LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Blaise aux forces vives guinéennes : « Allez et ramenez-moi vos préoccupations »

Publié le mercredi 4 novembre 2009 à 01h51min

PARTAGER :                          

Fidèle à ce qui est désormais « sa méthode », qu’il a du reste éprouvée au début des pourparlers ivoiriens et togolais, Blaise a entamé ceux de la Guinée en recevant d’abord les forces vives pour les écouter. Hier 3 novembre 2009, ces dernières, après près de deux heures avec le chef de l’Etat burkinabè, ont été priées d’aller coucher sur du papier leurs préoccupations relatives au Conseil national de transition (CNT), au processus électoral... et de les ramener ce matin même afin que les choses sérieuses commencent.

Un tour d’horizon des avis des présents dans la salle polyvalente du palais de Kosyam met en lumière une certaine disparité des attendus ou plutôt de vues sur le processus de sortie de crise.

Bien sûr, sur le départ de Dadis il y a une certaine unanimité, même si, de plus en plus, la realpolitik ramène des positions maximalistes à la baisse.
- Jean-Marie Doré, leader de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG) et porte-parole des forces vives, affirme : « Ce serait redondant de vous répéter ce que nous venons faire ici...

Quand ça ne va pas, ça ne va pas... en Guinée ça ne va pas.. Tout le monde est inquiet et il faut ramener l’ordre... permettre aux Guinéens de se retrouver... nous pensons qu’il peut ramener les Guinéens à se retrouver... ». Sur le départ immédiat du chef de la junte, il est moins catégorique quand il affirme : « Il y a une confusion sur la question du départ du président Dadis, car jusqu’à la fin du dialogue, notre interlocuteur est le président du CNDD ... c’est donc un non-sens d’exiger son départ ; avec qui nous allons discuter ? »

- Sidya Touré, patron de l’Union des forces républicaines (UFR) : « Nous avons exposé les points de vue des forces vives au facilitateur, Blaise Compaoré, notamment sur l’insécurité grandissante vis-à-vis des leaders politiques et des syndicats ; sur la transition conformément aux accords d’Abuja ».

- Rabiatou Sera Diallo, patronne de la Centrale nationale des syndicats de Guinée (CNTG) : « Nous attendons du médiateur qu’il nous aide à sortir la Guinée de la crise. Concernant la candidature du président Dadis, je dois avouer que, pour moi, il n’a pas encore dit qu’il serait candidat ».

- Celloun Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) : « Nous attendons que le président Blaise Compaoré, dont les talents et l’expérience sont connus, les mette au service de la Guinée ». Sa position sur le départ du chef de la junte n’a pas varié d’un iota : « Nous attendons qu’il parvienne à convaincre Dadis de se retirer et à dissoudre le CNDD ».

- Laonsény François Fall, président du Front uni pour la démocratie et le changement (FUDEC) : « Nous faisons confiance à Blaise... le chemin est balisé avec le travail fait par le Groupe de contact international (GTI) ...nos soucis sont liés à la libération des prisonniers, à la remise des corps des victimes aux familles et à l’interdiction aux soldats de se promener avec les armes dans les rues ».

- Mouctar Mamadou Diallo, jeune leader des Nouvelles Forces démocratiques (NFD), comme d’habitude, avec son verbe acéré, laissera entendre relativement au 28 septembre 2009 : « La commission que Dadis a mise en place, c’est de la diversion... il dit que ce sont les leaders politiques qui sont responsables... c’est lui, le boucher ...ce qui est clair, c’est que le capitaine Dadis est complètement disqualifié pour quoi que ce soit... il sera jugé par les structures internationales, les Guinéens et l’Histoire ».

- Alpha Condé, président du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) : « Vous avez dit à l’Observateur paalga des choses que je n’ai pas dites... ». Vous n’avez pas dit, que Dadis doit partir ? « Oui, mais je n’ai pas fais ces déclarations au Burkina. J’en reparlerai après ». On l’aura constaté, les représentants des forces vives sonnent le tocsin, mais à plusieurs, si fait qu’on perçoit certaines divergences qu’il faudra nécessairement aplanir sinon ce sera pain bénit pour le CNDD.

