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Crise ivoirienne : L’Union européenne est fatiguée

Publié le jeudi 24 septembre 2009 à 04h01min

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Le report de la présidentielle ivoirienne du 29 novembre 2009 est un truisme qui ne reste plus qu’à être officialisé. Une situation due au retard accumulé dans la publication de la liste électorale provisoire par l’organe chargé d’organiser ce scrutin. En effet, la Commission électorale indépendante (CEI), on se rappelle, avait très vite annoncé qu’elle ne pourra rendre disponible cette fameuse liste à la fin août, contrairement à ce qui était initialement prévu.

Du coup, par un jeu d’engrenage, ce retard va se répercuter sur les autres phases du processus électoral. On sait par exemple qu’après la publication de la liste provisoire, un temps de recours sera accordé aux constations éventuelles. Après quoi, la liste électorale sera validée. Mathématiquement donc, la date du 29 novembre n’est plus tenable.

Autre problème qui pourrait hypothéquer la tenue à bonne date de ce scrutin, c’est le manque d’argent pour son organisation. A ce jour, le budget est déficitaire de quelque 5 milliards de FCFA. Et pour ne pas arranger les choses, les bailleurs de fonds ne se bousculent pas pour délier le cordon de la bourse.

L’Union européenne qui a déjà craché au bassinet quelque 10 milliards de CFA, soit près de 70% du budget du processus électoral, n’entend plus mettre la main au portefeuille. Bruxelles a fait savoir qu’il avait décaissé le maximum, plus que ce qu’elle avait programmé. La Commission européenne a donc appelé l’Etat ivoirien à financer lui-même le déficit. Les Européens estiment en effet que pour un Etat qui a un budget de plus de 2 000 milliards de CFA, trouver 5 milliards pour les élections est tout à fait faisable.

En réalité, il faut dire que Bruxelles, tout comme la communauté internationale, est fatigué de soutenir et de financer des élections inlassablement reportées. Car chaque fois qu’on reporte le scrutin, cela occasionne des rallonges budgétaires. On se demande bien pourquoi la Communauté internationale portera à bout de bras des gens qui ne veulent pas se soutenir eux-mêmes.

La non-tenue de ces élections depuis quelques années est, manifestement, un problème de priorité politique. Si tout le monde est d’accord que seules des élections crédibles sont l’issue à la crise, alors pourquoi diable traîner les pieds !

De mars 2005, date de la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, à nos jours, on aurait pu franchement convoquer le corps électoral aux urnes. Mais voilà, on a l’impression que la stagnation de cette situation arrange certains des protagonistes de la crise.

A commencer par Laurent Koudou Gbagbo, qui a eu finalement deux mandats présidentiels pour le prix d’un seul. Et l’enfant de Mama n’a rien à perdre dans ces différents reports de l’élection, puisqu’il reste le président jusqu’au scrutin.

De l’autre côté, Guillaume Soro boit son petit lait à la primature où il est inamovible jusqu’à la fin du processus électoral. Cette conjoncture est du pain bénit pour lui, vu qu’en temps normal il ne pouvait pas rêver de la primature, en tout cas pas à l’âge qui est le sien.

Il y a aussi des combattants des Forces nouvelles, des militaires dits loyalistes et aussi certaines personnes qui sont devenus des rentiers de la situation qui prévaut en Côte d’Ivoire.

Autant dire que chacun se prélasse et freine des quatre fers pour faire durer sa période de vaches grasses. On comprend donc pourquoi personne ne veut que la situation évolue.

Mais plus que jamais, il faut que les uns et les autres laissent tomber les calculs d’épiciers et fassent preuve de patriotisme en mettant en avant l’intérêt général. La balle est aussi dans le camp du facilitateur, Blaise Compaoré, qui doit peser de tout son poids pour amener les protagonistes à aller franchement aux élections.

Sinon de report en report, la situation peut pourrir et un troisième larron va surgir d’on ne sait où pour mettre tout le monde d’accord. De potentiels Dadis, il y en a dans tous les pays. Alors il ne faut pas tenter le diable…

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 24 septembre 2009 à 15:13, par yasida En réponse à : Crise ivoirienne : L’Union européenne est fatiguée

    De mars 2005, date de la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, à nos jours, on aurait pu franchement convoquer le corps électoral aux urnes.

    L’accord a eu lieu le 4 mars 2007 au lieu de 2005. Merci

  • Le 24 septembre 2009 à 21:29 En réponse à : Crise ivoirienne : L’Union européenne est fatiguée

    Mon petit esclave journaliste a fait une belle analyse de la situation. Cette crise profite à ceux-là mêmes qui devaient accélerer la machine électorale ! Attention donc à un retour en force des lutins lésés ! Ciao

  • Le 24 septembre 2009 à 22:51 En réponse à : Crise ivoirienne : L’Union européenne est fatiguée

    A mon avis Gbagbo est une figure de proue de la lutte contre le néo-colonialisme eb Afrique. La jeunesse africaine dans son ensemble doit le soutenir. Même des militaires tels Sankara, Cabral et autres y ont passé. Alors Gbagbo est un héros vivant de l’Afrique et merite notre soutient.

    Merci

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