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LOUMBILA : Des conseillers divisés, une commune inexistante

Publié le jeudi 29 octobre 2009 à 02h25min

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Suspendue de sa fonction de maire pour une durée d’un mois pour compter du 15 octobre 2009. C’est l’arrêté pris par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation à l’encontre du maire de Loumbila, Mme Assèta Ilboudo, pour fautes graves de gestion. Quelques jours après cette décision, nous avons fait un tour dans cette commune de la province de l’Oubritenga, distante de 17 km de Ouaga. Si les conseillers attendent toujours des explications, ils sont d’accord sur une chose depuis 2006 : ils n’ont presque rien fait pour les populations, occupés qu’ils étaient par des querelles de clocher. Mais sur ce qui est reproché au maire de Loumbila, nos interlocuteurs sont prudents, préférant laisser l’initiative à la tutelle...

Et revoilà Loumbila au devant de l’actualité. Le 20 août 2009, une équipe des Editions "Le Pays" avait rencontré le maire, Mme Assèta Ilboudo, pour faire le point de l’indemnisation des populations déguerpies du village de Poédogo, suite à l’implantation de la Société de transformation de fruits et légumes (STFL). L’actualité du choix du site de la mairie était aussi brûlante et était révélatrice des divergences dans la commune. Plus de trois mois après ces événements, la suspension du maire est-elle le summum de la crise ? Un notable de la ville, en l’occurrence, Boureima Guiblewéogo, nous a confié de prime abord que les raisons de sa suspension leur étaient inconnues. Il sera d’ailleurs le premier à évoquer l’un des noeuds de la crise. Pour lui, une chose est claire : " Nous n’avons jamais été contre la dame, mais elle n’a rien fait pour la commune". Et son frère Ousmane de renchérir qu’en trois ans, les conseillers ne peuvent pas désigner une seule réalisation qu’ils ont initiée. Ceux-ci se sont-ils enfermés dans une tour d’ivoire ?

"Elle a travaillé à diviser les conseillers"

Cette question, nous l’avons posée à deux conseillers sur lesquels nous avons mis la main, ce lundi 25 octobre 2009. Assamy Ouédraogo, conseiller municipal du village de Noungou (à côté du barrage) voyait les choses depuis la campagne pour briguer le poste de maire en 2006. Et à ce propos, son réquisitoire est très sévère contre Mme Assèta Ilboudo. A l’entendre, elle a promis de donner des mobylettes à ceux qui voteraient pour elle. Et quand elle a eu gain de cause, elle n’a plus respecté sa promesse. Pire, elle a travaillé, selon lui, à diviser les 58 conseillers CDP en deux camps, ceux qui la soutenaient (contre des subsides de temps en temps) et ceux qui n’approuvaient pas ses méthodes. Assamy Ouédraogo faisait partie de ce dernier groupe qu’on tente de marginaliser. A l’entendre, le problème qui a véritablement pourri l’atmosphère, c’est le choix du site de la mairie. Et à ce propos, ceux que nous avons rencontrés sont tous formels : " Mme le maire voulait que le siège soit à Nongana, dans son village". Selon les informations, le conseil municipal a pris une première délibération pour choisir un lieu situé entre le lycée multilingue spécifique et le lycée départemental (dans le village de Nongana). A la suite de cela, le gouverneur du Plateau central en son temps, Ruth Yaméogo, s’était fait le devoir de rappeler aux maires que le site devrait être choisi dans la localité qui a donné son nom au département. Conformément donc aux textes, c’est à Loumbila Natenga que le site de la mairie devait être choisi.

Ce devrait être le point de départ de tiraillements entre les fils de la commune, mais aussi de pressions diverses, selon nos sources. Le gouverneur du Plateau central, Issouf Rouamba, a dû organiser une journée de pardon pour apaiser les tensions, en 2008. Même le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Clément Sawadogo, se serait déplacé à Loumbila pour rencontrer les autorités coutumières, religieuses et administratives afin de trancher le problème du siège de la mairie. Mais, le maire et les conseillers qui lui sont fidèles, selon Assamy Ouédraogo, ont toujours refusé ce compromis. Cela explique-t-il l’arrêté pris finalement par le MATD, Clément Sawadogo, pour choisir définitivement le site ? Et Assamy Ouédraogo de nous confier que le maire de Loumbila, malgré tout, a refusé le procès-verbal, lançant à qui voulait l’entendre qu’elle n’acceptait pas la décision du ministre.

