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Saisie d’oeuvres piratées à bobo : La riposte de Bala

Publié le lundi 2 août 2004 à 14h30min

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Les artistes et producteurs membres du BBDA sont passés à la caisse le vendredi 30 juillet 2004. L’événement qui a eu pour cadre le siège de cette institution a été marqué par la présence des ministres de la Culture, des Arts et du Tourisme, de l’Information et a consacré le lancement du premier payement des droits voisins. A l’occasion, le directeur général dudit bureau, Balamine Ouattara, s’est prononcé sur l’opération de saisie de cassettes par ses services au marché de Bobo.

Ils ont bravé la pluie de vendredi dernier, pour être au rendez-vous, chez le directeur général du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA). Ils, ce sont bien sûr les artistes musiciens et les producteurs de phonogrammes. Point besoin de dire que les visages rayonnaient de joie, à l’idée que chacun va empoigner son « gombo », selon son mérite et sa chance. En procédant au payement des droits d’auteur, des droits voisins aux artistes et producteurs, le BBDA sacrifie ainsi à un rituel qui s’inscrit dans le cadre de la gestion collective des droits d’auteur qu’il assure depuis 1987.

Troisième du genre de cette année, la répartition de ce mois de juillet, traditionnellement concerne les droits de production mécanique, d’exécution publique et les droits provenant de l’étranger. La cérémonie de la présente répartition qui a été présidée par le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Mahamoudou Ouédraogo, avec à ses côtés son collègue de l’Information, Joseph Kahoun, a revêtu un caractère particulier empreint de solennité, quoique les choses sont allées très vite, les ministres devant se rendre au Conseil des ministres.

Cette particularité tient essentiellement à la consécration de la première répartition de la rémunération équitable qui entre dans le cadre de la mise en œuvre des droits voisins au Burkina. En effet, à la faveur de la loi du 22 décembre 1999 portant protection de la propriété littéraire et artistique, les artistes interprètes et les producteurs de phonogrammes ont bénéficié de deux prérogatives qui sont la rémunération pour copie d’une part et la rémunération équitable d’autre part. Le BBDA fait donc œuvre pionnière en procédant au payement des droits voisins, dans la sous-région.

Combat contre la piraterie

Le ministre Mahamoudou a dit sa fierté de présider le lancement de la répartition de rémunération équitable. Il a saisi l’occasion pour lancer un appel à la mobilisation afin que ce soit au Burkina Faso que l’on donne les coups durs à la piraterie. Au total, c’est 84 millions de francs CFA que vont se partager les artistes et producteurs de phonogrammes dont 25 000 000 de FCFA ont été remis symboliquement le vendredi 30 juillet 2004.

Actualité oblige le BBDA a mené une opération de perquisition au marché central de Bobo, le mardi 27 juillet dernier, qui a permis de saisir près de dix mille cassettes. Il est reproché au Bureau burkinabè du droit d’auteur de n’avoir informé l’autorité municipale et de ne s’être entouré des services d’un huissier ; c’est du moins les griefs qu’a évoquées Balamine Ouattara, DG du BBDA à qui les hommes de médias ont demandé ce qu’il pense de cette opération après la cérémonie de lancement du premier payement des droits voisins aux artistes et producteurs de phonogramme.

Pour le premier reproche, à savoir que la mairie de Bobo n’a pas été mise au courant de la perquisition du marché, le patron du BBDA a dit que la gendarmerie a été mise au courant, qui aurait informé le directeur du marché central de la ville de Sya, la veille de la perquisition. Celui-ci a fait remarquer le DG du BBDA, a disposé de plus de 10 heures pour informer son supérieur hiérarchique qui est le maire, s’il ne l’a pas fait, a-t-il poursuivi « Je suis désolé ». Quant au second grief, concernant l’huissier, Balamine Ouattara dira que son institution n’est pas obligée de faire appel à un huissier de justice.

Et d’invoquer l’article 99 de la loi du 22 décembre qui dit qu’à la requête de tout auteur d’une œuvre de l’esprit, de tout titulaire d’un droit voisin, de leurs ayants droit ou l’organisme professionnel de gestion collective, les services de police, de gendarmerie, des douanes ou tout autre service habilité à procéder à des saisies sont tenus de saisir, quels que soient le jour et l’heure, les exemplaires constituant une production illicite d’une œuvre…

Agnan Kayorgo


L’appel des artistes

Après la saisie d’œuvres piratées au marché de Bobo, qui a fait des vagues la semaine dernière dans la ville de Sya sur fond de rivalités politiques entre le maire Célestin Koussoubé et Balamine Ouattara, directeur du BBDA et par ailleurs conseiller municipal de ladite ville, une vingtaine d’artistes lancent l’appel suivant pour le renforcement de la lutte contre la piraterie.

Le mardi 27 juillet 2004, la Direction régionale de l’Ouest du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA), en collaboration avec la brigade régionale de la gendarmerie, a procédé à un contrôle suivi d’une saisie de cassettes piratées au marché central de Bobo-Dioulasso. Ces contrôles, il faut le rappeler, entrent dans le cadre des activités du BBDA, qui a pour mission la protection et la défense des droits des artistes et des auteurs membres.

