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KALSAKA : Le fétiche de la discorde

Publié le mardi 20 octobre 2009 à 03h56min

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Comme une traînée de poudre, la nouvelle a fait le tour de la cité des collines. Le fétiche de Kalsaka aurait été rasé par la société minière de la localité. Emoi dans la ville. De concertations en concertations, la nouvelle est confirmée. « Naab-chaise », c’est comme cela qu’on l’appelle là-bas, n’est plus à sa place. Situé sur la colline, périmètre d’exploitation de la société Kalsaka Mining, le site du fétiche, à en croire les notables, ne devait pas être touché par les travaux. Mais comment en est-on arrivé là ?

L’information sur la destruction ou l’enlèvement du fétiche de Kalsaka a commencé à se répandre au début du mois d’octobre. La date n’est pas précise. Mais l’événement se serait produit entre les 4, 5 et 6 octobre. Le fétiche appelé "Naab-chaise" est un site rituel taillé dans la roche et qui a pris la forme d’un trône, d’où cette appellation de "Naab chaise". Le chef de Kalsaka et ses notables n’ont pas bien accueilli la nouvelle. Le 17 octobre, réunis à l’occasion d’une mission de la coalition Min’-alert, présidée par Orcade, ils ont dit leur surprise, leur stupéfaction. Le chef, quant à lui, est malheureux, parce que, dit-il, "je suis le 10e roi qui a hérité de ces lieux sacrés et c’est sous mon règne que cela arrive". Un vieux notable présent dans l’assemblée est plus grave : "Si le Kalsaka naaba ne peut pas faire ses sacrifices, comment les huit autres chefs qui dépendent de lui vont-ils pouvoir faire les leurs, puisque tout part d’ici ?"

Le 17 septembre 2009, selon un des notables, il avait été question, lors d’une rencontre avec les responsables de la mine, de ne pas toucher au fétiche. La société minière, selon l’assemblée des notables, avait prévu un rayon de 100 mètres autour du lieu de culte et sa protection par un grillage afin de permettre à la communauté d’y poursuivre ses rites. Apparemment, cette promesse n’a pas été tenue. Les notables qui ont rencontré les responsables de la mine et envoyé une délégation constater les faits, exigent maintenant le retour de leur fétiche à sa place avant toute discussion. C’est ainsi qu’un délai de 10 jours a été donné à la société minière de retrouver le fétiche. Ce délai court jusqu’au 20 octobre 2009. Une rencontre est prévue en principe le 23 octobre avec la société minière pour faire le point des recherches.

La tension reste vive dans la communauté qui a néanmoins décidé de maintenir le dialogue jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.

Par AT

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 octobre 2009 à 12:33, par Kôrô Yamyélé En réponse à : KALSAKA : Le fétiche de la discorde

    Le Fétiche étant très fort, il reviendra seul à sa place et va fouetter en plus ceux-là qui l’ont dérangé. Ne vous inquiétez pas pour celà, ayez confiance. Tout ira. Il reviendra tout seul.

    Regardez-les assis, tous moches les uns que les autres. Quand ces sociétés viennent chez vous accompagnées des autorités de l’Etat, avec devant eux vos fils bien placés dans l’administration, ils fêtent avec vous, donnent des cadeaux aux chefs, vous oubliez que c’est vous qui les autorisez à exploitez ????

    Ceci est un enseignement que tous les villages du Burkina doivent retenir. Vous ne pourrez rien faire même si le Fétiche n’est pas retrouvé. N’oubliez pas qu’avant que la société n’exploite votre terre, ce sont vous qui avez fait des sacrifices aux fétiches et aux ancêtres pour qu’ils autorisent l’exploitation ???

    Préparez-vous. L’année prochaine, il ne va pas pleuvoir chez vous et vous aurez faim et soif car ce Fétiche va se venger de vous.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 20 octobre 2009 à 12:41, par maurice melliet En réponse à : KALSAKA : Le fétiche de la discorde

    On ne touche pas aux coutumes quand elles ont un caractère sacré, et encore moins aux sites qui sont un patrimoine national !
    Toujours l’argent ! Cette entreprise d’exploitation aurait due être prévenue par le ministère de la culture ou des traditions afin de préserver ce lieu coutumier !
    La faute, si elle en incombe en premier à cette entreprise, elle est aussi celle de l’Etat qui ne prends pas assez de mesures de protections pour conserver et même enrichir son patrimoine architectural et culturel.

