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INONDATIONS A OUAGADOUGOU : Le barrage de Saaba rayé de la carte

Publié le jeudi 24 septembre 2009 à 04h00min

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La digue routière du barrage de Kongo, dans la commune de Saaba, a cédé sous la furie des eaux de la pluie diluvienne du 1er septembre 2009. Les dégâts sont énormes : le barrage a été vidé de son contenu et les 12 512 habitants des 7 villages, situés de l’autre côté de la digue, sont coupés de la ville de Saaba.

C’est un spectacle apocalyptique qui s’offre d’emblée au visiteur qui se hasarderait aux abords de ce qui reste du barrage de Kongo, dans la commune de Saaba. La digue routière longue de plus de 800 m, construite par les moines de Koubri dans les années quatre-vingt, a été soufflée sur une longueur de plus de 200m en son milieu par les eaux de la pluie diluvienne qui a imposé sa loi sur la ville de Ouagadougou, le 1er septembre 2009. La cuvette du barrage, jadis gorgée d’eau et de poissons, est complètement à sec. Il ne reste en lieu et place de l’eau, que de la boue grisonnante, parsemée de bouts de troncs d’arbres morts ou desséchés. En amont, les ravages de l’eau sont toujours indélébiles : de la végétation détruite.

Préjudices économiques et sociaux

Les préjudices économiques et sociaux de cette catastrophe sont énormes. Au niveau économique, le barrage de Kongo était la seule source de revenus de la population jeune des 7 villages reliés par la digue à la ville de Saaba. En effet, les jeunes des villages de Tanghin, Tanlarghin, Séloghin, Tansobentinga, Nakomstinga-peulh, Badmogo 2 et Goghin pratiquaient la pêche et menaient sur les berges des activités de contre-saisons et de l’élevage. Ce barrage, qui était un gagne-pain pour eux, leur permettait d’améliorer leurs conditions de vie. Toute chose qui a permis à la majorité des jeunes d’éviter l’exode rural, surtout vers la capitale, Ouagadougou. Quant aux conséquences sociales, elles sont également énormes. La rupture de la digue coupe la commune de Saaba en deux parties : le centre-ville de la commune et la grande partie rurale composée des sept villages situés de l’autre côté de la digue routière. Actuellement, c’est la croix et la bannière pour les 12512 habitants des 7 villages de pouvoir se rendre au centre-ville de la commune. Lors de notre passage, nous avons vu la souffrance des femmes du village de Mogden, de retour de la commune où elles sont allées moudre le mil et faire quelques achats. "Notre vie est faite de souffrance depuis que la digue a cédé.", nous a confié l’une d’entre elles avec pratiquement des sanglots dans la voix.

En cette rentrée scolaire, les élèves qui fréquentent les établissements secondaires situés uniquement dans le centre-ville de la commune auront beaucoup de difficultés pour regagner leur école. Les enseignants des six écoles primaires situées dans six des sept villages ne sont pas en reste. Comment faire pour que les élèves des 7 villages fréquentant les établissements secondaires du centre-ville et les instituteurs des écoles des villages situés de l’autre côté de la digue regagnent régulièrement leur classe ? Telle est la question à laquelle s’attelle à répondre le 2e adjoint au maire de Saaba, Augustin Ouédraogo. Mais pour y arriver, les autorités communales de Saaba auront besoin de soutien. Et pour ce faire, Augustin Ouédraogo entend adresser un rapport à qui de droit. Toutefois, ce dernier se demande pourquoi les travaux de réparation qui ont déjà débuté à Ouagadougou ne concernent pas aussi le barrage de Kongo. Il ne comprend pas pourquoi la réhabilitation de ce barrage, qui a servi à la construction de Ouaga 2000, ne semble pas une priorité.

Seuls les piroguiers se frottent les mains

Pour le maire, Mme Zoungrana Y. Josiane Kabré, la destruction du barrage par les inondations est un coup dur pour sa commune. Elle attend une aide pour la réparation de ce barrage qui est vital pour l’économie de la commune de Saaba. "Nous regardons les plus hautes autorités et souhaitons qu’elles entendent notre cri du coeur. Pour le moment, les habitants des 7 villages se trouvant de l’autre côté de la digue se servent de pirogues ou empruntent péniblement à pieds les creuvasses restées en lieu et place de la digue pour rejoindre soit le centre-ville de Saaba soit leur village. Dans cette situation douloureuse, seuls les piroguiers se frottent les mains. La traversée fait 100 FCFA par passager et 300 FCFA lorsque le passager a un vélo.

Par Welman GUINGANI (Collaborateur)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 27 septembre 2009 à 01:26, par Modeste Kabore En réponse à : INONDATIONS A OUAGADOUGOU : Le barrage de Saaba rayé de la carte

    Juste un rectificatif au journaliste,lorsqu’il parle de : ville de Saaba, et dans le meme temps de commune de Saaba. Utilisez les denominations qui conviennent.

    Vivement que le cri de detresse des populations soit entendu par les autorites burkinabe, ainsi que les amis du Burkina.
    Merci.

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