne sont pas venus dans le délai, c’est-à-dire deux mois après. Mais, ces bagages n’étaient même pas arrivés à l’aéroport. Ils étaient restés dans un magasin à la Mecque. Ceux qui étaient chargés de les emmener de la Mecque à Djeddah, ont omis de le faire. Tous les pèlerins qui ont voyagé avec STMB Tours ont reçu leurs bagages.

Comment expliquer l’augmentation du billet qui coûte cette année 2 195 000 F CFA.

Le billet est plus cher parce que tout augmente. Et vous savez que certains pays comme la Côte d’Ivoire ont subventionné le prix du billet. Là-bas, le billet est à 2 700 000 F CFA et l’Etat prend en charge 1 million 200 000 F CFA. Sinon, au Mali, le billet coûte aussi 2 100 000 F CFA. Il faut aussi savoir que les Burkinabè veulent ce qui est bien. Les pèlerins seront dans des maisons propres et proches de la mosquée. Le transport aussi sera bien assuré : c’est la compagnie Ethiopian Airlines qui a été retenue (c’est un boeing 747). Il ne faut pas occulter aussi le nombre de pèlerins. Au Burkina, nous en attendons 1 500. Mais au Mali et en Côte d’Ivoire, ils devraient être entre 3000 et 4000. Le Niger a lui seul aura entre 7 000 et 8 000 pèlerins. Si nous étions aussi nombreux que dans les pays voisins, le prix du billet aurait été plus bas. Ce sont les économies d’échelle.

Que représente le Hadj 2009 pour le directeur général de STMB Tours ?

C’est une lourde responsabilité et nous sommes obligés de mériter la confiance qui a été placée en nous. Nous ferons tout pour respecter nos engagements vis-à-vis de l’Etat burkinabè et de celui saoudien ainsi que pour améliorer les conditions de voyage des pèlerins.

Quel message avez-vous à lancer, pour finir ?

Je demande au peuple burkinabè de nous accorder ses bénédictions afin que tout se passe bien. Le nom du Burkina sera rehaussé si tous les pèlerins arrivent à accomplir ce 5e pilier de l’Islam et reviennent en bonne santé au bercail.

Propos recueillis par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

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