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Inégalités, entre riches et pauvres : Une bombe commune à l’humanité

Publié le lundi 19 octobre 2009 à 03h13min

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L’essayiste, romancier et mémorialiste français, Paul Leauteaud (1872-1956) a su bien prévenir l’humanité : « L’argent n’a pas d’odeur mais la pauvreté en a une ». Cette mise en garde trouve un fondement actuel dans les disparités si prononcées entre les classes sociales. Elle met à nu la propension à l’enrichissement, d’une part et traduit la croissance exponentielle du nombre des indigents, d’autre part. La richesse et la pauvreté se disputent âprement la vie des hommes en ce XXIème siècle. La première emmenée par une minorité l’emporte largement sur la seconde composée d’une majorité certaine. L’écart est criant et ne cesse de se creuser.

La terre renferme une abondance pour une infime partie de ses habitants. Elle se montre austère pour un grand nombre. Les premiers se comportent pour la plupart en sangsue, s’accaparant tout ce qui est à profit et les seconds, réduits en loques humaines se voient contraints à la mendicité. L’odeur nauséabonde de la pauvreté empeste la quiétude durable de la planète. C’est une réalité répugnante dans un monde si comblé matériellement et financièrement. Bastion et creuset de toutes les misères, l’Afrique a compté plus de 380 millions de pauvres en 1996 selon la Banque mondiale. Le taux est passé de 45 % à plus de 46 % au Burkina Faso. Plus de deux (2) milliards de personnes dans le monde vivent aujourd’hui dans la promiscuité. L’indigence semble la chose la mieux partagée sur la planète.

Elle n’épargne ni les continents traditionnellement riches, l’Europe et les Amériques, ni les émergents, l’Océanie et l’Asie. Les clochards des métros de Paris, les misérables de Calcutta, les laissez- pour- compte de Brooklyn et les exclues du Centre Delwendé de Tanghin partagent dans diverses contrées, le même fardeau. La répartition des richesses est un véritable casse-tête pour les gouvernants. Le combat actuel de Barack Obama repose essentiellement sur la quête d’une justice sociale : réduire les inégalités, le fossé entre riches et pauvres. Cet engagement rejoint la lutte menée depuis plus d’une décennie par le système des Nations unies en réorientant les actions de ses agences vers la lutte contre la pauvreté. Cette approche a accouché dans la plupart des pays fortement atteints par le phénomène, d’un « Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté » (CSLP). Tous les projets de développement ont un préambule commun : « Pays pauvre très endetté avec plus de... % de sa population vivant avec moins de deux dollars par jour… ».

Des bailleurs de fonds accourent, l’aide publique abonde, les financements sont là, bienvenus les salaires et les dépenses faramineux, bonjour les villas cossues et les grosses cylindrées, « s’en fout » les investissements réels … Les principaux bénéficiaires n’ont qu’à continuer de manquer de routes, d’écoles, d’activités rémunératrices de revenus, leur voix ne comptera pas à l’heure du bilan. Avec une telle farce, les pauvres sont pris dans un engrenage. Les différentes crises énergétique, alimentaire et économique illustrent la boulimie d’une minorité à vouloir tenir une majorité dans les liens de la servitude et de la dépendance. Le pouvoir d’achat s’effrite de façon considérable et annihile les espoirs des couches les plus vulnérables. Les projets de société les plus ambitieux et les plus viables seront peine perdue, si leur mise en œuvre ne s’accompagne pas d’une saine conscience dans la construction paisible du développement. Les régimes ne se souciant pas assez de la nécessité d’un équilibre social dans leur modèle de gouvernance se livrent à une révolte interne. La pauvreté est cette épine douloureuse dans les efforts globaux de paix et de croissance.

Elle inhibe toute volonté et tout désir de bien-être. Un avenir abondamment nuageux conduit à coup sûr, à une pluie de colères : « Ventre vide n’a point d’oreille ». L’humanité se met elle-même en insécurité en sécrétant les germes de sa propre implosion. La misère demeure aujourd’hui le levier des troubles, des violences et des insécurités. Les émeutes de la faim sont les prémisses d’un chaos à venir. De la même manière Karl Max a proposé devant un capitalisme sauvage : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! », un autre ne tardera pas à ajouter face à une réalité avilissant des milliards d’affamés : « Pauvres et misérables de toutes les nations, révoltez-vous ! ». La République populaire de Chine avec ses 1,3 milliard d’habitants est consciente de cette menace. Ses dirigeants, redoutant le revers d’un écart entre riches et pauvres, s’activent à l’émergence d’une classe sociale moyenne. La misère est une bombe évidente et certaine. Le déséquilibre social constitue le terreau de tous les dérapages.

Rien n’est pire que la pauvreté : elle est à l’origine de tous les maux et de tous les vices. L’histoire récente enseigne que l’augmentation du prix de la miche de pain de quelques centimes de Livres a failli emporter le régime aux apparents remparts solides du Raïs égyptien, Hosni Moubarak. La hausse soudaine et généralisée des coûts des denrées de grande consommation a également mis à rude épreuve la première année de gouvernance de Tertius Zongo. A l’instar du front uni contre les changements climatiques, la pauvreté, que ce péril écologique planétaire ne cesse d’alourdir, doit conduire à une culture et à une conscience d’égalité sociale. La menace de la pauvreté sur le progrès et la stabilité de l’humanité est bien réelle. L’éradication de la misère constitue pour toutes les nations, le plus grand défi à relever si celles-ci veulent éviter un piège certain. Tant que l’humanité ne s’en débarrassera pas, elle ne vivra pas en paix.

Jolivet Emmaüs (Joliv_et@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 19 octobre 2009 à 10:29, par Hèrècthè En réponse à : Inégalités, entre riches et pauvres : Une bombe commune à l’humanité

    vraiment ! Merci pour votre éveil de conscience.J’espère que chacun de nous (les burkinabè en particulier), que nous soyons cityens simples ou surtout politiciens, fera sien ce contenu si savamment et sincèrement écrit !Que Dieu vous bénisse

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