Des clashs qui se sont déjà signalés au niveau des délégations à venir à Ouagadougou. Plus de 70 personnes ont fait le déplacement dans la capitale burkinabè, « certains sont venus sans y être invités », grince un leader politique. A la décharge de tout ce monde, ils ne sont pas venus du même lieu. Si plus de la soixantaine est arrivée de Conakry, d’autres ont atterri à partir de : Paris, Abidjan, Abuja.... Mais à Ouaga on aurait dû faire le tri. En tout cas, le résultat est que, hier devant le portique de la salle polyvalente du palais présidentiel, certains ont été d’abord recalés, d’autres, qui sont parvenus à entrer, ont par la suite été priés de sortir et convoyés à ...l’hôtel Laico (voir vu et entendu).

Une situation qui est symptomatique du fait que les opposants à Dadis doivent véritablement accorder leurs violons s’ils veulent vraiment que le médiateur réussisse sa mission. Ce qui ne devrait pas poser problème, puisqu’on a affaire à des politiques et personnalités de la société civile aguerries.

Ayant en tout cas constaté sans doute que certaines aspérités doivent êtres élimées avant les rounds, Blaise Compaoré a dit, au sortir de cette réunion de prise de contact : « Ce matin, il s’est agi pour le médiateur d’écouter les forces vives et de faire une évaluation de la situation en Guinée...j’ai fait le constat que la situation est préoccupante sur les plans politique, économique, social et des droits humains... il faut réellement s’engager rapidement pour une sortie de crise.

Bien sûr, de mon côté, j’ai présenté une démarche de travail qui va commencer bientôt, demain. Je leur ai demandé de me fixer sur leurs idées, leurs pensées centrales sur la sortie de crise. Ainsi que leurs points de vue sur la nouvelle autorité qui a été préconisée par les chefs d’Etat de la CEDEAO et de l’UA, sans oublier le chronogramme du processus et les conditions d’éligibilité. Tout cela va me permettre, avec les avis que je vais prendre du côté du CNDD, de faire la synthèse afin de discuter avec tout le monde ».

Autrement dit, Blaise invite les forces vives à lui ramener un mémorandum aujourd’hui même 4 novembre pour lui permettre d’avancer. C’est véritablement à partir de ce document, qu’on souhaite consensuel (qui servira de référentiel), que la palabre guinéenne pourra débuter

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana


Vu et entendu

- 70 Guinéens pour une palabre
A peu près 70 personnes sont venues à Ouaga pour cette réunion de prise de contact. Finalement, une vingtaine aura accès à la salle polyvalente du palais présidentiel de Kosyam. Il y a manifestement surnombre, surtout que certains n’ont même pas été invités ; « c’est une réunion de la haute importance, pas un meeting », s’est amusée à commenter une personnalité.

- Kouyaté, proche de Dadis ?
L’ex-Premier ministre Lassana Kouyaté, dont le nom a été biffé depuis Conakry, selon certains, de la délégation guinéenne a pu accéder à la salle de réunions. Mais quelques minutes après, il sera éconduit et ramené avec 4 autres personnes à l’hôtel. Que s’est-il passé ? Il semble qu’outre le fait qu’il n’avait pas été retenu, l’intéressé est soupçonné d’être proche de Dadis. Il aurait même été l’instigateur de la proposition de médiation (refusée) de Kadhafi. Vrai ou faux. L’intéressé n’a visiblement pas digéré d’avoir été mis en marge des discussions d’hier.

- Dallein, Mgr Sara , Sidya ou Laousény, président du CNT ?
Ce sera un des nœuds gordiens que le facilitateur devra trancher :la configuration du Conseil national de transition (CNT), l’organe qui va diriger le pays jusqu’au scrutin. Combien seront-ils ? On parle de 164 membres. Qui en sera le président ? Nul ne le sait. Même si des noms circulent : Celloun Dalein Diallo, Monseigneur Robert Sara, ancien archevêque de Conakry, ou Laousény Fall ? Le prélat, aujourd’hui en service au Vatican, qu’on dit consensuel et écouté par les Guinéens, serait la personne idéale. De toute façon, il y a eu des précédents au Zaïre et au Bénin. Et ce serait logique, puisqu’à y regarder de près, les aiguilles politiques de la Guinée sont toujours à l’époque des conférences nationales des années 90, comme le fera remarquer un confrère.

