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Législatives nigériennes : Mort programmée de l’opposition ?

Publié le mercredi 21 octobre 2009 à 06h33min

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Malgré les appels de la communauté internationale à un report des élections législatives contreversées du Niger, le président Mamadou Tandja a choisi de faire la sourde oreille, en organisant, le mardi 20 octobre 2009, un scrutin qui n’a pas emballé grand-monde du point de vue de la participation

En effet, six millions de Nigériens étaient appelés à voter dans 19 331 bureaux de vote à travers le pays, pour l’élection des 113 députés du Parlement, que l’homme fort de Niamey avait dissous en mai dernier pour faire passer son projet de référendum constitutionnel lui permettant de rester au pouvoir jusqu’en 2012 au moins.

La consultation électorale d’hier a été boycottée par l’opposition. Celle-ci, depuis des mois, ne cesse de dénoncer un « coup d’Etat » constitutionnel orchestré par le président de la République. Morceau choisi : « Ces élections ne sont pas fondées sur la Constitution de 1999, et nous réitérons notre appel à nos sympathisants et à l’ensemble du peuple nigérien en faveur d’un boycottage massif ».

Le week-end dernier, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait exhorté, en brandissant une menace de sanctions, Mamadou Tandja à renoncer à son intention. Celui-ci est resté impavide. Les législatives ont bel et bien eu lieu comme prévu. Il est même allé personnellement, aux premières heures de la journée, à l’Hôtel de Ville de Niamey, accomplir son devoir citoyen, envers et contre tout.

L’organisation sous-régionale, après des tirs de sommation, n’a donc pas hésité à joindre l’acte à la parole, en suspendant le pays d’Hamani Diori de ses instances. Espérons que cela est un avertissement dissuasif à l’endroit de tous ceux qui, comme Tandja, viendraient à être tentés de bouleverser l’ordre constitutionnel de leur pays pour des intérêts égoïstes. Cette nouvelle donne, Tandja n’en a cure qui continue sa chevauchée sans état d’âme, ignorant l’opposition, qu’il veut réduire à sa plus simple expression.

Cette dernière, en optant pour la politique de la chaise vide au Parlement, sans doute refuse d’être complice des attitudes du premier des Nigériens, mais reconnaissons que cela ne l’arrange nullement. Son absence de l’hémicycle lui sera préjudiciable parce qu’elle aura immanquablement des difficultés à exister et à participer à l’animation de la vie politique. Face au parti au pouvoir, soutenu par une bonne brochette d’autres formations se réclamant de la mouvance présidentielle, on se demande bien si cette opposition-là pourra relever le défi.

Les moyens ne vont-ils pas lui manquer pour s’affirmer et se faire valoir ? Tandja, qui n’a pas encore dit son dernier mot pour ce qui le concerne, boit son petit lait, persuadé qu’il aura ses adversaires à l’usure, eux qui vont devoir se morfondre pendant encore cinq ans et peut-être même plus. Pour sûr, l’opposition nigérienne, après les législatives à polémique du 20 octobre 2009, va se fragiliser davantage, ce que le chef de l’Etat appelle de tous ses vœux et dont il ne se cache pas outre mesure.

Les résultats du scrutin, selon le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Moumouni Hamidou, ne seront pas connus avant vendredi au plus tôt. Raisons avancées : la complexité des calculs d’attribution des sièges, l’acheminement des urnes des bureaux de vote des localités reculées de ce vaste territoire qu’est le Niger. Pour qui connaît bien, dans les démocraties africaines, la chanson chaque fois entonnée et reprise en chœur par des partisans aux ordres, inutile de dire que les dés sont déjà jetés en faveur des puissants du moment. Des taux confortables sont concoctés à l’avance. Il ne restera plus qu’à les publier, à les officialiser pour enfin légitimer un Parlement qui gère le législatif par le biais de l’Assemblée nationale et du Sénat.

Un Parlement qui constitue, en réalité, une chambre d’enregistrement du pouvoir en place. Pour le cas du Niger, on pourrait même parler de « Studio du Ténéré », puisqu’en fait de Représentation nationale, il s’agira d’une organisation sans véritable pouvoir de décision, d’un « machin » comme bien d’autres, chargé, ni plus ni moins, de défendre les mesures gouvernementales.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2009 à 19:54 En réponse à : Législatives nigériennes : Mort programmée de l’opposition ?

    Je crois que ce vieux loup de la politique en Afrique a du lamentablement oublie ce qui s est passe avec un de ses predecesseurs, j ai nomme Ibrahim Bare Mainassara.
    Mais c est l Afrique, meme chez nous nous attendons de voir. comme dit fadal Dey, "On veut de toi wooh, tu est accroche, on ne veut plus de toi wooh, tu est accroche".
    Ce sont des gouvernants sauve souris et qui n entendent que le message des Kalachs ;
    Dieu sauve nos peuples.

  • Le 22 octobre 2009 à 18:10 En réponse à : Législatives nigériennes : Mort programmée de l’opposition ?

    Le boycott de l’opposition obéit à une logique constante : l’irrégularité d’un système politique au Niger. En effet, l’Assemblé Nationale a été dissoute pour refus de subordination, les membres de Cour Constoitutionnelle ont été limogés pour refus d’obéir... un référendum a été par la suite organisé pour modifier la constitution, et dans quelles conditions ! L’opposition a dénoncé tous ces coups graves portés à la démocratie.
    Maintenant des élections ont été organisées sur ces bases (fondements)et vous voulez que l’opposition participent à ces élections. Outre, l’illogisme de cet avis, il y’a la réalité populaire qui ne comprendra pas cette "volte face" qui est perçue comme de la duperie mieux de la trahison. De grâce, c’est un refrain connu de certaines presses qui en réalité vise à la longue à valider un système que l’on a combattu. La chaise vide est parfois un message fort pour ceux qui veulent l’entendre.

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