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VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

Publié le lundi 12 octobre 2009 à 03h32min

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Ouagadougou a abrité, les 9, 10 et 11 octobre 2009, le VIIe Forum mondial sur le développement durable. Experts et chefs d’Etat ont planché sur le thème « Changements climatiques : quelles opportunités pour le développement durable ». La rencontre de Ouagadougou précède de 65 jours le sommet mondial de Copenhague sur les changements climatiques, tribune où l’Afrique est bien décidée à négocier d’une seule voix.

Le Forum mondial pour le développement durable (FMDD) de Ouagadougou s’est déroulé en plusieurs étapes. Une première réunion qui a regroupé plus d’une centaine d’experts pluridisciplinaires, puis une session ministérielle.
Experts et décideurs ont tous plaidé en faveur d’une prise de conscience africaine du danger auquel la terre est exposée et ont appelé à une synergie d’actions vigoureuses pour limiter considérablement les gaz nocifs pour la couche d’ozone.

Le dimanche 11 octobre marquera d’une pierre blanche le cycle des fora mondiaux sur le développement durable. Quittant la salle de conférences, le FMDD prend ses quartiers au palais des sports de Ouaga 2000 pour y exécuter son troisième acte. Une grande première pour ce sanctuaire du sport burkinabè qui abritait pour la première fois une manifestation. Pour ce jour exceptionnel, il a ouvert ses portes aux populations mobilisées afin d’apporter leur soutien à ceux qu’elles ont mandatés pour défendre leurs intérêts. Une présence toute justifiée, les populations étant les premières concernées par les conséquences dramatiques des modifications des profils climatiques.

A l’occasion, le palais des sports a accueilli six chefs d’Etat africains. Thomas Yayi Boni du Bénin, Amadou Toumani Touré du Mali, Denis Sassou-N’Guesso du Congo, François Bozizé de la République Centrafricaine, Faure Gnassingbé du Togo ont effectué le déplacement de Ouagadougou pour sceller aux côtés du Président du Faso, Blaise Compaoré le pacte commun de combat.
Etaient également présents, des chefs de gouvernement, dont le Premier ministre de Côte d’Ivoire, Guillaume Kibafory Soro. Parmi les hôtes de marque du forum, on a compté l’ancien président français, Jacques Chirac et le ministre français de l’Environnement Jean Louis Borloo. C’est le président Blaise Compaoré qui a présidé la cérémonie d’ouverture de l’acte majeur du forum.

Evoquant les épisodes dramatiques vécus par les populations burkinabè, africaines et asiatiques, du fait des bouleversements climatiques, le président Compaoré a déclaré : « la stabilisation des concentrations des gaz à effet de serre à un niveau qui limite les perturbations du système climatique est indispensable pour préserver l’ensemble du globe de la pollution et des catastrophes naturelles telles que les inondations, les sécheresses et la perte de la biodiversité. »

Front commun pour Copenhague

La rencontre de Ouagadougou, selon Blaise Compaoré, traduit « la volonté du Burkina Faso de favoriser le partage de savoirs et d’expériences porteuses issus des précédentes éditions ». Celle-ci, a-t-il indiqué, « s’inscrit comme une plate-forme de concertation entre les pouvoirs publics, le secteur privé et la société civile, dans la perspective de la quinzième conférence des parties sur les changements climatiques prévue en décembre 2009 à Copenhague ».

« Aucun programme de développement socio-économique durable ne doit ignorer l’importance des changements climatiques », a proclamé le président du Faso. Même son de cloche pour monsieur Cheick Sidi Diarra, secrétaire général adjoint, conseiller spécial pour l’Afrique de l’Organisation des Nations unies qui, citant le 4e rapport d’évaluation du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat publié en 2007, a indiqué : « D’ici 2020 en Afrique, entre 75 et 250 millions de personnes souffriront de la raréfaction des ressources en eau pendant que les rendements de l’agriculture dépendant des eaux pluviales pourraient être réduits à hauteur de 50% dans certains pays africains. Des millions de personnes seront déracinées en raison de l’élévation du niveau des mers dans les pays de faible altitude et dans les zones côtières densément peuplées ».
Avec seulement 3,8% de taux d’émission de gaz à effet de serre, fera remarquer Jean Ping, président de la commission de l’Union africaine, l’Afrique est paradoxalement le continent le plus vulnérable qui a subi et subit encore les plus graves conséquences du réchauffement climatique avec ses effets corollaires (sécheresses, inondations, intempéries, érosion des sols…) Une injustice dont le continent noir doit exiger la réparation à travers une position commune que doit défendre une équipe de négociateurs.