- Blaise et les 13 disciples
Au départ une vingtaine dans la salle, après tri, ils étaient au final 13 Guinéens à échanger avec Blaise. Et si tous ceux qu’on a « sortis » n’ont pas provoqué d’interrogations, sauf pour le cas Mouctar Diallo, le patron du NFD : « Tout le monde sauf lui ...on a permis à des gens de barrer son nom alors que d’autres dans la salle ne sont pas représentatifs », éructait en petit comité une femme.

- Vous avez dit compromis ?
Posez la question à n’importe quel leader politique sur l’unité de l’opposition en Guinée, il vous répondra « RAS ». Pourtant, l’entente est la chose la moins partagée entre ces responsables. Il faudra bien qu’ils s’entendent, car, pour le moment, ils ont un adversaire commun : Dadis.

- Quelle sera la botte secrète du facilitateur ?
On sait que concomitamment à la venue à Ouaga des forces vives, des représentants de la junte y avaient également atterri, mais hier ils n’ont pas pris part à la réunion. Généralement, Blaise procède par des audiences séparées avant les « confrontations ». Mais le dossier guinéen est tellement complexe que certains se demandent comment il va résoudre cette quadrature du cercle.

ZDZ

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 4 novembre 2009 à 10:35 En réponse à : Blaise aux forces vives guinéennes : « Allez et ramenez-moi vos préoccupations »

    Si Blaise pouvait être aussi brillant à l’interieur...

  • Le 4 novembre 2009 à 12:55, par BOYARM IDRISSOU FELIX En réponse à : Blaise aux forces vives guinéennes : « Allez et ramenez-moi vos préoccupations »

    Il est heureux que l’opposition guinéenne soit venue à Ouagadougou, pour rechercher la paix et le retour à la sécurité en Guinée.
    Je suis de ceux qui pensent que les opposants guinéens dans leur ensemble, n’ont pas agi avec responsabilité à tous les stades.
    Ils partagent entièrement la responsabilité du malheureux massacre. Ils sont tous des intellectuels, ils savent qu’en toute circonstance il faut tenir compte des rapports de force ne pas donner l’occasion aux militaires d’utiliser les armes.
    Il fallait attendre le retour de KONDE le vrai opposant, pour écouter son compte rendu de ses missions à l’extérieur.
    Ils ont conduit à l’abattoir les enfants d’autruis qui sont morts pour rien. Aucun d’entre eux n’avait son enfant parmi ceux qu’on a massacrés. Quand on organise une manifestation surtout quand les autorités ont refusé de donner une autorisation, vous portez une lourde responsabilité de ce qui peut arriver. Bien sûr ce n’est pas une raison de tuer les innoncents qui sont allés de bonne foi au stade.
    L’acte est grave et comme vous savez il ne faut pas s’amuser avec les hommes en arme.
    Les opposants dans leur juste colère ont dit beaucoup de choses, mais je retiens quelque chose de très important.
    Lorsque vous dites de chasser DADIS du pouvoir et dissoudre le CNDD, je trouve que vous n’êtes pas réalistes autan dire de dissoudre l’armée. Vous devez à mon sens négocier obligatoirement avec LE CNDD, si non avec qui vous voulez négocier ? Aujourd’hui le pouvoir est entre les mains des militaires qui ont fait un coup d’Etat. Donc c’est un régime d’exception qui a été pris par son propre jeu puisqu’il prétend developper la démocratie. Il s’agit d’un régime d’exception issu d’un coup d’Etat.
    Par ailleurs, je me réjouis que la CEDEAO ai choisi le Président Blaise COMPAORE comme facilitateur car l’homme de par sa nature n’est pas bavard et sait écouter.
    Quelqu’un d’autre aurait jeter l’éponge avant même de commencer car il y a eu trop de prises de positions qui ne sont pas de nature à aider la médiation ou facilitation.
    Laissons faire le facilitateur, ce ne sont pas nos déclarations incendiaires qui peuvent résoudre cette crise déjà dificile à gérer. Faisons confiance au facilitateur qui a fait ses preuves. De toutes les façons si la médiation n’aboutit ce serait la faute de tous ceux qui ont fait des déclarations à tort et à travers. De toutes les façons le Président COMPAORE n’est pas un faiseur de myracle. Il faut surtout la volonté des deux parties. Que les opposants cessent de croire qu’ils peuvent obtenir ce qu’ils veulent sans négociation eux qui ont participé pendant des années à des gouvernements qui n’ont pas fait montre de souci de l’intérêt des guinéens surtout dans le domaine de l’attribution de l’exploitation des gisements.
    Dans tous les cas il est souhaitable de faire un audit pour situer les responsabilités avant de faire des élections propres.
    A bon entendeur salut.

