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JUVENAT SAINT CAMILLE (Garçons) : Les secrets d’une réussite éducative

Publié le jeudi 1er octobre 2009 à 05h59min

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S’il y a des établissements qui se distinguent par leur particularité dans le système éducatif burkinabè, c’est bien les petits séminaires qui forment les prêtres et religieux. Nous nous sommes rendus au Juvénat Saint Camille (Garçons) qui forme depuis 1968 les religieux camilliens mais plus généralement des citoyens prêts à servir la nation burkinabè. Le succès de cette maison de formation en matière d’éducation tient à plusieurs éléments , principalement la rigueur et la discipline.

Mardi 15 septembre 2009. La cour du juvénat Saint Camille (Garçons) est vide. Depuis 7h et demie, les juvénistes ont commencé les cours pour l’année scolaire 2009-2010. Comme il est de coutume, après les vacances, ils ont retrouvé leur maison de formation le 10 septembre 2009 pour préparer la rentrée. Il est 9 heures passées quand retentit une cloche qui indique l’heure de la courte recréation (10mn) après la 2e heure de cours. Le directeur du juvénat, le père Pascal Béré, nous reçoit pour évoquer l’organisation des études et les principes de formation des futurs camilliens. En ce premier jour de classe, les professeurs ne manquent pas d’interrompre notre entretien pour régler quelques détails d’emploi du temps. Une foule de souvenirs se bousculent dans l’esprit de l’auteur de ces lignes, avec ces lieux si familiers il y a presque 20 ans...

Discipline et rigueur

Le juvénat Saint Camille a pour objectif de former les futurs camilliens. Mais les fils de Camille (les religieux camilliens) veulent d’abord des "hommes moralement bien doués et intellectuellement bien nantis", selon le Père Pascal Béré. C’est pourquoi, rien n’est laissé au hasard depuis le recrutement jusqu’à l’organisation de la formation. L’entrée au petit séminaire des camilliens est conditionnée par la réussite à un concours pour les élèves de la classe de CM2 manifestant le désir de se consacrer à Dieu. C’est en général une vingtaine qui sont retenus pour la classe de 6e en attendant la réussite au Certificat d’études primaires (CEP). Le premier document que les nouveaux juvénistes sont appelés à intérioriser et dont les principes doivent être respectés à la lettre, c’est le règlement intérieur. Parlant de cela, le père Béré dira qu’on ne doit pas déroger à la discipline. "Un élève discipliné est un élève studieux et ponctuel", assure-t-il. A ce propos, le règlement intérieur précise que "la ponctualité forme le caractère et la volonté de celui qui la pratique". "Nous voulons des élèves maniables, obéissant à leurs éducateurs, qui aiment le travail et la vérité", poursuit le directeur du juvénat.

A propos des éducateurs, il faut souligner que le juvénat Saint Camille fait appel à 17 professeurs laïcs toutes matières confondues, pour l’année 2009-2010. Quand nous demandons au directeur du juvénat sur quels critères ils sont choisis, le père Béré répond : "Nous voulons des professeurs qui acceptent notre vie". Et il ne manque pas de dire que les professeurs se donnent pour la formation des juvénistes. Si ces derniers reçoivent des cours de mathématiques, de français, de physique-chimie ou d’histoire /géographie comme leurs camarades des établissements publics et privés, d’autres matières s’ajoutent au programme comme la musique, la religion. Une classe se distingue par sa particularité au juvénat Saint Camille : c’est l’année de spiritualité. Selon le père Pascal Béré, elle est ouverte aux juvénistes choisis pour poursuivre leur formation après l’obtention du BEPC. Ce n’est pas une activité académique puisqu’ils poursuivent la classe de seconde après cela. Loin d’être une "année vide", ces juvénistes s’initient à la théologie, à la pratique du charisme camillien, à l’esprit de Saint Camille, etc.

Des externes depuis 2003

C’est une petite révolution dans la vie du juvénat Saint Camille. Depuis l’année scolaire 2003-2004, des élèves externes sont recrutés et suivent les cours avec les juvénistes qui veulent devenir des religieux camilliens. Ce recrutement complémentaire, comme le père Béré l’appelle, a commencé par le second cycle, sur la base d’un test organisé après examen des dossiers par un groupe de professeurs. D’office, selon le directeur du juvénat, ceux qui ont été exclus ailleurs pour mauvaise conduite sont écartés. Ceux qui sont acceptés sont bien sûr des chrétiens catholiques. C’est en 2008-2009, que le recrutement au premier cycle (en 6e) a commencé. Sur l’ensemble des 269 élèves, les externes sont au nombre de 95. Eux ne sont pas obligés d’assister à la messe tous les matins et aux célébrations. Mais, quel que soit le statut du juvéniste, les conditions d’enseignement sont les mêmes ainsi que la scolarité qui est de 108 000 F CFA. Ils doivent subir deux devoirs par matière et par mois (en plus d’une composition à la fin du trimestre) ainsi qu’obtenir 12 de moyenne pour passer en classe supérieure au premier cycle. Au second cycle, c’est plutôt un devoir par mois et 10 de moyenne. Toujours dans ce cycle, tous les juvénistes sont tenus de faire la seconde C avant d’opter en première pour la série A ou D. Le père Béré explique cette option par le fait que les religieux camilliens sont appelés à faire des études dans le domaine scientifique du fait de leur charisme (médecine, laboratoire, biologie, etc.) D’ailleurs la tendance générale est la série D où on compte 19 élèves cette année en terminale et seulement 8 en série A pour la même classe.

