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Sagesse humaine et avertissements : La philosophie consciente ou inconsciente des uns et des autres

Publié le lundi 5 octobre 2009 à 02h33min

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Il s’agit de la trombe d’eau des écluses célestes qui ont noyé Ouagadougou et ses environs le 1er septembre dernier. Une semaine après, le mardi 8 septembre, Rfi rapportait, entre autres, un avis d’un journaliste burkinabè. Cet avis prévient contre les esprits grincheux qui voudraient reprocher aux autorités responsables de n’avoir pas su prémunir les infrastructures contre l’éventualité de cette catastrophe naturelle et ses dégâts. Vouloir faire ces reproches, dit-il en substance, constituerait une mauvaise querelle vu le caractère imprévisible de ce phénomène.

Pour légitimer la sagesse de cet avis, il faut justifier que l’homme doit vivre et exercer sa connaissance uniquement sur le terrain phénoménologique dans l’ignorance ou le refus du point de vue transcendantal. Le terrain phénoménologique est celui du point de vue de la démonstration scientifique, de la constatation naturelle des sens, ce que l’intelligence peut saisir par sa vue, son ouïe et les autres sens. En un mot, c’est le terrain de la connaissance empirique, de la connaissance expérimentale scientifique ou vulgaire. En effet, de l’étude empirique de l’histoire et de l’état des infrastructures, et de l’observation des saisons en notre région géographique, nul ne peut tirer la possibilité de cette prévision qu’on puisse reprocher aux responsables de n’avoir pas eue par négligence ou incapacité.

Mais alors, l’homme doit-il se contenter uniquement de sa connaissance empirique ? Ne doit-il pas faire attention au transcendantal, c’est-à-dire à ce qui dépasse la puissance de sa connaissance empirique ? Ne doit-il pas faire attention au Transcendant, au monde de la transcendance qui dépasse les capacités formidables de sa connaissance empirique simple, philosophique et scientifique ? Ne doit-il pas prêter son attention surtout lorsque le Transcendant prend l’initiative de lui donner des signes de sa présence et de ses avertissements ? De grands philosophes profonds et de brillants penseurs scientifiques ont voulu s’en tenir uniquement au point de vue empirique en ignorant ou niant la transcendance et surtout le Transcendant. Du coup leur pensée et leur sagesse, à les creuser profondément, mènent à ce qu’on appelle le nihilisme, c’est-à-dire à la constatation désolante, désespérante au possible d’un monde sans sens, d’une vie du monde absurde, stupide et tout bête selon leurs termes, parce que venant de personne, de nulle part et allant on ne sait où ni pourquoi. Mais revenons au Transcendant, à ses signes et à ses avertissements.

Remarquons que cette catastrophe de la pluie diluvienne nous a frappés au soixante-dixième anniversaire, jour pour jour, le 1er septembre, de la déclaration de la guerre de 1939 qui éprouva tragiquement le monde entier. Cette guerre-là était-elle prévisible vingt-deux ans plus tôt en 1917, et même dans les années 25, 30 et 37 ? Du point de vue empirique, ce qu’on pouvait faire, c’est de constituer d’année en année la chaîne des événements historiques qui se sont déroulés et qui dévoilaient au jour le jour aux historiens et aux hommes politiques avertis et informés, la probabilité du conflit. Et cela jusqu’à l’acte indétectable d’un génie du mal qui mit impitoyablement le feu aux poudres dans son dessein de dominer le monde au mépris total de toute l’humanité. Cet acte fut l’invasion de la Pologne de par la décision d’Hitler, qui incita la France à entrer en guerre et, par le jeu des alliances, l’Angleterre.