    • Le 4 novembre 2009 à 23:39, par Sayo Issa En réponse à : Blaise aux forces vives guinéennes : « Allez et ramenez-moi vos préoccupations »

      Monsieur Idrissou vous avez raison. Car je partage votre avis a 100%. La pluplart de ces opposants ( 4 ) avaient ete
      premier Ministre et Chef de Gouvernement.
      Je prend l’exemple de Cellou Dalein Diallo. Fontionnaire d’Etat depuis 1976. De 1985 a 1995 il fut un Haut fonctionnaire a la Banque Central de Guinee. En Juillet 1996, il a ete appele au Gouv et occupe le Ministere des Transports, de la Telecommunication et du Tourisme ; et a partir de 1997 le Ministere des Transports et du Travail. En Fevrier 2004, il fut Ministre de l’agriculture et de la Peche. Le 09 Decembre 2004, il fut nmme Premier Ministre parce que la Primature etait vaccante a cause d’exile de son Predecesseur.
      Prbleme au cour de son mandat etait les protestations repetees da la population contre la mauvaise situation economique, l’inflation. En 2005, il fait emprisonne un Journaliste qui l’avait critiquer pour cause de corruption.
      Le Premier Ministre Cellou Dalein Diallo avait empocher d’argent avant de donner une licence a une societe de Telecommunication. Cellou Dalein Diallo fut demi de ses fontion par le General Lassana Conte, President de la Rep de Guinee le 05 Avril 2006.
      Alors que ces opposants se touchent a leur nez ; c’est un adage allemand.
      Ces opposants doivent parler avec le President MC’DADIS.
      Et qu’ils cessent de dire il est disqualifie comme s’ils etaient a une competition athletique. Qu’ils cessent de dire aussi, il doit demissioner avant toutes negociations. Allez et construire le pays ensemble avec un gouvernement d’union national.
      Etre un militaire au pouvoir ne veut pas dire immediatement qu’on est dictateur. Comme les gouvernements occidentaux chantent. Je vous remerci

  • Le 4 novembre 2009 à 13:16 En réponse à : Blaise aux forces vives guinéennes : « Allez et ramenez-moi vos préoccupations »

    salut à tous !

    j’aimerais savoir qui paie tous ces frais liés à ces concertations menées entre le facilitateur les leaders guinéens ?

    merci !

  • Le 4 novembre 2009 à 19:43, par hamed En réponse à : Blaise aux forces vives guinéennes : « Allez et ramenez-moi vos préoccupations »

    je pense que c’est une perte de temps car dadis n’iras nulle part,premier scenario les leaders de l’opposition ne vont jamais se mettre d’accord aux propositions des uns et des autres et pendant ce temps dadis occupe le fauteil et donne des marche de l’immemce de la guinnee aux grand compagnie occidentaux,la chine va s’opposer a de futur sanctions contre la guinee puisque les chinois ont des interet sur le diamant guineen sans meme un avis d’appel d’offre,il suffit de donner le petrol aux societes francaise et americaines et le case is close,la lybie a ete comdamne pour l’affaire de lockerbie mais une fois que kadafi a ouver le robinet du petrole il est le chouchou des occidenteaux,il a meme eu l’odace de demander la liberation du terrorist et il a ete libere avec des excuses.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique