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PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : Chronique d’un report annoncé

Publié le vendredi 30 octobre 2009 à 05h32min

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Ce n’est un secret pour personne ; la présidentielle ivoirienne annoncée pour le 29 novembre a très peu de chance de se tenir à la date indiquée. A vrai dire, tout le monde le pensait tout bas. Les raisons en sont pléthore. Mais officiellement, l’échéance tient, puisque rien ne vient la contredire. Mais, on voit par-ci par-là des faits et gestes qui confortent l’attitude de ceux qui croient dur comme fer qu’il faut se préparer à un nouveau et énième report du scrutin de novembre. Et depuis peu, on entend de petites phrases, quelque peu anodines certes, mais qui, dans le contexte actuel que connaît la Côte d’Ivoire, valent bien leur pesant d’information.

Il y eut d’abord l’affirmation de Simone Gbagbo, épouse du chef de l’Etat ivoirien et présidente du groupe parlementaire FPI à l’Assemblée nationale ivoirienne, il y a seulement quelques jours : elle y disait on ne peut plus clairement l’impossibilité, selon elle, de s’en tenir à la date du 29 novembre pour le scrutin présidentiel. Dans la foulée, un autre "grand" du FPI, par ailleurs président du CES ivoirien, Laurent Dona Fologo, vient afficher lui aussi, sans ambages, la même conviction : la présidentielle ivoirienne ne se tiendra pas à la date du 29 novembre.

Ces deux mastodontes du paysage politique ivoirien ne sont pas des lampistes et ils savent ce dont ils parlent. Il n’est pas vain de croire que leurs propos respectifs soient prémonitoires de ce qui devrait normalement se passer.

Car, tout semble indiquer qu’ils parlent pour d’autres. Ces autres, qui sont gênés sans doute de devoir annoncer un nouveau et énième report d’un scrutin à propos duquel on avait promis, juré, la main sur le coeur, que tout serait mis en oeuvre pour qu’il se tienne enfin à la date du 29 novembre. Mais depuis ces promesses, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts, des difficultés de dernière minute auront été découvertes, et on a toujours la sempiternelle impression que quelque méchante divinité s’acharne à barrer aux Ivoiriens la route qui conduit à une réelle sortie de crise pourtant nécessaire parce que salutaire.

Il est digne d’intérêt de remarquer que les protagonistes auront pris le soin de laisser des acteurs de la périphérie préparer les consciences à l’acception de la non-tenue de ces élections à la date prévue. Ce faisant, ils dégagent prudemment leur propre responsabilité. Officiellement, c’est à la CENI qu’il reviendra de prendre la décision du report de ces élections. Mais on sait aussi de quelles entraves cette même CENI peut souffrir, tant ses décisions ne rencontrent pas le parfait assentiment du pouvoir en place. En tout état de cause, la "chose" arrange de nombreux décideurs politiques en Côte d’Ivoire : ce qu’ils souhaitaient se fera, et cerise sur le gâteau, ils ne ressentiront même pas la petite gêne que connaîtra l’annonceur de la mauvaise nouvelle.

Et cela se passe dans un contexte où un nouveau rapport de l’ONU révèle que l’embargo décrété sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire "est régulièrement violé aussi bien par l’ex-rébellion des Forces nouvelles que par le gouvernement…". Très clair, les parties ivoiriennes en conflit, même lorsqu’elles parlent de paix, de processus de sortie de crise, et d’élection présidentielle… continuent de s’armer. "Si vis pacem, para bellum !" (1), rétorquera-t-on. Mais c’est que là, les protagonistes de cette crise ivoirienne obligent toutes les bonnes volontés qui se seront commises à la lourde et délicate tâche d’aider à tirer le pays hors du bourbier, à assister à un véritable marché de dupes. Et c’est tout simplement inacceptable et scandaleux.

Doit-on croire que tous les serments émouvants, les déclarations passionnées de bonne foi et autres effusions à vous fendre l’âme, ne participent tous que d’une vaste supercherie hypocrite dite avec talent mais dont la visée finale n’est rien d’autre que d’endormir autrui pour mieux parvenir à ses propres fins ? On croyait rêver, on tombe presque des nues. Et c’est bien là un indice fort que le risque zéro pour une reprise du conflit n’existe pas en Côte d’Ivoire. Tout comme c’est l’occasion de s’interroger une fois de plus sur la sincérité et la bonne foi régulièrement affichées, mais tout aussi régulièrement démenties, de plus d’un acteur politique ivoirien, dans cette crise qui affecte le pays depuis de si longues années déjà. Car, au final, on est bien en droit de se demander, au regard de ce qui se passe, qui, en Côte d’Ivoire, a vraiment foi dans le processus de sortie de crise. Qui ? Puisque les acteurs de premier plan négocient tout en gardant cachée, une arme dans le dos … "en cas de cas !". Et c’est bien là aussi que réside la complexité du problème ivoirien, à l’heure actuelle.

Pour le moment, tout le monde ou presque se prépare à accueillir l’annonce prochaine d’un report de la présidentielle de novembre. Reste à savoir si elle contribuera à résoudre des problèmes déjà existants ou si au contraire, elle contribuera à en générer de nouveaux.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 31 octobre 2009 à 01:01, par OURAM En réponse à : PRESIDENTIELLE IVOIRIENNE : Chronique d’un report annoncé

    Vraiment !!! on comprend plus rien dans l’affaire des élections en côte-d’ivoire, tanto une telle date tanto on reporte, fologo lui même disais que le 29 nov oui ! ou non ! il ira voté ? que les élections seront maintenue coute que coute, c’est encore lui qui dit ça sera plus possible pour le 29nov, c’ un homme cube maggi il est partout, tout ce que je peux dire ses élections là ils vont encore boycotter C’ CLAIR ET NET.

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