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Un mois après les massacres en Guinée : Les exactions se poursuivent

Publié le mercredi 28 octobre 2009 à 05h58min

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Cela fait un mois, jour pour jour, que la Guinée du capitaine Moussa Dadis Camara a connu une répression sanglante d’une manifestation de l’opposition. On se rappelle la barbarie de l’armée guinéenne le 28 septembre 2009, qui, en voulant empêcher un meeting de l’opposition, réunie dans l’enceinte du stade éponyme, avait causé la mort d’au moins 150 personnes selon l’ONU.

Dès lors, cette date, qui était déjà historique, puisqu’elle symbolise « le non à la colonisation française et l’ouverture des portes de l’indépendance », entrera une seconde fois dans l’histoire, mais cette fois, tristement, car le bain de sang occasionné ce jour restera à jamais gravé dans les mémoires. La Guinée n’avait pas besoin de ça ; elle, qui a déjà souffert de l’ère Lansana Conté, devrait bien au contraire connaître une transition politique plus heureuse. Dommage que la haine et le mépris des uns leur aient fait croire qu’ils ont droit de vie et de mort sur les autres.

Un mois donc, et l’on est toujours à la case départ. L’on se ronge les freins, comme si l’on ne voulait pas sortir de cette impasse ; à moins que certains petits despotes ne veuillent en profiter pour faire régner la terreur. Sinon l’on aurait senti une réelle volonté d’aller vers la réconciliation. Malheureusement, tout porte à croire que la junte militaire veut utiliser la situation pour mener à son terme la chasse à « ses sorcières d’opposants » ; ceux-là même qui veulent empêcher le capitaine de se présenter à la prochaine présidentielle dans son pays.

Justement, la voie est ouverte à des exactions. En effet, le leader de l’Union pour le progrès de la Guinée (Upg), Jean-Marie Doré, par ailleurs porte-parole de l’opposition, a failli en faire les frais : dans la nuit du vendredi 23 au samedi 24 octobre dernier, il a échappé à un assassinat.

Des militaires, en civil, ont encerclé, pendant plusieurs heures, son domicile avant de faire irruption dans le salon, où ils espéraient le trouver. Heureusement pour lui qu’il était bien caché. Car, depuis la répression inhumaine du 28 septembre 2009, les leaders de l’opposition, les responsables syndicaux et représentants d’organisations de défense des droits de l’homme ne passent plus deux nuits de suite à un même endroit, craignant d’être assassinés. Paranoïa ou réalité ? on peut épiloguer à souhait.

Cependant, ils n’ont pas eu tort d’être extrêmement prudents, car, selon plusieurs sources concordantes, au moins douze personnes dont des militants de l’opposition ont été abattues à Conakry depuis le 28 septembre dernier. De plus, l’organisation guinéenne des droits de l’homme soutient détenir une liste de 80 personnes disparues depuis la date historique du massacre. Dans ce blocage total, l’homme fort du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) est devenu aphone.

Il est désormais plongé dans un mutisme qui tranche avec ses grandes sorties médiatiques d’antan. Et, comme par enchantement, la Télévision guinéenne a subitement disparu des bouquets satellitaires. Histoire de dire « fermez vos yeux, on règle les choses à huis clos ». C’est à se demander ce que Blaise Compaoré va faire dans cette galère.

Kader Traoré

L’Observateur Paalga

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