Cet événement n’était pas prévisible, nul ne pouvait prévoir que Ribbentrop allait persuader Hitler d’attaquer la Pologne parce que la France, assurait-il, n’allait pas bouger. Hitler lui-même qui ne s’attendait pas à cette réaction de la France, en fut surpris, pour ensuite danser d’exultation sur une place de Paris devant une France terrassée en un rien de temps à ses pieds, l’inexpugnable ligne Maginot ayant été contournée. Pourtant la terrible guerre de 1939 a été prévisible et fut prévue vingt-deux ans auparavant.
Oui, la guerre de 1939 fut prévue en 1917 à Fatima au Portugal, non pas par des hommes politiques et des historiens chevronnés mais par trois petits pastoureaux qui gardaient leurs moutons. Ses causes furent décrites, et les solutions pour l’éviter furent données. Les destinataires du message n’en firent rien, sauf le Portugal. La guerre éclata et le Portugal seul fut épargné par cette guerre, l’Espagne aussi pour des raisons trop longues à évoquer ici. Un signe avertisseur fut fourni qui allait prévenir de l’imminence de cette guerre.

Les “ imprévisibles ” prévus de notre histoire.

Ce signe était l’étrange et mystérieuse lumière qui allait illuminer le nord. Elle devra être l’annonce que l’abcès est mûr et prêt à éclater. Effectivement en l’hiver 1938 une étrange aurore boréale fut visible non seulement dans les pays nordiques habituels de l’Europe mais jusqu’en France à Paris, à tel point que les postiers en service de nuit travaillèrent toute la nuit sans allumer de lampe. Et ce qui était annoncé pour la Russie commença bien avant cette guerre. La Russie sombra dans la révolution marxiste communiste et allait commencer, selon les termes même du message, à répandre ses erreurs et le sang à travers le monde entier. La croyante Haute-Volta en 1983, 66 ans après (chiffre apocalyptique de la Bête ou Satan), allait en subir la conséquence avec la révolution sanglante qui immola ses martyrs selon et au nom de la doctrine idéologique du marxisme dont une bonne partie de la jeunesse s’était abreuvée. Libérée le 15 octobre 1987 après des messages avertisseurs et de ferventes prières de toutes les religions, son peuple exprima sa liesse pour une liberté retrouvée de manière inespérée, dans la mémorable fête de Noël 1987.
Plus près de nous, en juillet et août 2001, un avertissement était adressé à l’Amérique, lui demandant ce qui avait été demandé au monde à Fatima en 1917. Mais cette fois l’avertissement ne venait de nulle autre part que du Burkina. Il prévenait qu’un grave événement menaçait l’Amérique, un événement qui allait bouleverser la donne du monde, le monde, précisait-il, ne serait plus comme avant. Le message ne parvint pas à temps aux destinataires américains à cause de la difficulté de trouver un transmetteur et aussi d’une certaine nonchalance. On prenait en effet son temps parce qu’on pensait que le danger qui menaçait l’Amérique était encore lointain.

Qu’est-ce qui pouvait porter atteinte à la sécurité de la puissante Amérique ? Au mois d’août pourtant le message après réitération déclara que le monde entier sera troublé et que l’heure a sonné. Effectivement un mois après, le 11 septembre, la tragédie de l’étrange et cruel bombardement terroriste des tours jumelles de New York secouait le monde entier. Le 19 septembre alors, une semaine donc après le drame de New York, un avertissement venait encore à l’adresse des Américains, surtout aux dirigeants. Il était demandé de prendre garde de jamais mettre sa confiance dans les armes, il faut laisser la vengeance à Dieu qui est le seul juge, le seul à qui il revient de rétribuer par la récompense ou la punition. Cette fois, tout fut fait pour que l’avertissement aille en Amérique pour ses destinataires. Et l’on suivait avec espoir et anxiété, les efforts du Pape Jean-Paul II et de Jacques Chirac tentant de retenir les Usa d’entrer en guerre au Moyen Orient.
Ce fut donc avec désolation et inquiétude pour l’avenir que l’on a vu George Bush déclarer la guerre à l’Irak.