    Maurice Melliet
    un ami français du Burkina Faso

  • Le 20 octobre 2009 à 13:05, par hoeintègre En réponse à : KALSAKA : Le fétiche de la discorde

    De tous les articles que je viens de lire, le contenu de celui_là me choque par dessus tout. Comment en est-on arrivé là ?
    Si la société minière a sciemment rasé le site du fétiche c’est grave !!!!!!!! Grave non pas parce-que les courroux des dieux vont nous tomber dessus, mais c’est parce que cette société se fiche complètement des croyances des populations locales.L’État burkinabè doit réagir, non seulement parce-que ce fétiche est un patrimoine d’une importante population du pays mais aussi du fait que la société n’a pas pas respecter ses engagements. Qu’a t-elle fait alors des recommandations suite aux études d’impacts environnementales et sociales(si il y en eues) ?
    Cette faute grave qu’a commise cette société minière ne traduit-elle pas le manque de considération à l’égard les populations de ce pays dès lors qu’il y a une manne financière en jeux ?
    Il s’agit là de résoudre ce problème le plus tôt possible pour le respect des croyances de cette population, de leur intégrité morale et psychologique,et de la dignité de cette population.

  • Le 20 octobre 2009 à 13:24, par DIMA de Tângzêega En réponse à : KALSAKA : Le fétiche de la discorde

    Je ne suis pas directement concerné par le fétiche de Kalsaka, mais pour avoir lu ce qui s’était passé à Gaoua et à Ziga, je pense que la négociation doit être tournée vers quel nouveau site pour le fétiche.
    Musée communal à construire ? ou nouveau site hors du périmètre exploité par la mine.Les frais de déplacement seront à la charge de la société minière.Pour une prise en compte de l’intérêt de tous les habitants de Kalsaka, ne soyez pas très maximalistes chers détenteurs de la tradition qui doit composer avec le métail précieux qui cotoyait le fétiche.

  • Le 20 octobre 2009 à 16:31, par VP En réponse à : KALSAKA : Le fétiche de la discorde

    Moi, je trouve que cette affaire est un faux problème.Les gens n’ont trouvé d’imagination que pour escroquer la société ’kalsaka Mining’Je demande aux responsables de cette société minière de garder la tete sur les épaules.Si ce fétiche était réellement fort et fait pour demeurer à sa place jusqu’à la fin du monde,l’or n’allait jamais apparaitre dans son domaine.Laissez les gens.

  • Le 20 octobre 2009 à 19:17, par yann En réponse à : KALSAKA : Le fétiche de la discorde

    comment peut on à ce point manquer de respect à un peuple, alors qu’il vous laisse en prime le droit de lui piller ses richesses.

    mais jusqu’ou ira ce cynisme ? je pensais que depuis bien longtemps les bornes étaient bien trop dépassées ,mais c’est hélas toujours de plus en plus loin....

    • Le 21 octobre 2009 à 00:18, par Mr COMPAORE En réponse à : KALSAKA : Le fétiche de la discorde

      Contrairement à l’avis de bien de gens, je pense qu’il ne faut pas se tromper d’adversaire dans ce problème de fétiche de KALSAKA.
      La société minière n’est pas tombée du ciel pour commencer à déblayer le terrain, emportant ce fameux fétiche ! Ladite société a recu bel et bien une autorisation d’autorités d’un état organisé et soucieux de la protection de son patrimoine culturel !!!! En outre il y a des responsables administratifs locaux ; et que dire du chef lui meme et de ses notables ?
      Je veux simplement savoir où étaient tous ces gens avant que l’irréparable soit commis ? A y voir de près il y a des complicités à tous les niveaux y compris parmi les soit disant défenseurs aujourd’hui de leur fétiche !
      Si les responsables de la société minière ignorent ou n’ont aucune considération pour votre lieu sacré, qu ’avez vous fait pour les en empêcher y compris les ressortissants de KALSAKA à la capitale ?
      Je suis certains que dans cette affaire, des gens et pas des plus éloignés du village ont troqué la destruction de "Naab chaise" contre des espèces sonnantes et trébuchantes.
      Dans ces conditions vous ne pouvez que faire profil bas.
      Ainsi va le "Faso facon".

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