"Aujourd’hui 22 octobre, est célébrée dans de nombreux pays, la Journée mondiale du bégaiement. Cette célébration, qui pourrait apparaître comme insolite pour certains, est pourtant à sa 12e édition. Elle répond à un souci majeur : lever le tabou qui entoure le bégaiement, en parler, et susciter un intérêt. Le bégaiement est quelque chose d’unique car il touche la communication qui est l’une des valeurs essentielles de l’être humain. En effet, qui ne connaît pas le bégaiement ? Qui n’a pas été témoin de la souffrance qu’engendre ce trouble du langage ? Ce mal méconnu toucherait au moins 1 % de toute population, et ceci quelle que soit la catégorie socioculturelle. Il y aurait donc plus de cent quarante mille (140 000) personnes qui bégaient au Burkina Faso. C’est dire que ce handicap du langage est un réel problème dont il faut s’en préoccuper et s’en occuper. Le thème de cette douzième édition est « Etre bègue, c’est plus que bégayer ».

Il s’agira de sensibiliser le public sur le fait que les répétitions de syllabes, les blocages, les prolongations de sons, voire les mouvements involontaires qui constituent les manifestations les plus visibles du bégaiement, occasionnant parfois les attitudes nocives telles que les rires moqueurs assez destructeurs notamment chez l’enfant, ne représentent que le dixième des éléments qui le constituent. L’essentiel, c’est-à-dire les neuf-dixièmes de la composante du bégaiement qui constituent la face cachée de ce trouble complexe, comporte entres autres, les ressentiments, les sentiments de frustration, d’injustice et de persécution enfouis en la personne bègue depuis l’enfance. Toute chose qui aboutit à la constitution de ce que l’on appelle la construction bègue. Un état qui fait de la personne qui bégaie, un être qui se culpabilise, qui est empreint à la gène, au complexe, au repli sur soi et qui a la phobie de la parole. Prendre la parole qui est un geste simple pour la plupart des gens devient ainsi une source d’angoisse, voire d’expériences traumatisantes. S’il est vrai qu’autrefois la célébration de la Journée mondiale était l’apanage des pays développés, force est de reconnaître que grâce aux actions des pionniers tels que l’Association Action contre le bégaiement du Burkina Faso, cette journée s’inscrit de plus en plus dans le paysage évènementiel africain.

Depuis 2003, notre association qui regroupe les personnes bègues du Burkina se fait le relais au Burkina de cette Journée mondiale en organisant des manifestations. Nous profitons de cette opportunité pour exprimer nos vifs remerciements à la presse, aux différents ministères en charge de la Santé, de l’Enseignement, de l’Action sociale et de la solidarité nationale qui nous accompagnent annuellement dans cette œuvre salvatrice. Cette année, en réponse à la forte et pressante demande de nombreux habitants de la ville de Bobo Dioulasso, notre association entend y organiser pour la première fois, une grande conférence le samedi 31 octobre au CCF, sur le thème "Le bégaiement, qu’est ce que c’est ? Que peut-on faire ?" Nous restons convaincus que par cette action, nous apporterons un réconfort et des éléments de réponse aux préoccupations de nombreuses familles et personnes bègues qui souffrent dans l’anonymat, le plus souvent sans aucun recours thérapeutique possible."

Dr Moussa DAO Président de Action contre le bégaiement (ACB) Email : daomoussa@yahoo.fr Tel : 70 26 35 29

Le Pays