Saddam Hussein fut mis à genoux pour de bonnes et de mauvaises raisons, les méchantes raisons étant déterminantes, mais le terrorisme court toujours et Ben Laden se plaît à jouer au Croque-Mitaine pour les Occidentaux, surtout les Américains. Et sept ans plus tard, en 2008, c’était la formidable économie américaine qui était à genoux avec des conséquences désastreuses pour le monde entier.
Il est possible à notre investigation empirique de voir que le coût astronomique journalier de cette guerre, les moyens fictifs encouragés pour un dynamisme non moins fictif de l’économie américaine par une incitation irresponsable au crédit, favorable aux plus audacieux prédateurs du marché financier, ont été la cause de la ruine américaine. Cette cause de la ruine étant elle-même causée en majeure partie par la guerre de l’Irak dont on a voulu montrer par cette vie des affaires, l’innocuité pour l’économie américaine. Pour prendre une image, on a voulu jouer au bras de fer avec cette guerre afin de prouver qu’on n’a pas pris de risque majeure en la déclarant. Mais en juillet, août et septembre 2001 personne ne pouvait prédire pour l’Amérique un tel enchaînement de malheurs, encore moins en donner le remède. Cela relève du transcendantal, de l’Au-delà, des possibilité de notre intelligence, de notre génie.

La solution des malheurs ?

Et alors maintenant, on ne voit pas comment la dextérité empirique des économistes et des politiques pourrait relever les choses sans le secours d’une morale que seule la Transcendance pourrait demander et renforcer de façon crédible. Ce à quoi le Pape Benoît XVI s’attelle à démontrer en appelant à l’aide tous ceux qui croient en Dieu créateur qui donne un sens au monde visible et à celui de l’Au-delà, à savoir les musulmans, les juifs, les chrétiens (protestants, orthodoxes, catholiques) tous ceux qui croient en Dieu et tous ceux qui ne se limitent pas au phénoménologique. Et sa dernière lettre encyclique “ Caritas in véritate – la charité dans la vérité ” donne à réfléchir à tout le monde surtout en temps de catastrophes. Il appelle à la charité, à l’aumône, au partage, toutes choses que le Président du Burkina a appliquées à la tête d’un peuple dont les vertus traditionnelles de charité et d’hospitalité, le burkîndi en somme, furent interpellées et qui a répondu généreusement.

Ce que nos pays auraient pu éviter

Plus près de nous toujours, un avertissement a été donné le 19 septembre 2001 à la Côte d’Ivoire avec toujours la même requête à accomplir pour éviter le malheur qui venait, la même requête présentée à Fatima pour la prémunition du monde. Les Ivoiriens prirent la responsabilité de refuser d’accomplir ce qui a été demandé. L’année suivante, jour pour jour, le 19 septembre 2002, la guerre civile que nous connaissons éclatait.
Pour revenir à notre pays, en mars 2008 un avertissement lui a été donné de consolider tous les ponts du pays parce qu’ils sont menacés. Je devais porter ce message d’avertissement aux responsables. J’avoue que je l’ai fait par obéissance, parce que je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait menacer notre infrastructure avec nos saisons aux cieux avares de pluies. A ma connaissance rien ne fut fait et je n’en ai pas voulu aux responsables puisque l’hivernage de 2008 passa presque sans incident. Je dis presque parce que j’ai entendu parler d’une rupture de pont sur la route du Togo. Cependant il y eut des groupes de prières de Tampùi, de Tângê auxquels venaient se joindre des personnes de Koubri et de Saponé qui se sont mis à prier, à veiller et à jeûner. Mais ils pensaient surtout à leur pont (le barrage de Baskui) dont la rupture les aurait beaucoup affectés.

Et voilà qu’en 2009 on était inquiété par la sécheresse étrange du mois d’août. Le 16 août, un avertissement fut donné pour les responsables croyants, parlant de la faim et des conflits qui menacent à l’horizon. Tous les responsables n’ont pas encore eu le message et voilà qu’au 1er septembre nous avons été surpris par cette pluie de neuf heures qui nous a plongés dans la détresse nationale que nous connaissons avec ses morts et ses 130.000 sinistrés sans abri. Le message demande surtout aux évêques et aux responsables religieux la prière, l’aumône, et le partage. Les évêques n’ont pas encore reçu le message, mais comme je l’ai dit plus haut, ils ont commencé à en appliquer la teneur avec tout le monde. Et il faut remarquer que ce que le Saint Père a dit dans sa lettre encyclique “ Caritas in veritate – la charité dans la vérité ” avec l’exhortation à l’aumône et au partage, la source nationale des messages susdits l’ont aussi dit.
La conformité de la teneur de ces messages avec l’enseignement du Magistère Suprême de l’Eglise Catholique ici ou ailleurs ne devrait-elle pas créditer ces messages d’une certaine attention ? Voire d’un certain respect et de la charité dans la vérité si chère au Pape, de la part des catholiques et même des croyants ?

