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REGION DE L’EST : Plus de 2 000 sinistrés dans des écoles de la Gnagna

Publié le lundi 5 octobre 2009 à 02h35min

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Théodore Kilimité Hien

Dans la région de l’Est, l’appel à la solidarité nationale lancé par le président du Faso suite aux inondations du 1er septembre n’est pas tombé dans l’oreille de sourds. Les différentes organisations socioprofessionnelles dans le Gulmu se sont mobilisées, depuis les premiers instants de la catastrophe, et ont fait des dons de différentes natures, auprès du gouvernorat de la région. Nous avons, pour avoir un idée des contributions dans l’Est, rencontré le gouverneur Kilimité Théodore Hien qui parle aussi, dans l’entretien qui suit, de la gestion de quelque 2 000 « sans-abri » jusque-là logés dans des écoles, dans la Gnagna.

"Le Pays" : Comment la population de la région de l’Est a-t-elle réagi à l’appel à la solidarité nationale lancé par le président du Faso suite aux inondations du 1er septembre à Ouaga ?

Théodore Kilimité Hien : Dès l’appel du président du Faso, les populations de la régions de l’Est ont réagi à l’instar de celles de toutes les autres régions. Elles se sont spontanément mobilisées dès les premières heures du sinistre. Et nous avons jugé nécessaire d’organiser une rencontre d’échanges avec les différentes forces vives de la région. Et depuis lors, des généreux donateurs ont afflué et ont apporté des contributions assez appréciables.

Quelle est la nature des dons que vous avez jusque-là réceptionnés ?

Nous avons reçu des vivres, des vêtements, divers matériels et bien entendu des dons en espèces et en chèques.

Et qui sont les donateurs ?

C’est vraiment monsieur Tout-le-monde. Ce sont les habitants de la région sans distinction de classe sociale. Les gens s’organisent à travers les églises, les temples, les mosquées, etc. Il y a aussi des donateurs qui font le geste soit en tant que commerçants, producteurs de céréales, familles, etc. Les donateurs sont vraiment variés.

Avez-vous relayé l’appel du président du Faso au niveau de la région pour obtenir une telle mobilisation des donateurs ?

Nous n’avons pas eu besoin de répéter ce qu’a dit Son Excellence Monsieur le Président du Faso mais, comme vous le dites, nous avons relayé cet appel à la solidarité en délivrant un message spécial à notre niveau qui a été diffusé par le truchement des médias locaux, les radios notamment. Et je pense que cet appel a été vraiment entendu parce qu’avec les dons toutes natures confondues, nous avons déjà franchi la barre des 10 millions, ce qui n’étant pas très évident pour une région comme l’Est qui ne regorge pas d’opérateurs économiques. Et j’ai bon espoir que d’ici là nous allons atteindre un montant beaucoup plus substantiel, surtout qu’il y a encore des promesses.

N’avez-vous pas des difficultés dues au fait que certains donateurs souhaitent faire parvenir leurs gestes par des canaux autres que le gouvernorat ?

Nous avons bien entendu des situations de cette nature mais je ne les appellerai pas des difficultés. Vous savez que certains acteurs au niveau de la région sont des filiales de structures faîtières basées à Ouaga ou ailleurs. Quand vous prenez par exemple le réseau des Eglises, ce sont des gens qui sont organisés sur l’ensemble du pays. Ils ont donc tendance à agir de façon concertée, ce qui fait que les dons collectés au niveau de la région parviennent directement à Ouaga. Mais après un tel geste, certains responsables ont tenu quand même à marquer leur présence ici de façon symbolique. C’est aussi le cas par exemple des banques. Vous savez que les structures qui sont installées ici ne sont que des succursales. Vous comprenez que la maison mère peut leur demander d’apporter leurs contributions en tant qu’individus afin qu’elles soient centralisées au niveau de Ouaga. On ne peut pas appeler cela des difficultés ; c’est plutôt un mode organisationnel, ce sont des réflexes tout à fait normaux.

L’ensemble des dons que vous avez réceptionnés ont-ils déjà été acheminés à Ouaga ?