C’est dans ce contexte que, en collaboration avec ses partenaires que sont la gendarmerie, la douane et la police, le BBDA mène, entre autres, des activités visant à contribuer à la lutte contre la piraterie des œuvres artistiques au Burkina Faso. La piraterie est un phénomène qui prend chaque jour des proportions inquiétantes pour nous, les artistes, en particulier et pour tout le monde de la culture en général.

En effet, combien sommes-nous, couverts de notoriété grâce à notre talent et aux succès de nos nombreuses créations artistiques et littéraires (musique, films, livres, etc.), mais livrés à la mendicité et à la misère morbide par le simple fait de quelques individus crapuleux, appelés pirates. En effet, au Burkina Faso comme dans la plupart des pays africains, pour ne citer que l’exemple du continent, ce sont annuellement des centaines de millions, voire des milliards de francs que ces sangsues de la société volent aux créateurs d’œuvres de l’esprit, et par ce fait même, tuent à petit feu la culture burkinabè, empêchant la société de profiter des talents de ces créateurs ; car un artiste réduit à une misère morbide perd tout, même le sens de la création.

Nous félicitons le BBDA

C’est pourquoi, artistes burkinabè de toutes disciplines, saluons et félicitons le BBDA et la gendarmerie nationale, pour le noble combat qu’ils ont engagé à Bobo-Dioulasso le mardi 27 juillet 2004 et qui a abouti à la saisie, entre les mains de pirates, de plus de dix mille (10 000) supports piratés (cassettes et CD), au marché central de cette ville. Comme ils l’ont déjà fait dans d’autres localités, nous invitons incessamment le BBDA et la gendarmerie à poursuivre ce dossier jusqu’à son terme par la saisine du procureur du Faso et la traduction en justice de tous ceux qui avaient des cassettes piratées dans leurs magasins.

Par ailleurs, nous encourageons vivement le BBDA à développer courageusement beaucoup d’autres initiatives dans la lutte contre la piraterie sur l’ensemble du territoire national. Nous l’assurons de notre entière disponibilité à le soutenir et à l’accompagner, en toute circonstance, pour le succès de cette lutte. Nous exprimons notre entière gratitude à l’engagement sans réserve de la gendarmerie nationale en particulier et de l’ensemble des forces de l’ordre en général (Douane, Police...) pour les efforts qu’elles déploient tous les jours afin d’éviter aux artistes une mort prématurée du fait de la piraterie.

Le maire de Bobo doit aider le BBDA

Nous invitons expressement les autorités de la commune de Bobo à se rallier sans équivoque à notre cause et à notre lutte. Bobo-Dioulasso est, de part la SNC, la capitale culturelle du Burkina et nous attendons surtout du maire de cette ville qu’il s’illustre par des initiatives heureuses et entreprenantes dans la lutte contre la piraterie, aux côtés du BBDA, de la gendarmerie et des commerçants honnêtes de Bobo, qui sont d’ailleurs les plus nombreux.

Nous remercions notre maison mère, le ministère en charge de la Culture, pour ses nombreuses initiatives en faveur de la promotion de la culture, et nous prions monsieur le ministre, au regard de l’ampleur de ce fléau, de renforcer le cadre de la lutte contre la piraterie au Burkina Faso par une plus grande implication d’autres secteurs de l’Etat.

Nous assurons les commerçants de cassettes et CD, honnêtes et respectueux de la loi, de tout notre soutien pour un assainissement du marché des œuvres littéraires et artistiques, afin qu’en assurant leur épanouissement économique, ils participent activement au développement culturel du Faso. Quant à ceux des commerçants qui ont choisi, malgré les multiples campagnes de sensibilisation, la voie de la piraterie comme seule alternative pour assouvir leur désir vorace de s’enrichir, en réduisant les artistes à la mendicité et à la misère suprême, nous les assurons de notre volonté et de notre détermination sans faille à aider les autorités compétentes à les traquer dans leurs derniers retranchements.

C’est pourquoi nous invitons tous les commerçants honnêtes du Burkina à se démarquer totalement des pirates et à nous aider à les dénoncer et à les combattre. Ni la piraterie ni les pirates, encore moins leurs complices, ne creuseront la tombe de la culture du Burkina Faso. Faisons de la lutte contre la piraterie notre lutte commune.

Ont signé :

- Sawadogo Vincent (Rickson)
- Ouédraogo P. Eric
- Dick Marcus
- Sam Sinaï
- Ahilley Sabil
- Smokey Serge
- Bil Aka Kora
- Amity Méria
- D. A. Karim Sofaa
- Fatt Kion Cool Inoussa ...
- Bamos Théo
- Kaboré Pascal
- Alfred Miningou -Koanda Saïdou Zaksoba
- Thiombiano Damien
- Salembéré Y. Salambo
- Dramé Adama Bandé
- Elvire Bagayoko
- Awa Koïta
- Aboubakar Sidiki

Observateur Paalga

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