Conclusion

Pour conclure il faut dire que pour qu’il en soit ainsi, on doit accorder de la considération à la dimension spirituelle liée à la transcendance. Au temps de mes études de théologie à la Faculté Catholique de Paris, d’anthropologie culturelle à la Sorbonne, puis de philosophie à l’Université de Vincennes, j’ai noté que ce thème de la transcendance hantait bien la jeunesse avec qui il m’arrivait de nouer des relations. Même s’ils n’étaient pas particulièrement croyants ou pratiquants. Et plus récemment on a pu voir qu’une personnalité comme le Président Mitterrand à la fin de sa vie, tarodé par la question, avait noué des relations sur ce thème avec le philosophe chrétien Jean Guitton, un proche du Pape Paul VI. Et nous avons appris par une personnalité politique africaine et par d’autres cercles, que le philosophe Jean-Paul Sartre s’est converti au protestantisme avant sa mort. Grand pontife du nihilisme, il a dû, sans doute, apprendre par le christianisme ce que sa philosophie ne lui a pas appris, à savoir que la vie a un sens et une finalité et l’Au-delà est terriblement loin d’être absurde.

C’est donc dire que cette dimension ne laisse presque personne indifférent, mais qu’on se tient toujours réservé de prudence, dit-on, à leur égard. Plusieurs messages ont été adressés aux responsables surtout religieux du Burkina, réclamant de se tourner vers Dieu et de faire ce qui est demandé, c’est-à-dire le même acte de supplication demandé pour le monde à Fatima, et au Burkina pour l’Amérique et la Côte d’Ivoire ces années-ci. Les requêtes ne furent pas exécutées ou le furent à moitié. Plusieurs fois alors le Ciel s’est tourné vers les petits enfants pour mendier leurs prières. Et cela rappelle l’Île Bouchard en 1947. En cette année-là, en France, un coup d’état menaçait de porter les communistes au pouvoir. Le Ciel s’adressa à de petits enfants qui ont prié. Et d’une façon inexplicable selon nos sources d’investigation, la situation se dénoua pacifiquement à Paris. Ces années-ci j’ai fait connaissance par correspondance, de l’un de ces petits enfants qui ont prié à l’île Bouchard en 1947.

En cette année-là j’avais dix-huit ans et je suivais avec passion déjà les actualités du monde.
Nous savons que les activités industrielles de l’homme ont empoisonné et perturbé le globe terrestre, et les éléments se déchaînent créant des catastrophes meurtrières. Mais Dieu peut annuler même les catastrophes naturelles. Lui obéir ne nous mettrait-il pas à l’abri ? Ce n’est pas un raisonnement scientifique qui peut répondre à cette question. Bien sûr on peut décider d’ignorer la dimension spirituelle évoquée ici. On peut même la persifler, en sourire ou carrément la moquer et certains ne manqueront pas de le faire. L’homme est libre. Mais si je l’évoque cette dimension, ce n’est pas seulement en tant que prêtre et alors, pourrait-on penser, dans l’intention d’officier dans mon domaine : c’est aussi c’est en tant que fils d’un pays dont la culture et la tradition puisent en profondeur ses valeurs dans cette dimension dont le socle est la foi en la transcendance. Nous pouvons ainsi être interpellés et prendre une conscience plus grande qu’au-delà de la raison, il existe quelque chose de plus haut, un ordre qui surpasse notre humanité, et auquel nous devrions prêter une meilleure attention.

Père René Bélemsìda Guirma Dominicain,
Théologien et anthropologue

Sidwaya

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