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OMC : Compromis "historique"

Publié le jeudi 5 août 2004 à 18h03min

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Les 147 gouvernements membres de l’OMC ont approuvé le 31 juillet, au lieu du 30, date butoir, un ensemble de cadres et autres accords. Le directeur général de l’OMC, M. Supachaï Panitchpakdi a déclaré qu’il améliorerait grandement les chances des membres de mener à bien le cycle des négociations entamées à Doha.

Le directeur général de l’OMC a indiqué que bien que ces cadres ne constituent pas des accords définitifs ils prennent en compte des engagements significatifs qu’il a qualifiés de "véritablement historique". En effet l’accord cadre conclu à Genève le 31 juillet couvre les principaux volets du cycle des négociations de Doha. Il couvre des sections importantes telles : l’agriculture, le coton, l’accès au marché pour les produits non-agricoles, le développement (principes généraux, les traitements spéciaux et non-differenciés) les services, et les autres corps de négociations (les règles, le commerce et l’environnement, le droit de propriété intellectuelle), les autres aspects liés aux négociations de Singapour et les autres parties en relation avec le programme de Doha pour le développement.

Les arrangements ont été négociés intensivement, jour et nuit pendant deux semaines se terminant par des séances non-stop impliquant les principaux ministères et ambassadeurs, qui ont commencé le vendredi après-midi à 17 heures et se sont terminés le 31 juillet à 17 heures, soit au moins vingt-quatre heures de dures et ardues tractations. Durant toute la nuit de vendredi à samedi, il y a eu plusieurs rencontres de chefs de délégations, d’intenses consultations et d’innombrables réunions de groupes divers, avec la participation de plusieurs ministères en charge du Commerce.

Pendant la réunion du Conseil général, de nombreuses délégations ont indiqué que la date limite fixée par la conférence ministérielle de Cancun n’était pas dépassée. Ce que le Dr Sufachaï a partagé en ces termes "pour la première fois, des membres de gouvernement ont accepté d’abolir toutes les formes d’aide à l’exportation des produits agricoles à une date certaine. Ils ont concédé des réductions substantielles sur les aides intérieures à l’agriculture qui distordent le commerce"

Sur le coton, le directeur général de l’OMC a dit que "partie intégrante de cet accord, nous avons atteint une importante rupture dans le commerce du coton. Ce qui va permettre aux cotonculteurs d’Afrique de l’Ouest de bénéficier de grandes opportunités à travers le monde développé".

Pour le directeur général de l’OMC, ce qui est important c’est que les pays membres ont approfondi le cycle des négociations de Doha et jeté les fondations qui vont permettre aux négociateurs de continuer les discussions à un niveau relativement élevé. Le Dr Supachaï a prédit que les progrès ainsi réalisés dans l’agriculture, l’accès au marché des produits non-agricoles, les problèmes de développement et la facilitation du commerce vont offrir un matériau substantiel aux équipes de travail de l’OMC dans les autres domaines tels que les règlements, les services, l’environnement, la réforme des procédures et la protection de la propriété intellectuelle.

"Je m’attends à ce que quand les délégués vont revenir aux négociations en septembre, dans ces domaines et autres, ils vont recommencer avec un très grand enthousiasme" a dit le directeur général de l’OMC.

L’accord-cadre du 31 juillet a inclus de nouvelles dates de négociations qui vont au delà du 1er janvier 2005, date initialement prévue pour mettre fin aux discussions issues du cycle de Doha. Ainsi la conférence ministérielle de l’OMC se déroulera en décembre 2005 à Hong-Kong. Les recommandations sur le traitement spécial et différencié en juillet 2005 à Genève en mai 2005 l’examen de l’ouverture des marchés sur les offres de service...

Tiergou P. DABIRE


OMC : Des risques pour l’Afrique

L’accès préférentiel de l’Afrique aux marchés européens et nord-américains pourrait être affaibli par l’accord commercial conclu in extremis ce week-end par l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

Les pays en voie de développement ont enregistré un succès d’importance en obtenant du Nord la suppression des subventions à l’exportation des produits agricoles à "une date butoir à convenir".

D’après les projections de l’International Food Policy Research, un centre d’études basé à Washington, les pays d’Afrique sub-saharienne pourraient récolter jusqu’à 3,3 milliards de dollars de revenus supplémentaires par un an si les pays développés mettaient fin à leurs politiques de soutien agricole, estimées à 300 milliards de dollars par an.

Mais dans de nombreux secteurs, particulièrement dans le domaine agricole, les pays producteurs les plus pauvres d’Afrique bénéficient de quotas d’exportations libres de droits à destination des marchés de l’Union européenne et des Etats-Unis conclus dans le cadre d’accords bilatéraux.

Et, pour plusieurs experts des relations commerciales, ces arrangement pourraient faire les frais de la relance du "cycle de Doha".

Peter Draper, chercheur associé à l’institute for international Affairs en Afrique du Sud, note ainsi que ces accès privilégiés perdront de leur attrait si des tarifs douaniers bas sont accordés à tout le monde. "Le groupe africain est depuis le début sur une position défensive. Sa principale préoccupation est de maintenir un accès (préférentiel) aux marxhés de l’Union européenne, en particulier, mais aussi aux Etats-Unis", souligne-t-il.

"Le grand résulta de ces négociations de l’OMS sera de réduire les tarifs douaniers. Avec la chute de ces barrières, la marge de préférence sera réduite, rendant les producteurs africains moins compétitifs sur ces marchés-là", ajoute-t-il.

Au-delà de la question, aussi légitime soit-elle, de l’accès aux marchés européens et nord-américains, Peter Draper estime que l’essentiel n’est pas là pour les économies africaines.

"Les véritables problèmes en Afrique se posent en amont : les infrastructures, l’accès au crédit, la bonne gouvernance. Ces questions sont à mon sens bien plus importantes que l’accès aux marché", assuret-il.

Il également sceptique quant à l’accord conclu entre les Etats-Unis et quatre pays africains producteurs de coton (Bénin, Burkina Faso, Mali et Tchad). Les pays d’Afrique de l’Ouest ont renoncé à ce que le dossier du coton soit traité à part, mais une commission spéciale sera chargée de surveiller l’état d’avancement des baisses de subventions accordées dans les plus riches.

"Je m’interroge sur le degré d’utilisé de ce point. Il y a de belles phrases (...) mais nombre d’éléments de langage similaires se trouvaient dans le cycle de négociations de l’Uruguay Round (1986-93) qui n’ont jamais été appliqués. Cela m’inquiète", indique Peter Draper. Les efforts entrepris en Afrique pour développer les exportations à haute valeur ajoutée, et sortir ainsi du sous-développement, semblent également bloqués, souligne le chercheur. Le président ougandais, Yoweri Museveni, a déclaré samedi que les pays africains se décourageait d’orienter leurs économies vers des produits à haute valeur ajoutée alors que les pays développés réservent les tarifs douaniers faibles aux importations de matières premières.

Sidwaya

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