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INSECURITE ROUTIERE AU BURKINA : Laxisme ou pauvreté ?

Publié le vendredi 23 octobre 2009 à 03h37min

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"Contre l’insécurité routière, mobilisons-nous". C’est sur ce thème que sera lancée le 15 novembre prochain à Boromo, la première édition de la Journée nationale de sensibilisation sur la sécurité routière. C’est ce qui émane du Conseil des ministres du mercredi 21 octobre 2009. Comme dirait l’autre, il était temps ! Le choix de la ville de Boromo pour donner le top de départ de cette première édition est tout un symbole. On se rappelle que c’est le 15 novembre de l’année dernière, au petit matin, qu’un grave accident de la circulation s’est produit au sortir de cette ville.

On a déploré la mort d’une soixantaine de personnes. En son temps, chacun y était allé de son indignation, de sa réprobation, de son interpellation des autorités chargées d’assurer la sécurité routière dans notre pays.

La route tue. Elle tue davantage quand des agents chargés du contrôle des engins et de la délivrance des permis de conduire se complaisent dans un laisser-aller et un laxisme irresponsables et coupables. Ce n’est pas la première fois que la question de la sécurité routière est traitée dans le cadre de cette rubrique. Malheureusement, beaucoup d’efforts restent à faire, tant et si bien que le nombre des accidents de la route se multiplie. Sur nos routes, dans les villes comme en pleine campagne, on rencontre des véhicules automobiles exagérément chargés de marchandises, d’animaux et d’hommes. Dans certains pays, les sociétés s’occupant de la casse des automobiles usagées accepteraient difficilement ces épaves, uniquement pour des raisons de santé des hommes et des femmes qui vont se charger de leur reconversion.

Il n’est pas rare de voir dans nos villes des véhicules en circulation s’enflammer brusquement en plein milieu de la route. D’autres sont stoppés sur les bas-côtés de la route et il faut les tracter jusqu’au garage. Une fois au garage, le propriétaire presse les techniciens dépanneurs pour qu’ils fassent tout afin qu’il puisse se mettre de nouveau en circulation. Le propriétaire et les techniciens se livrent alors à une criminelle tricherie. Ils mettent ainsi en danger la vie des autres usagers de la route. Ils sont loin d’être les seuls coupables. Depuis la création du Centre de contrôle des véhicules automobiles (CCVA) au Burkina, tout véhicule en circulation ne peut le faire que si le chauffeur peut présenter aux agents chargés de veiller sur la sécurité routière un certificat en cours de validité délivré par le CCVA. Mais, à voir l’état de certains véhicules, on peut se poser la question de savoir si le propriétaire possède ce certificat. S’il l’a, comment a-t-il pu l’obtenir ?

Des hommes et des femmes circulent à bord de voitures sans permis de conduire ou avec des permis obtenus en faisant "des affaires". Que dire des enfants qui s’emparent des clés de voiture de leurs parents et qui commettent de graves dégâts sur les routes ? On pourrait les ranger dans la catégorie de ces jeunes qui roulent à tombeau ouvert sur de grosses motos, sans avoir la moindre notion des règles de la circulation et de sécurité routière. Ce sont des criminels en puissance. On voit chaque jour les tristes spectacles sur les routes, en ville et en campagne.

Il était donc temps que, face à ces situations désolantes, le ministère des Transports réagisse. Mais en quoi doit consister une Journée nationale de sensibilisation sur la circulation et la sécurité routière ? Nous pensons qu’il faut au tout début prendre des mesures fermes pour interdire de circulation tout véhicule qui ne présenterait pas toutes les garanties de sécurité aussi bien pour le conducteur que pour les autres personnes. Il est question de sécurité et l’on ne doit pas badiner avec cela. Il faut renforcer les contrôles. Ceux-ci doivent se faire avec fermeté et dans le respect, sans indulgence aucune. Tous les tombeaux roulants doivent être interdits de circulation. La pauvreté du Burkina ne saurait être une licence pour tuer.

Une fois que le parc automobile du Burkina aura été assaini par "une mise hors d’état de nuire" de certains véhicules automobiles, les pouvoirs compétents se pencheront sur la question du permis de conduire. Des hommes et des femmes circulent avec des permis dont il est difficile de situer l’origine, encore moins d’en déterminer l’authenticité. Pour protéger nos populations, il faut mettre un frein à ces permis de conduire obtenus par la contrebande. Il faut démanteler ces réseaux de criminels travaillant souvent avec des intelligences étrangères. Sensibiliser les populations sur les règles de la circulation routière, c’est leur apprendre leurs droits et leurs devoirs une fois qu’elles sont dans la circulation. C’est un travail de longue haleine, certes mais qui mérite d’être entrepris.

A quelques rares exceptions près, les accidentés de la route et les victimes sont abandonnés à eux-mêmes. Très peu d’entre eux ou leurs ayants droit reçoivent une indemnisation conséquente. Il arrive que parfois, grâce au jeu des alliances de toutes sortes, les fautifs s’en tirent sans rien payer. Pas même les ordonnances. Il faut que cela prenne fin. Tout détenteur de véhicule doit souscrire à une assurance correspondant à l’activité qu’il exerce avec ledit véhicule. Sur les routes, les gendarmes et les policiers doivent s’assurer de la validité de cette assurance. En cas d’accident, les pouvoirs publics doivent porter assistance aux victimes pour que celles-ci soient indemnisées correctement. Dans ce sens, les administrations compétentes doivent travailler à rendre les procédures et les circuits moins complexes.

Le Fou

Le Pays

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