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SINISTRES DE DAPOYA : Le calvaire silencieux des sans-logis

Publié le mercredi 23 septembre 2009 à 04h23min

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Le quartier Dapoya est en ruines suite aux inondations du 1er septembre 2009. De loin le plus touché au regard des dégâts énormes causés par le déluge, Dapoya ne ressemble plus qu’à une cité "fantôme" et les habitants, du moins ceux qui malgré tout sont restés sur les sites de leurs concessions, broient du noir. Réunies en un comité de crise, ces personnes sinistrées ont raconté leurs misères le jeudi 17 septembre 2009, au cours d’une assemblée générale.

Les habitants de Dapoya reviennent de loin suite aux inondations du 1er septembre 2009. Le constat est amer et même révoltant devant toutes ces maisons en ruines. Un spectacle désolant. Les sinistrés ont, face à la situation, tenu une AG le 17 septembre, pour traduire leurs préoccupations de l’heure auprès du gouvernement. Une minute de silence a été observée en mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie dans les eaux du déluge, avant le début de l’assemblée générale tenue dans la concession d’une âme généreuse. Ce fut un moment de grande émotion, chacun se rappelant un parent, un ami ou un voisin décédé parce que tentant de sauver des biens ou de traverser un canal dont il n’avait pas mesuré la profondeur. Les blessés, on en dénombre des dizaines, et la rencontre avait un point essentiel à son ordre du jour : lancer un appel auprès des autorités pour des secours d’urgence. "Depuis le 1er septembre nous sommes presque dans le dénuement total. Mais Dieu merci, nous avons su tisser nous-mêmes une chaîne de solidarité afin de venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin. La preuve, tous ceux qui n’ont pas à manger viennent ici tous les midis", raconte le secrétaire général du comité, l’adjudant-chef Iréné A. Yaguibou. A côté de lui, des femmes étaient au four et au moulin pour la cuisine.

Parcours du combattant

Si des sinistrés ont accepté de se rendre sur les sites d’hébergement, ce n’est pas le cas chez bon nombre d’habitants craignant des vols des objets et autres matériels qu’ils ont pu sauver des eaux. Des tôles étaient entassées sur les sites. "Aujourd’hui, nous dormons à plusieurs dans une maisonnette ou chez des amis. Notre préoccupation essentielle est de savoir si nous pouvons reconstruire nos maisons ou non. Serons-nous transférés sur d’autres sites et à quelles conditions ? Voyez, tous ceux qui ont refusé de se rendre sur les sites d’hébergement ne bénéficient pas des dons apportés aux sinistrés. Il n’y a que la mairie de Baskuy qui nous a apporté son soutien avec du riz, des vêtements. Des gens ont été blessés par des tôles et pointes et ne sont pas pris en charge", a indiqué le président du comité, Roger M. Tapsoba. Très âgée, la vieille Salimata Lengani montre alors sa blessure au pied pour avoir marché sur une pointe. Assise, au bord des larmes, elle aussi ne souhaite aucunement quitter sa bicoque, préférant, contre vents et marrées, dormir avec les siens, surtout que des jeunes, la nuit venue, prennent le thé dehors. L’évaluation fait état de 404 cours détruites et de 1700 sinistrés dans la seule zone de Dapoya.

Union de prières avec les religieux

Tous les regards sont aujourd’hui tournés vers les conseilleurs municipaux de Dapoya et le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, qui ne semblent pas, croit-on, se bousculer pour trouver des solutions durables au calvaire des sinistrés restés sur les sites de leurs habitations. Les aides reçues jusque-là et seulement de la mairie de Baskuy sont constituées, avons-nous appris, de dix sept sacs de riz, des vêtements et la somme de cinquante mille F CFA. Le vieux Zachari Zongo (68 ans) les juge très infimes au regard des besoins : "Je suis né ici. Aujourd’hui à mon âge, je suis un sans domicile fixe, un véritable SDF. On ne peut pas vivre éternellement chez un ami. Dites aux autorités que les sinistrés qui ont accepté aller sur les sites d’hébergement étaient pour bon nombre en location et ne sont pas les plus nombreux, parmi ceux qui sont dans le besoin. Je n’ai rien contre leur choix mais la réalité est là", explique-t-il, très ému et désemparé. Ne sachant pas à quel saint se vouer, ils sont nombreux les sinistrés qui ont dû se séparer de leurs épouses et enfants relogés chez des parents dans d’autres quartiers. Bientôt la rentrée des classes d’où des angoisses multiples. Le représentant du curé de Dapoya, Johanny Zaksong, et d’autres religieux sont membres du comité de sages. Prières et bénédictions sont faites quotidiennement afin que le Seigneur Tout-puissant veille sur ses enfants.

Par Philippe BAMA

Le Pays

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