« Cette position commune procède à la base du principe de la responsabilité partagée mais différenciée et qui exige notamment réparation et dédommagements pour les dégâts subis par l’Afrique du fait du réchauffement planétaire provoqué par les actes irresponsables prolongés, perpétrés dans les pays industrialisés », dira Jean Ping. Atténuation, adaptation, accords financiers, développement et transferts des technologies constituent les quatre points autour desquels s’articule la position commune africaine, selon le premier commissaire de l’Union africaine.

Initiative saluée par l’ancien président français, Jacques Chirac, présent au forum, au nom de la fondation qu’il dirige. « Je salue les efforts des Etats africains qui représentent plus du quart des Etats de l’Organisation des Nations unies, pour parler à Copenhague d’une seule voix », a dit Jacques Chirac qui a plaidé pour une accélération du combat pour le développement, la sécurité alimentaire, la santé. « Comment imaginer agir sur les pollutions, les émissions de carbone, la destruction des forêts, sans agir d’abord sur les causes : le déficit de développement, le manque de moyens des Etats, la pénurie d’investissements dans le secteur privé », s’est-il interrogé.

Les tout-petits ont également joué leur partition, joignant leurs voix à toutes celles qui se sont élevées au cours du forum. Représentés par une fille et un garçon, les jeunes générations ont présenté une déclaration au cours de la cérémonie d’ouverture. « Nous vous interpellons à vous investir davantage pour des actions plus concrètes d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques », ont lancé Wilfried Ouédraogo et Hortense Zongo.

On ne saurait passer sous silence l’intervention d’Emile H. Malet, directeur de la revue « Passage ». « Il nous faut faire du développement un enjeu de solidarité intergénérationnelle et d’une durabilité à l’épreuve des catastrophes et des fléaux économiques égoïstement financiers et socialement ravageurs », a déclaré entre autres celui qui a été l’une des chevilles ouvrières du forum. Les forumistes se sont quittés après lecture de la déclaration de Ouagadougou et au terme d’une conférence de presse animée dans la salle de conférences de Ouaga 2000.

Hortense ZIDA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 12 octobre 2009 à 05:55, par Sidi l’impertinent En réponse à : VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

    Si l’Afrique c’est seulement 7 ou 8 pays representes a Ouagadougou et pour la plupart francophone, alors il ne faudrait pas s’etonner que la voix de l’Afrique se fasse une fois de plus inaudible et discordante a Copenhague. Cela ne m’empeche pas pourtant de croire en l’Afrique car panafricaniste je le suis profondement.« Il est possible que nous ne vivions pas tous la réalité d’un empire africain si fort, si puissant qu’il imposerait le respect à l’humanité, mais nous pouvons cependant durant notre vie travailler et œuvrer à faire de ce projet une réalité pour une autre génération ». Marcus Garvey

  • Le 12 octobre 2009 à 10:23 En réponse à : VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

    Très beaux discours, très belles résolutions... Tout cela, pour préparer Copenhague en décembre. Soyons un peu sérieux ! quelle est cette mascarade ? Vous parlez de changements climatiques au nom des plus pauvres qui trinquent. Mais, combien de C02 et autres gaz à effet de serre avez vous dégagés ces milliers de participants pour assister à cette grande messe de Ouagadougou (avions, voitures, trains, taxis, climatisation, etc. ! On aurait pu en faire l’économie et investir tous ces millions dans des réels projets sur le terrain pour lutter mais, là, c’est plus difficile de retrousser ces manches pour par exemple creuser des trous pour planter des arbres que d’assister à des discours en somnolant dans des salles climatisées (qui contribue au réchauffement climatique).
    On commencera à vous prendre un peu au sérieux lorsque les chefs d’état voyageront moins avec leurs avions (moyen de transport le plus polluant) pour des futilités !
    Il ne suffit pas de belles résolutions mais un changement de mentalité et de comportement. On a eu Rio en 92, Johannesbourg en 2002, etc..... et on n’avance pas !!! alors que le climat se détraque tous les jours de plus en plus vite (effet boomerang).
    Et, enfin, c’était l’occasion pour Blaise de faire un peu oublier le 15 octobre !

  • Le 12 octobre 2009 à 12:13, par Kôrô Yamyélé En réponse à : VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

    Le front africain est déjà fissuré. Il est craquelé. Autrement dit, comment comprendre qu’au même moment du forum du Ouagadoudou, l’Afrique du Sud organise aussi ’’son’’ forum sur le développement durable au même moment.

    Voilà un pays qui a été souffreteux depuis des décennies de l’appartheid, qui a été unaniment supporté pat tous les autres pays africains, et qui vogue aujourd’hui à contre-courant de ce même pays africains qui l’ont supporté hier à côté. C’est une honte pour ce pays plein de bandits et d’assassins.

