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Révolution de Ali Bongo ou dérive dictatoriale au Gabon ?

Publié le mercredi 4 novembre 2009 à 01h50min

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C’est une vraie révolution. Quel que soit le bout par lequel on la prend, la décision du gouvernement gabonais de faire désormais appliquer les termes d’une loi qui rend incompatible l’exercice d’une fonction de représentation dans un parti politique et son travail à la Fonction publique, incite, à tout le moins, à la réflexion…

Dans le Gabon nouveau de Ali Ben Bongo, qui a surfé sur les vagues de la rupture pendant la campagne électorale, tout en affichant son désir de continuité, l’heure est venue de changer les choses. Ou du moins de commencer. Et c’est par un gros morceau que le fils de Feu Omar Bongo a décidé de marquer, de prime abord, sa volonté de changement et de rupture, entonné par tous. Le nouveau président du Gabon veut, ni plus, ni moins, démêler les espaces entrelacés, partout dans le monde, entre fonction publique et partis politiques, ou plus exactement, entre vie politique et statut de fonctionnaire. Un gros morceau s’il en est, les usages ayant subi l’enracinement du temps, chaque monde profitant de l’autre dans une sorte de « gentlemen agreement » intouchable.

Ainsi, selon la volonté affichée du gouvernement gabonais, dans seulement quelques jours, il ne sera plus question d’émarger au trésor public tout en dirigeant un parti politique, ou simplement en figurant dans son Bureau exécutif. Une mesure qui s’applique aussi aux syndicats, fédérations sportives et associations, qui devraient satisfaire désormais, selon l’esprit de la loi, aux appointements de leur personnel de représentation. Une mesure qui, côté face, vise à mettre de l’ordre au sein de la Fonction publique, notamment par une réduction conséquente des effectifs.

De ce point de vue, la mesure peut paraître profitable, si elle ne cache pas d’autres intentions, que ne se gêne du reste pas de dénoncer l’opposition. Même si on reconnaît que l’application d’une telle loi – qui vise à éviter une politisation de l’administration - sera « difficile » dans un pays où les cotisations des membres et sympathisants des partis politiques n’est pas la vertu la mieux partagée, on s’élève déjà contre ce qu’on qualifie de « dérive dictatoriale du pouvoir ». Et l’on peut aisément comprendre ceux qui redoutent que ces dispositions créent, ni plus, ni moins, des conditions d’un « retour au parti unique ».

Il est cependant utile d’examiner ce nouveau mode de fonctionnement de la vie publique avec plus de circonspection. Sans passion politique débordante, ni apathie « fonctionnariste » exagéré. Et trouver des mécanismes pertinents d’accompagnement, qui permettrait au fonctionnaire de vivre et d’exercer sa note politique dans la nation en toute liberté. S’il peut donc paraître juste que les partis politiques doivent prendre en charge leur personnel permanent et de représentation, désormais contraints par la loi, au Gabon, à prendre une disponibilité, il est évident que les caisses de nos formations politiques, de Ouagadougou à Yaoundé, en passant par Lomé, Niamey, Bamako et Cotonou…, n’ont pas de quoi faire face à pareille disposition.

Peut-être qu’une plus grande réflexion autour de la question, du temps et des règles minimales et consensuelles permettront, dans tous nos Etats, de mieux régir chacune de ces plateformes qui s’entremêlent et s’entrechoquent, chacun puisant dans le vivier de l’autre pour nourrir ses ambitions et arriver à ses fins…

Serge mathias Tomondji

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 5 novembre 2009 à 21:52 En réponse à : Révolution de Ali Bongo ou dérive dictatoriale au Gabon ?

    j’ai honte d’etre africain.

  • Le 6 novembre 2009 à 19:58 En réponse à : Révolution de Ali Bongo ou dérive dictatoriale au Gabon ?

    Mon tu n’es pas le seul a avoir honte d’être africain pour moi même c’est grave. C’est une leçon pour tous les opposants africains. L’hypocrisie qui va les tuer. Au lieu d’aller en rang serrer, non chacun veut devenir président alors que individuellement aucun d’eux ne pouvait battre Ali Bongo. Mais s’ils s’entendaient et présenter une seule personne Ali ne pouvait même pas passer. Faite le cumul des voix vous même. C’est vraiment souvent honteux d’être africain.

    • Le 7 novembre 2009 à 19:43 En réponse à : Révolution de Ali Bongo ou dérive dictatoriale au Gabon ?

      Ali allait passer meme si toute l’ opposition africaine s’etait oalisee autour d’ un seul candidat. N’ oubliez pas que Ali vioent du Gabon et que le Gabon est un scandale de richesses. En aucun cas la france, pays en rapide voie de sous- developpement ne peut lacher sa pompe hormonale comme le Gabon au nom d’ aucu principe sacro- saint. Il est vrai quand meme que l’ oposition aurait du empecher Ali de voler la victoire a si peu de frais en s’ unissant.

  • Le 8 novembre 2009 à 20:20, par lilboudo En réponse à : Révolution de Ali Bongo ou dérive dictatoriale au Gabon ?

    Cette loi n’est pas mauvaise en soi, dans ses nobles intentions, mais elle reste inapplicable, sinon, ca serait de la dictature. On ne peut pas comprendre qu’un représentant permanent d’une organisation qui ne soit pas une entreprise (parti politique, syndicat...) puisse prendre être déclaré incompatible avec le métier de fonctionnaire !!! C’est illogique dans les termes : ca sonne le glas de toute opposition, de tout contre pouvoir.

    Ali Bongo, revise ta copie.

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