Pas encore. Parce que les gens continuent à s’organiser sur le terrain afin d’apporter leurs contributions. On m’a toujours demandé : « Ne partez pas, attendez-nous ; nous ne sommes pas encore prêts… ». Ce sont de petits commerçants, des vendeurs de céréales, des vendeurs de cola, etc. Ils s’organisent par groupes et je leur donne le temps de faire comme bon leur semble. Je ne veux pas donner l’impression de les court-circuiter. Chacun veut voir son nom sur la liste de ceux qui ont contribué, de ceux qui se sont montrés solidaires des sinistrés.

A combien peut-on estimer les contributions de la région à la date d’aujourd’hui (30 septembre 2009) ?

En espèces, on est entre 11 et 12 millions de F CFA. Et les dons en nature sont évalués à environ 500 000 F CFA. Ces dons en nature sont composés de riz et de bien d’autres produits directement consommables. Les dons sont toujours attendus ici au gouvernorat de l’Est. Nous attendons surtout les ressortissants de la région de l’Est. Je sais que certains d’entre eux ont déjà contribué à Ouagadougou ou là où ils se trouvent. Je voudrais leur dire que moi, étant à l’Est, j’ai contribué ici, mais aussi je vais contribuer au niveau de mon village, je contribue pour mon corps professoral et même pour mon corps fonctionnel. Parce qu’en tant que gouverneurs, nous avons estimé qu’il faut que nous fassions quelque chose. Et on me rappelle que les officiers ont décidé de faire quelque chose. Si je suis un officier, je viens. J’appartiens à tel village ; si le village m’appelle, je réponds présent. C’est comme ça que moi je vois la solidarité, même si je ne demande pas à tout le monde d’en faire autant, surtout que ce n’est véritablement pas tout le monde qui peut le faire. Ceux qui peuvent le faire, ce n’est pas mauvais de le faire.

Quelle est votre appréciation personnelle sur la manière dont la catastrophe du 1er septembre a été gérée par le gouvernement de même que sur le niveau de solidarité nationale ?

Je l’ai déjà dit à qui de droit. J’ai noté avec beaucoup de satisfaction la manière dont le gouvernement a mené les premières opérations de secours. Ensuite, la communication pour susciter l’élan solidaire a été très bien menée. Les Burkinabè ont promptement laissé parler leur cœur. Ce sont autant d’éléments positifs qui m’ont beaucoup réconforté. Le pays a été durement frappé mais ceux qui vivent la situation de sinistre sauront qu’ils ne sont pas seuls et cela est très important.

Les pluies diluviennes du mois dernier ont également fait quelques sinistrés dans votre région. Comment ont-ils été gérés ?

Il y a quand même eu beaucoup de sinistrés dans la région de l’Est. Nous avons géré la situation comme à Ouagadougou ; c’est d’ailleurs le prolongement. Nous avons veillé à reloger tous les sinistrés dans les écoles. A l’heure actuelle, nous ne savons pas comment nous allons faire pour que la rentrée ait lieu dans les écoles occupées. Nous avons encore un peu plus de 2 000 sinistrés qui occupent des classes.

Dans quelles localités ?

C’est essentiellement à Mani et à Tion, dans la Gnagna. Je rappelle que nous avons malheureusement enregistré 2 décès par suite d’inondations. C’était depuis les premiers jours des inondations, mais comme il y avait plus de victimes à Ouagadougou, on n’a pas véritablement fait attention. Face à la situation, nous ne nous sommes pas laissé abattre ; nous nous sommes mobilisés pour trouver des solutions. Un autre détail important, c’est que dans la Tapoa, nous avions logé beaucoup de sinistrés dans les écoles. Mais quelques jours après, vu que la rentrée des classes s’approchait, les populations se sont elles-mêmes organisées et ont logé l’ensemble de leurs frères et sœurs sinistrés. Et à l’heure actuelle, nous n’avons plus de sinistrés dans les classes dans la province de la Tapoa. C’est ce que nous avons essayé de susciter au niveau de la Gnagna, mais les écoles y sont toujours occupées parce que le seuil de saturation dans les familles d’accueil est atteint.

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays

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