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Activités de vacances à Ouagadougou : Des enfants entrepreneurs dans les rues

Publié le vendredi 18 septembre 2009 à 04h04min

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Tandis que les enfants issus de milieux nantis dorment ou s’offrent des parties de détente pendant les vacances, ceux de milieux modestes mettent à profit leurs vacances pour faire du petit commerce. Coup d’œil sur ces enfants qui s’initient à l’entreprenariat à leur manière avec tous les dangers que cela comporte.

Contrairement à leurs camarades qui partent en colonies de vacances, certains écoliers passent leurs vacances à Ouagadougou en s’adonnant au petit commerce d’objets divers. Ces vendeurs occasionnels arpentent les rues et avenues de la capitale pour proposer du lotus, des bonbons, des arachides et bien d’autres marchandises aux passants. Elèves pour la plupart, ils réalisent des économies grâce à ce commerce. Le petit Ousséini Kanazoé fait partie de ceux-là. Elève en classe de CE1, il est vendeur de dattes en face de la pédiatrie Charles-de-Gaulle.

Debout, aux feux tricolores, un carton d’articles en main, il semble fier de passer ses vacances en vendant des dattes. C’est une activité qui lui procure un petit revenu. A la rentrée, Oussséini compte abandonner ce commerce pour se consacrer à ses études et avoir de bonnes notes en classe. Ce commerce occasionnel n’occupe pas uniquement les garçons. Les filles aussi sont dans la danse. C’est le cas de Chantal Togognini et sa sœur. Âgées respectivement de dix et quatre ans, elles vendent des pommes sur l’avenue Babanguida. Portant de grosses assiettes sur leurs têtes, elles n’hésitent pas à traverser la rue à la conquête d’un éventuel client au risque de se faire écraser par un véhicule. Admise cette année au certificat d’études primaires, Chantal Togognini perçoit son commerce comme un passe- temps. A défaut de partir en colonies de vacances à l’intérieur ou à l’extérieur du pays comme certains de ses camarades, elle se rend utile à travers cette activité. "Mon commerce de vacances ne joue pas sur mes études dans la mesure où je n’ai jamais redoublé de classe", confie-t-elle.

Elle affirme avoir l’accord de ses parents à qui elle remet ses recettes journalières. De nombreux parents semblent tolérer que leurs progénitures s’adonnent à la vente d’objets divers pendant les vacances. Ils trouvent que c’est une bonne chose qui permet à l’enfant d’apprendre à se débrouiller . Amadou Bonkoungou, cultivateur et père de famille, partage ce point de vue. "Ce commerce est très formateur pour les enfants. Grâce à cette activité, ils apprennent beaucoup de la vie. Toute chose qu’on n’apprend pas forcement à l’école", poursuit-il. Dramane Koné, instituteur de son état va plus loin. Il explique que c’est une occupation profitable à l’enfant. "Ce commerce divertit l’enfant, tout en lui procurant un revenu monétaire", dit-il . M. Koné souligne que cela développe aussi les facultés mentales de l’enfant en calcul. Le commerce ambulant qu’exerce les écoliers constitue à la fois un gagne-pain et un soutien aux parents.

Côtoyer le risque...

Vendre aux abords des routes n’est pas sans risques. Même si le commerce ambulant initie les enfants à l’entreprenariat, il n’en demeure pas moins qu’il peut mettre leur vie en péril. Pour Ousséini Kanazoé, visiblement épuisé, la mine serrée, il est évident que c’est un travail dur. "Je marche beaucoup, de plus je m’expose aux rayons solaires ou à la pluie. Toutes choses qui peuvent me rendre malade", relève le jeune Kanazoé. En effet, les écoliers apprentis- commerçants sont obligés de parcourir de longues distances à la recherche de la clientèle, de se faufiler entre les véhicules. Une situation qui les expose aux risques d’accidents. Sans oublier que les usagers indélicats peuvent les agresser ou les intimider.

De plus, entre écoliers, la concurrence fait souvent rage. Au point que surviennent parfois des mésententes. En effet, chaque vendeur espère réaliser le maximum de profits. Et le commerce semble florissant quand les gains sont variables. "Je peux avoir 1 000 F par jour et quand ça marche bien, mon gain atteint 2 500 F CFA/jour", souligne Amadou Ouédraogo, vendeur de lotus et d’auto-collants. Il affirme mettre de côté son bénéfice, en vue de pouvoir payer des vêtements à la rentrée. Son travail commence à 6 h du matin et s’achève à 14 h . "C’est très fatigant parce que je marche beaucoup", avoue-t-il. Résidant à Tabtenga, un quartier à la périphérie Est de Ouagadougou, Amadou Ouédraogo doit emprunter chaque jour l’avenue Charles-de-Gaulle en passant par l’ex- présidence et l’avenue de l’Indépendance pour pouvoir rallier le centre-ville. De là, son itinéraire se poursuit à Sakaryaare. A la descente, il parcourt le même trajet pour son retour.

