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NON-ATTRIBUTION DU PRIX MO IBRAHIM : Faut-il en rire ou en pleurer ?

Publié le mercredi 21 octobre 2009 à 06h33min

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Le Prix Mo Ibrahim, du nom du magnat britannique des télécommunications qui l’a créé et lui a donné son nom, est le plus richement doté du monde. Il est décerné chaque année à un ancien chef d’Etat ou de gouvernement d’Afrique subsaharienne qui a quitté volontairement le pouvoir depuis moins de trois ans et qui a fait preuve de bonne gouvernance et d’excellence en matière de leadership en Afrique.

Le lauréat reçoit une récompense de 5 millions de dollars sur dix ans suivi d’un versement de 200 000 dollars par an le reste de sa vie. Le lauréat reçoit également 200 000 dollars par an destinés à financer ’’de bonnes causes et des activités d’intérêt public’’.

Cette année malheureusement, il y avait beaucoup de postulants mais aucun d’eux n’ a été élu. Olouségun Obassanjo du Nigéria, John Kuffour du Ghana, Mathieu Kérékou du Bénin ou Thabo Mbéki d’Afrique du Sud, entre autres, avaient certainement des arguments à faire valoir. Force est de constater cependant qu’aucun d’eux n’a retenu l’attention du jury. Comment se fait-il que cette offre mirobolante n’ait pas trouvé preneur ? Faut-il en rire ou en pleurer ? Pourquoi aucun de ces anciens chefs d’Etat n’a été jugé digne de se voir attribuer le prix ? Faut-il plutôt voir en cette non-attribution du prix un message adressé aux chefs d’Etat toujours en fonction ? Il n’y aurait certainement pas eu autant d’interrogations si le comité d’attribution avait révélé les raisons pour lesquelles le prix n’a pas été décerné. En se refusant à le faire, il laisse libre court à toutes les interprétations. La compétence du jury n’est nullement en cause. Les membres qui le composent, en effet, ne sont pas des inconnus. Au contraire, ce sont des hommes et des femmes qui ont fait leurs preuves dans leurs pays et sur la scène internationale.

Peut-on faire grief à Koffi Annan, ancien SG de l’ONU et prix Nobel ; Martti Ahtisaari, ex-président finlandais, lui aussi Prix Nobel ; Mohamed El Baradeï, DG de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Prix Nobel ; Mary Robinson, ex-présidente irlandaise et ancienne Haut commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme ; Salim Ahmed Salim, ancien SG de l’OUA et ex-premier ministre tanzanien et enfin à Aïcha Bah Diallo, ex-ministre de l’éducation de Guinée, directrice de l’Education de base à l’UNESCO, tous membres du jury, de n’avoir pas fait un travail exempt de tout reproche ? Assurément non. Difficile aussi d’affirmer que Mo Ibrahim soit à court d’argent, cet multimillionnaire qui a fait fortune dans la téléphonie mobile. Les raisons de cette non-attribution du prix sont donc à rechercher ailleurs, du côté des anciens chefs d’Etat et de gouvernement. Les prétendants qui ont été déboutés cette année ont sans doute été jugés indignes de ce prestigieux prix. Ces chefs d’Etat doivent se convaincre que leurs actions ne sont pas encore à la hauteur des attentes et qu’ils doivent encore mieux faire. Le prix incite les chefs d’Etat à quitter le pouvoir au terme de leur mandat après avoir pratiqué la bonne gouvernance. Cela est rare en Afrique subsaharienne où la tendance est plutôt à la pérénisation au trône. Le jury fait dire que l’attribution de ce prix n’est pas faite avec complaisance et qu’il faut lui accorder tout le mérite qui lui revient. Pour cela, il suffit de se référer aux deux premiers lauréats, en l’occurrence les anciens présidents mozambicain Joaquim Chissano et botswanais Festus Mogae.

Tout le mérite revient à ce philantrope africain d’origine soudanaise pour son initiative très encourageante. Si le prix Mo Ibrahim, qui avait pourtant de nombreux candidats n’a pas cependant trouvé de lauréat en 2009, il faudrait peut être revoir ses critères d’attribution, notamment sa périodicité. Dans tous les cas, la balle est dans le camp des anciens chefs d’Etat qui ne se font pas toujours entendre et voir. Exception faite de Abdou Diouf et de Alpha Omar Konaré, les autres ne sont plus très audibles, contrairement à leurs homologues européens ou américains, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, Al Gore ou Bill Clinton, entre autres.

Par Boureima OUEDRAOGO SONRE

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2009 à 20:28, par Sigry En réponse à : NON-ATTRIBUTION DU PRIX MO IBRAHIM : Faut-il en rire ou en pleurer ?

    On peut accuser Obassango de n’avoir pas suffisamment combatu la corruption dans son pays. Aussi pour n’avoir pas volu quitter le pouvoir.

    A Mbeki d’avoir voulu ternir l’image de son successeur.

    Mais que reproche t’on a John Kuffur ? Qu’ils ns disent clairement en quoi ce monsieur ne mérite pas ce prix.

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