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Affaire Juvénal Hien # Colonel Camara : "Une gifle à la République"

Publié le vendredi 30 juillet 2004 à 13h22min

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Le gifle du colonel Camara fait toujours des vagues. L’UNIR/MS monte au créneau et qualifie l’affaire de "gifle faite à la République". Le parti de Me Sankara invite par ailleurs les associations des droits humains à protester contre l’incarcération du policier Hien Juvénal depuis le 9 juillet 2004.

Dans l’affaire qui oppose le policier Hien Juvénal à un colonel de l’armée burkinabé, la presse dans son ensemble a commenté l’événement, souvent avec une analyse qui dépeint l’état de la démocratie au Burkina Faso, qui est la démocratie de la loi du plus fort. Seulement, au-delà de cet aspect des choses, la presse, notamment la Télévision Nationale du Burkina (TNB) ignore-t-elle que pour avoir voulu éclairer l’opinion, elle a occasionné aujourd’hui l’arrestation depuis le 09 juillet 2004, de Hien Juvénal ainsi que sa séquestration dans les locaux de la police nationale, précisément à la DCIR située à Dassasgo ?

"Seul le larbinisme paie" au Burkina

Depuis donc environ trois (3) semaines, Hien Juvénal paie les frais de la dictature du régime Compaoré, dont les thuriféraires n’admettent point de contradiction. Pour l’Union pour la renaissance/Mouvement sankariste (UNIR/MS), le crime de Hien Juvénal, c’est qu’il croit en la démocratie et à la République et pense qu’au Burkina Faso, il y a des droits garantis et protégés par la Constitution et les lois en vigueur.

Il croit encore au bon droit du citoyen. Mais l’UNIR/MS ne se fait point d’illusion avec ce régime-là et le pouvoir de la IVe République. En effet, il a suivi avec intérêt dans la presse, ce que certains ont qualifié de « gifle de trop du colonel Camara ». L’UNIR/MS dans la relation des faits retient que le colonel Camara, qui ne nie pas les faits, a effectivement giflé un policier qui était dans l’exercice de ses fonctions. Le tort de cet agent de l’Etat est d’avoir voulu faire le plus correctement possible son travail.

Seulement, Hien Juvénal ne savait pas qu’au Burkina Faso, il y a deux catégories de citoyens : ceux du pouvoir et ceux du peuple ; ces derniers étant chaque jour nargués et méprisés par une minorité qui use du pouvoir comme tremplin et prétexte à tout, exactement comme du temps où on faisait et il n’y avait rien. Hien Juvénal a oublié que dans cette IVe République, seul le larbinisme paie, et les agents conscients et travailleurs réprimés et payant lourd tribut de leur patriotisme.

Djibril Bassolet viole la loi

Dans le cas de l’affaire Hien Juvénal, il n’y a rien parce que Djibril Bassolet, lui-même gendarme de son Etat, colonel et tout-puissant ministre de la Sécurité en a décidé ainsi.

Violant l’article 46 de la loi 013-98/ AN portant régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la fonction publique, qui dit que « l’administration est tenue de protéger les agents de la fonction publique, contre les actes préjudiciables dont ils sont victimes en raison, à l’occasion ou dans l’exercice de leur fonction », monsieur le ministre Djibril Bassolet a préféré fouler aux pieds la loi et la Constitution pour brimer "un agent de la sécurité, c’est-à-dire son propre agent afin de complaire à un autre colonel. Cette seconde gifle donnée au policier Hien Juvénal est une gifle à la République et à la démocratie. En revanche, l’UNIR/MS, profondément attachée à la justice et luttant contre l’impunité, se sent vivement interpellée.

C’est pourquoi, l’UNIR/MS se fait le devoir d’informer l’opinion nationale et même internationale que le policier Hien Juvénal, depuis son apparition à la télévision nationale du Burkina où les téléspectateurs ont pu le voir assis dans le cabinet de son avocat, a été interpellé le 09 juillet 2004 aux environs de 23 heures alors qu’il était de garde au lycée technique de Ouagadougou. Comme s’il n’avait aucun droit citoyen, aucune procédure n’a été dirigée contre lui. En effet, on lui reproche simplement d’avoir été chez son avocat et d’avoir été vu à la Télévision nationale du Burkina (TNB).

Depuis lors, son sort semble être scellé alors même qu’au cours de l’émission en question, Hien Juvénal n’a pu dire mot, il a été seulement aperçu assis devant Maître Prosper Farama. L’opinion se souvient que c’est plutôt Djibril Bassolet qui était prolixe avec des explications peu convaincantes. C’est pourquoi, l’UNIR/MS s’étonne aujourd’hui que ce soit Hien Juvénal qui soit écroué pour avoir usé d’un droit fondamental qui est celui d’avoir recours à la justice et à une défense de son choix, comme le prescrit la Constitution du Burkina Faso. L’UNIR/MS sait que ce cas, qui arrive à monsieur Hien Juvénal, arrive à de nombreux citoyens burkinabé.

Mais comme l’a dit Norbert Zongo, le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais, mais le silence des gens bien. L’UNlR/MS, en reprenant ces propos du journaliste Norbert Zongo, pense au silence du peuple et particulièrement des nombreuses associations de défense des droits de l’homme et les invite en conséquence, à élever avec lui une vive protestation contre l’arrestation arbitraire du policier Hien Juvénal en tant qu’il est lui aussi citoyen burkinabé. L’UNIR/MS exige sa libération immédiate et sans condition. L’UNIR/MS condamne cette politique de deux poids deux mesures et pense que tous les citoyens sont égaux en droit et bénéficient d’une égale protection de la loi.

Avec le peuple, victoire !

Fait à Ouagadougou, le 28 juillet 2004.

Pour l’UNIR/MS Le Président Maître Bénéwendé S. Sankara

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