Ce que dit la loi

Selon la convention relative des droits de l’enfant, un enfant c’est tout être humain âgé de moins de 18 ans, sauf si la législation du pays en question accorde la majorité plus tôt. On parle de travail de l’enfant si une personne qui a moins de 18 ans est employé pour des activités de travail dans un emploi quelconque. Le code du travail de 2008 du Burkina Faso admet l’emploi de personnes âgées de 16 ans.
A moins de 16 ans, l’enfant peut être employé en tant que adolescent et sous des conditions spécifiques notamment le temps de repos, le type du travail (n’excédant pas sa force) et ayant les conditions plus favorables qu’un adulte. Au sens du code du travail, ces élèves ne sont pas des travailleurs. Un travailleur est toute personne qui a un contrat avec un autre que l’on appelle employeur et qui s’engage à mettre son activité professionnelle moyennant rémunération sous la subordination de l’employeur.

Cela signifie donc que le commerce qu’exercent les enfants n’est pas du travail forcé ni de l’exploitation. Ce sont plutôt des initiatives personnelles, un gagne-pain ou une aide aux parents, précise Mathias Sam, juriste au ministère de la Promotion des droits humains chargé de la question de l’enfant. Mieux, il estime que ces initiatives, au-delà de procurer de l’argent aux enfants, les initient à l’entreprenariat.
Du coup, les vacances signifient pour ces écoliers issus de milieux défavorisés, un apprentissage à faire face aux défis de la vie. Cependant, d’autres personnes ne partagent pas le même avis. Joseph Bakolo, professeur d’anglais au 1er cycle du lycée Newton se prononce. "La recherche du savoir et celle du gain ne font pas bon ménage. Les élèves qui connaissent la valeur et l’importance de l’argent ne peuvent plus étudier", dit-il. Joseph Bakolo invite les parents à inscrire les enfants pour les cours de vacances. Cela leur permet de se corriger et de s’amuser avec leurs camarades tout en préparant la rentrée scolaire sainement.
En attendant, chacun profite de ses vacances à sa manière. Les vacances étant à terme, on a repris ou on reprendra le chemin de l’école dans quelques jours.

Balguissa SAWADOGO (Stagiaire)

Siswaya

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Vos commentaires

  • Le 18 septembre 2009 à 07:33, par belekili En réponse à : Activités de vacances à Ouagadougou : Des enfants entrepreneurs dans les rues

    Courage a vous mes petits !! un jour ca va aller.
    Demain vous saurez ouvrir votre business sans trop de complication.

  • Le 18 septembre 2009 à 12:19, par laura En réponse à : Activités de vacances à Ouagadougou : Des enfants entrepreneurs dans les rues

    pertinent article et je tire mon chapeau à la stagiaire qui l’a rédigé. Il y’ a eu un travail d’investigation qui a enrichi le contenu. la thématique abordée me rappelle mon enfance. j’ai débuté le petit commerce depuis mon CE1 et cela, jusqu’à l’université. c’est pour donc dire au monsieur qui pense que le petit commerce est un frein à la poursuite des études, que je ne partage pas son point de vue. nonobstant,ce qu’il dit peut arriver, mais ce n’est pas une vérité mathématique. j’avoue que le petit commerce m’a beaucoup aidé et m’a permis jusqu’à présent de ne dépendre que de moi même, surtout pour ce qui est de mes petits besoins. Autre chose, je ne partage pas également sa thèse selon laquelle,il faut inscrire les enfants aux cours de vacances. je crois que les vacances sont faites pour se reposer et non pour chauffer les méninges des enfants. la plus part du temps, ces cours de vacances anticipent le programme de la nouvelle année scolaire. Là, les enfants se retrouvent à apprendre des choses qu’ils vont apprendre au cours de l’année. Ils sont donc en avance sur leurs camarades. cela peut causer un désintérêt de leur part. En effet,à la rentrée c’est serait comme s’ils n’apprenaient rien de nouveau. Les cours de vacances ne sont pas forcement la solution.

  • Le 18 septembre 2009 à 19:24, par franck dit aspirant Barde En réponse à : Activités de vacances à Ouagadougou : Des enfants entrepreneurs dans les rues

    Le Tite de cette œuvre ma vraiment beaucoup plus.Tout ces enfants qui envahisse chaque jour nos rues a la quête d’un mieux être sont vraiment des entrepreneurs comme vous le dite si bien. En deux questions répondes ils vous édifierons du pourquoi leurs forces et plaisir de faire ce qu’ils font.Ils sont tous si fière de leurs parents qu’ils ont le courage de les aider tous de suite (vacances,congés de Noel ou de Pâques), contribuant ainsi au bien être de leurs famille, et ce préparant a affronté la vie dure a chaque jour qu’ils grandissent. Merci a tous et courage pour chaque apport de pierre a l’édifice de notre cher Faso.

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