Et pourtant, les potentialités ne manquent pas

"Mais, comment prétend-elle construire la commune si elle veut tout ramener à son village, Nongana, avec l’appui de ses frères et soeurs ? s’indigne le conseiller de Noungou, qui n’arrivait plus à se contrôler. "Nous gagnons de l’argent pour notre commune. Mais au lieu de travailler, nous avons passé tout le temps à nous bagarrer", poursuit-il. Il manifeste ainsi son accord avec les propos de Boureima Guiblewéogo. Mais, il ajoute, tout énervé, qu’ils (les 58 conseillers CDP) n’ont pas du tout mérité la confiance des populations parce que rien de concret n’a été fait en trois ans. Et pourtant, ce ne sont pas les potentialités qui manquent à la commune pour traduire en actes concrets son plan communal de développement. Selon un conseiller qui a requis l’anonymat, le budget de 2009 est de quelque 30 millions de F CFA. Mieux, le Programme national de gestion des terroirs (PNGT II) a octroyé une somme de 50 millions de F CFA pour les actions de développement programmés par la commune. Mais, jusqu’à présent, à l’entendre, aucun centime n’a été dépensé parce qu’il n’est plus possible d’accorder des marchés de gré à gré de plus d’un million de F CFA. "C’est parce qu’ils ne peuvent pas bouffer cet argent qu’il n’est pas utilisé au grand dam des populations", croit-il savoir. "Je suis déçu d’être conseiller à Loumbila", nous a-t-il confié, l’amertume dans la voix.

Il y a aussi ceux qui ne parlent pas

De toute cette situation, que pense le premier adjoint au maire, qui assure l’intérim et exerce la plénitude des fonctions du maire ? Nous nous sommes rendu au siège actuel de la mairie pour voir l’ambiance qui y règne. Et c’est le nouveau maître des lieux, Martin Zongo, qui nous a reçu pour nous dire ... qu’il n’avait rien à dire, étant donné que la tutelle a pris cette décision. Déçu, nous pensions décrocher une interview avec la principale intéressée, Mme Assèta Ilboudo. Jointe au téléphone, elle a promis de nous recontacter parce qu’elle était en déplacement. Le chef de Loumbila lui aussi a refusé de faire un commentaire sur la situation, en relevant tout simplement qu’il n’y avait pas de problème dans son fief. Veut-il jouer balle à terre surtout qu’on l’accuse d’avoir "choisi" le terrain devant abriter le siège de la mairie ? Pour l’heure, les accusations fusent de toutes parts et les plus folles rumeurs aussi. Mais personne n’ose donner des détails sur ce qu’on entend par "fautes graves de gestion", le péché qui a emporté le maire de Loumbila.

Que reproche-t-on au maire de Loumbila ?

C’est cette question qui nous a amené à nous rendre au MATD pour entrer en possession du rapport de mission d’investigation de l’Inspection technique des services dans la commune de Loumbila du 2 au 7 mars 2009. Le rapport est secret, nous a-t-on signifié. Mais promesse nous a été faite de nous recontacter pour qu’un responsable puisse expliquer la situation. Mais, selon toute vraisemblance, la mission d’investigation est venue à Loumbila suite à une lettre ouverte de plusieurs conseillers adressée au MATD, laquelle dénonçait la mauvaise gestion de la mairie. Il était reproché à Mme Assèta Ilboudo, la gestion opaque des frais de mariage, et de procès-verbaux de palabre. Les conseillers s’inquiétaient également de l’utilisation douteuse des fonds dégagés par le comité de jumelage pour la mise en place des comités villageois de développement (CVD).

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 29 octobre 2009 à 13:41, par compaore En réponse à : LOUMBILA : Des conseillers divisés, une commune inexistante

    sur quelles bases les maires de communes st ils elus ?que les responsables aux elections des maires prennent gardes aux pilleurs ki arrivent avec des beaux visages et ns laissent meurtris quand ils s’en vont.l’argent du pys est a servir pr le developpemnt du pays et de ses habitants pas pr la famille du commissionne ou ses amis ou je ne sais koi mais c’est pr le developpement du pays.ya boin yarr la woto ?yam n pa nong taaba la y pa nong tenga me,n yaol n nong i mense !kato !

  • Le 29 octobre 2009 à 23:58 En réponse à : LOUMBILA : Des conseillers divisés, une commune inexistante

    Que Dieu sauve le burkina du régime dictatorial des Compaoré.La sitution des maires des communes est symptomatique de l’image chaotique de la démocratie"made in burkina".A quoi sert de convier les citoyens à désigner ceux qui doivent prèsider à leur destinée au niveau local si un simple arrèté du ministre peut les revoquer de leur fonction.
    Quelle attitude avoir face à cette monarchie déguisée des Compaoré. En rire ou en pleurer ?Une chose est certaine.Il ne sert à rien pour l’oppostion de prendre part à ces consultations.Les pouvoir trouvera toujours quelque chose à reprocher aux élus de l’oppposition pour les déchoir de leur fonction.Alors,il ne reste qu’un voeux à formuler:que le pouvoir ose franchir le rubicon en nommant ces militants à la tète des commune.A ce point,les énormes moyens financiers que suscitent les élections seront épargnés.

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