Des résultats excellents

Pour sûr, le juvénat Saint Camille n’a pas à rougir des principes de discipline et de rigueur établis depuis son ouverture en 1968. Excepté quelques rares années, au BEPC et au Bac, c’est toujours du 100%. Le Père Béré indique qu’en 2008-2009, 17 juvénistes au BEPC et 22 au Bac ont décroché leurs parchemins. Pour les responsables du juvénat, l’essentiel c’est de garder pour continuer à former des "hommes équilibrés, humainement, spirituellement moralement et intellectuellement capables de répondre à leur vocation humaine et chrétienne".

Sentiments de juvénistes et d’externes

Paul Ismaël Yamkangré, juvéniste, termminale D : La rentrée scolaire a bien démarré. C’est par la messe que nous avons débuté la journée. A 7h 30, les cours ont commencé et dans l’ensemble, tout se passe bien.

Christian Yougbaré, juvéniste, classe de 3e : Nous venons de finir deux heures de français et nous nous préparons pour le cours d’histoire-géographie. Jusqu’à maintenant, tout va bien. Nous avons eu de nouveaux professeurs. La formation que nous recevons est excellente parce que nous sommes suivis de près depuis la 6e.

Lionel Zoungrana, année de spiritualité : Ce matin, nous avons commencé par un cours de spiritualité. Cette année, nous sommes 25 en classe. En plus des cours, nous devons assurer la catéchèse à la paroisse Saint Camille.

Ghislain Sanou, terminale D, externe : La formation au juvénat Saint Camille est l’une des meilleures d’abord sur le plan scolaire et aussi sur le plan spirituel. On nous apprend la vie chrétienne. Les professeurs sont très proches de nous, ce qui fait que nous nous en sortons bien lors des devoirs.

Lionel Palm, 5e, externe : Cela fait 2 ans que j’étudie au juvénat. La rentrée s’est bien passée. On a retrouvé nos professeurs, les prêtres et nos amis. Ce matin, nous avons eu des cours de maths , de français et d’histoire-géographie. Nous recevons une bonne formation au juvénat. L’année dernière, j’ai eu plus de 14 de moyenne.

Des renvois tout de même !

Chaque année, des élèves sont renvoyés de l’établissement. Pour les externes, les raisons sont principalement l’indiscipline et l’insuffisance intellectuelle. Pour les juvénistes, les formateurs apprécient le comportement et le parcours par rapport à l’esprit du séminaire. Pour ces derniers, c’est par rapport à la "vocation" que tout se décide. Pour le père Pascal Béré, il n’y a plus de cas d’indiscipline notoire. Pour lui, "les enfants sont devenus plus dociles."

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 1er octobre 2009 à 18:12, par marcus En réponse à : JUVENAT SAINT CAMILLE (Garçons) : Les secrets d’une réussite éducative

    Mes cordiales salutations et félicitations aux formateurs du Juvénat Saint Camille qui se dévouent sans compter à former des hommes pour Dieu et pour le monde.
    Je crois qu’aucune statistique ne saurait rendre compte de toute la valeur de la formation spirituelle et de l’instruction qu’on y recoit.

    Merci au journaliste d’avoir fait un zoom sur cette maison de formation, que j’ai eue le bonheur de fréquenter, dont je garde un bon souvenir, et qui a fait de moi ce que je suis.
    Je saisis l’occasion pour exprimer ma gratitude à ces formateurs qui se dévouent sans compter, et leur souhaiter beaucoup de santé, de persévérance et de joie dans leur saint ministère. Léo B./

  • Le 16 mai 2017 à 08:35, par Romaric Thiombiano En réponse à : JUVENAT SAINT CAMILLE (Garçons) : Les secrets d’une réussite éducative

    insuffisance intéllectuelle ? c’est quoi ca ?
    Je pense que le juvenat n’est en rient exceptionel... Ils ne recrutent que les meuilleurs élèves,ils ne peuvent qu’avoir les meuilleurs resultas. Les élèves sont dejas bien intellectuellement avant de venir au juvenat. Rien d’étonant...

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