    Par Kôrô Yamyélé

  • Le 12 octobre 2009 à 12:52, par STRAIGHT TALK En réponse à : VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

    Juste noter l’absence du Premier ministre Ethiopien qui doit representé l’Afrique au négociation de Copenhague.L’Afrique négociera t’il d’une seul voix ?

  • Le 12 octobre 2009 à 15:42, par drissa En réponse à : VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

    De toute façon ce forum sonnait comme une aubaine pour le régime dans le but de faire oublier le 15 octobre 1987. Chaque année a cette date il faut qu on nous organise quelque chose ! Il faut avouer hélas que ça été un vrai fiasco !!! d’une quinzaine de chefs d’états étrangers annoncés, on s’est retrouvé avec seulement 4. Pire, Sassou N’Guesso n’est venu que parce que son pays a abrité le sommet précédent et aussi parce que Blaise a participé à son investiture il y a quelques temps, donc il s agit d’un simple échange de bons procédés. Il faut savoir qu il ya un sommet qui se déroule à Cotonou aujourd’hui hui et yayi boni n a fait le déplacement que pour s assurer que blaise ira. Bref, le sommet de Cotonou réunira bien plus de chefs d état que celui de ouaga. On a senti Blaise frustré durant toute la cérémonie parceque ce qui l intéressait c était de rassembler le plus de chef d état possible autour de sa personne pour gonfler son ego. helas fiasco TOTAL. Il ya 22 ans jour pour jour, soit le 11 octobre 1987 se tenait à la salle de conférence de la CEAO (actuel UEMOA) le sommet anti aprtheid sous la présidence de Thomas sankara (dont ce fut d’ailleurs la dernière apparition public de Sankara) et ce sommet fut par contre un succès.

  • Le 12 octobre 2009 à 16:25 En réponse à : Evitez la France

    Koro Yamyele
    il ne faut pas condamner l Afrique du Sud. Si nous voulions inclure les anglophones a notre conference, le ministre aurait du eviter d aller donner une conference de presse a Paris uniquement pour inviter le ministre francais et un ANCIEN president francais. Comment voulez vous que le Rwanda ou l Afrique du Sud acceptent de participer a un forum dit africain et ou pourtant ce sont le ministre francais et Jacques Chirac qui tiennent la vedette. Les anglophones sont des peuples tres fiers et l Angleterre a inculque un sentiment d independance et d egalite a ses anciennes colonies. Le Rwanda par exemple avec le genocide et l Afrique du Sud (qui n a rien a envie economiquement a la France) n accepteront jamais participer a un tel forum dit africain mais ou l ancienne metropole a le role de maitre autour d une table avec des esclaves.

  • Le 12 octobre 2009 à 19:17, par arbasilga En réponse à : VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

    Vous aurez constaté vous-mêmes que ce forum n’a pas produit les effets escomptés pour les raisons suivantes :
    - le choix des participants. Certains participants au forum ne connaissent même pas ce que ça veut dire développement durable, pire ils ne sont même pas sur le terrain pour témoigner des actions qui sont entreprises et comment elles sont entreprises pour résorber la problématique du déséquilibre écologique et du réchauffement climatique ;
    - la mise à l’écart des techniciens. En effet, certains acteurs passionnés de missions ont du mal à lâcher du lest quant il s’agit de missions de grande pompe mais en réalité quelle pourrait être leur contribution à la résolution des problèmes ?
    - le nombre de participants. Il est pléthorique pour un forum d’aussi technique sur le plan échanges et propositions de solutions à la hauteur de la problématique ;
    - l’application des propositions. C’est à ce niveau que les choses blessent souvent. Les déclarations, les recommandations n’ont pas besoin de la bamboula mais d’un ferme engagement de la part des acteurs pour infléchir la tendance actuelle de l’exploitation excessive des ressources naturelles et pour la promotion de systèmes d’exploitation innovants et rationnels.
    Dorénavant, opérer des choix judicieux des participants aux forums pour une question d’efficacité dans la production intellectuelle et les propositions de sorties de crise à la hauteur des attentes des thématiques.

  • Le 12 octobre 2009 à 20:07, par lance de fer En réponse à : VIIe Forum mondial du développement durable : Un front africain pour Copenhague

    C’est très surprenant de voir que nos dirigeants recherchent partout des prétextes pour justifier leur incompétence à gérer nos nations.Il est vrai que l’Afrique,peu polluante par rapport à d’autres continents,paye le plus lourd tribut des changements climatiques,mais il est très honteux de voir que nos dirigeants veulent en profiter pour mendier en demandant réparations !!! Si le ridicule tuait... Mais comme le dit un adage au Faso,celui qui mendie n’a pas de cœur !!! A ce panel de dits experts, de grâce,ne vendez plus notre misère de la sorte,gardez encore le peu d’intégrité !

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